Protection du climat : ne mettez pas d’huile sur le feu !

Puit de pétrole sur fond de ciel nuageux © istockphoto.com Photomontage : don’t fuel the fire! 140+ NGOs call in the EU to denounce false solutions Ne mettez pas d’huile sur le feu ! Plus de 140 organisations demandent à l’UE de rejeter les fausses solutions (© RealZeroEurope)

5 févr. 2024

L’Union européenne s’est officiellement engagée à l’abandon progressif des combustibles fossiles lors de la COP28. Mais elle mise sur des fausses solutions telles que les technologies de capture et d’élimination du carbone. Sauvons la forêt et plus de 140 autres organisations demandent à l’UE de soutenir une véritable action pour la protection du climat.

Sauvons la forêt (Rettet den Regenwald e.V.) a signé l’appel "Ne mettez pas d’huile sur le feu !" (voir encadré ci-dessous) lancé par la coalition "Real Zero Europe" .

Pour notre association, il est crucial de parvenir à une protection cohérente et pérenne des forêts. Nous rejetons les fausses solutions, que nous estimons dangereuses, telles que les crédits carbone, les modèles de compensation et les monocultures d’arbres à grande échelle (qui sont en réalité des plantations d’espèces non locales). Nous mettons également en garde contre la destruction de l’environnement et les violations des droits humains associées à l’extraction de matières premières telles que le cobalt et le nickel, qui sont très demandées dans le cadre de la transition énergétique.


Ne mettez pas d’huile sur le feu !

Nous avons besoin de vraies solutions et de vraies réductions d’émissions, aujourd’hui, en 2040 et au-delà.

 

Nous - plus de 140 organisations - demandons à l’UE d’être un vrai leader en matière de climat en soutenant une véritable action climatique et en dénonçant les distractions dangereuses et les fausses solutions telles que les technologies de capture et d’élimination du carbone.

Lors de la COP28, l’Union européenne (l’UE) a soutenu les appels à l’élimination progressive des combustibles fossiles dans le monde. Mais il vient d’être révélé que les objectifs climatiques de l’UE pour 2040 reposent sur des distractions dangereuses, notamment le captage et le stockage du carbone et des technologies spéculatives d’élimination du carbone qui retarderont la transition vers l’abandon du pétrole, du gaz et du charbon. Les décideurs européens doivent mettre fin à l’hypocrisie entre l’appel à l’élimination progressive des combustibles fossiles au niveau international d’une part, et la promotion du contraire dans leurs politiques nationales d’autre part.

Pour éviter les pires effets du dérèglement climatique, nous devons immédiatement et équitablement transformer la façon dont nous produisons notre nourriture, dont nous nous comportons vis à vis des écosystèmes terrestres et dont nous alimentons nos économies. Nous devons déployer d’urgence des solutions fondées sur des données de qualité, socialement justes et dirigées par les populations elles-mêmes pour réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre, jusqu’à atteindre le vrai niveau zéro.

Avoir un objectif qui comprend non seulement des réductions d’émissions, mais qui s’appuie également de manière significative sur le captage et le stockage du carbone - dont l’échec est avéré depuis 50 ans - et sur les activités d’élimination du carbone, dissimule un manque d’ambition en ce qui concerne l’engagement dans des actions réelles pour une réduction importante des émissions aujourd’hui. Un objectif "net" est une fausse promesse selon laquelle des "solutions naturelles" et des technologies spéculatives pour "l’élimination du dioxyde de carbone" permettront un jour d’aspirer de grandes quantités de pollution carbone dans l’atmosphère. Or, le stockage temporaire du carbone dans les sols et les forêts et les approches technologiques s’accompagnent tous deux d’incertitudes, de risques et de limites considérables. Certaines de ces approches pourraient même, si elles étaient mises en œuvre à grande échelle, accélérer les crises du climat et de la biodiversité et mettre en péril les communautés rurales et les systèmes alimentaires résilients. La restauration des écosystèmes est essentielle pour leur fonction de puits de carbone et plus généralement, mais elle ne peut se substituer aux réductions d’émissions.

Le nouveau plan de la Commission européenne pour la "gestion industrielle du carbone" est un écran de fumée pour continuer d’utiliser des combustibles fossiles. Le plan prétend "gérer" les émissions de carbone associées aux combustibles fossiles grâce aux technologies de capture, d’utilisation et de stockage du carbone (Carbon Capture Use and Storage - CCUS). Ces technologies sont l’échappatoire préféré de l’industrie fossile pour justifier son inaction et ses retards. D’autres technologies de "gestion du carbone" promues, telles que le captage direct de l’air avec captage et stockage du carbone (Direct Air Capture with Carbon Capture and Storage - DACCS) et la bioénergie avec captage et stockage du carbone (Bioenergy with Carbon Capture and Storage - BECCS), n’ont pas fait leurs preuves et sont extrêmement coûteuses et destructrices si elles sont mises en œuvre à grande échelle. Les tentatives visant à augmenter massivement ces technologies risquent de retarder les réductions d’émissions nécessaires, notamment en détournant énergie et ressources.

Choisir une voie qui ne permet pas de réduire les émissions de manière adéquate à court terme tout en accordant de nouvelles subventions à l’industrie fossile est un pari extrêmement dangereux et un choix irresponsable et injuste. L’inclusion de ce que l’on appelle les absorptions basées sur la biomasse (telles que BECCS et le biochar) risque de créer un nouveau mécanisme de soutien à la combustion du bois à une échelle encore plus grande, entraînant une dégradation accrue des forêts et une perte d’habitats naturels tout en nuisant au climat.

Pour rester en deçà d’un réchauffement de 1,5 °C, il nous faut des réductions réelles, justes et immédiates. Les vraies solutions climatiques nécessitent de donner du pouvoir aux communautés locales et d’arrêter – plutôt que d’accélérer - l’accaparement de terres, de pouvoir et de profit.

Ce à quoi le vrai niveau zéro doit ressembler est clair : une élimination progressive, juste et équitablement gérée,des combustibles fossiles ; une réduction réelle de la consommation d’énergie par les ultra-riches et les pays industrialisés ; une transition vers des énergies renouvelables équitables, démocratiques et durables ; un soutien aux petits agriculteurs et une transition équitable des systèmes alimentaires et agricoles industriels vers l’agroécologie et la souveraineté alimentaire ; des pratiques forestières proches de la nature et une réduction de la demande excessive de bois et de produits agricoles ; la reconnaissance des droits fonciers des peuples autochtones et des petits agriculteurs ; et la réorientation des subventions publiques au détriment des combustibles fossiles et des systèmes agricoles et forestiers industriels nocifs afin de soutenir ces mesures.

Source : Don’t fuel the fire! (l’appel est disponible en plusieurs langues)


  1. "Real Zero Europe"

    Campagne Zéro Réel Europe Déclaration

    Extrait : « Pour parvenir au « Zéro réel » et rester en dessous du seuil de 1,5 °C de réchauffement, il faut rejeter toute proposition de la Commission européenne visant à certifier les mesures d’absorption du carbone via des marchés carbone qui sont déjà un échec. La seule stratégie efficace c’est d’arrêter immédiatement les émissions et de restaurer les écosystèmes. »

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