La mafia du bois blanchit son argent chez UBS

Un camion avec un chargement de troncs d'arbres coupés roule sur une route en terre au milieu de la forêt Camions transportant du bois coupé illégalement dans l'état de Sabah en Malaisie (© BMF)
49 032 signatures

En acceptant des fonds de provenance illégale, la banque suisse UBS permet à la mafia du bois de blanchir un argent acquis au prix de la destruction des forêts tropicales. Le cas de la famille du gouverneur de l'État de Sabah en Malaisie est édifiant. Quand UBS assumera-t'elle sa responsabilité contre le blanchiment d'argent ?

Mises à jour Appel

UBS Group, M. Sergio P. Ermotti, CEO

“”

Afficher la lettre de pétition

L'état de Sabah, dans la partie malaisienne de Bornéo, possède un vaste réseau de zones naturelles protégées. Ses forêts tropicales abritent des espèces rares comme l'éléphant pygmée, le rhinocéros de Sumatra et l'orang-outan. Mais la nature est en danger. Depuis 2003, Sabah est dirigé par le gouverneur Musa Aman dont le clan s'enrichit systématiquement de la déforestation à Bornéo.  

La très influente famille Aman

Comme l'a découvert la Commission anti-corruption malaisienne (MACC), le gouverneur Aman a encaissé des millions en pots-de-vin en délivrant à des entreprises forestières des concessions pour le défrichage des forêts tropicales. Déjà en 2007, la MACC avait établit l'implication d'Aman portant sur 5000 troncs coupés illégalement dans des zones protégées. Frère du ministre des affaires étrangères et ami proche du procureur général, Musa Aman ne fait l'objet d'aucune plainte, malgré les preuves accablantes. L'enquête de la MACC est constamment entravée, y compris par la banque UBS.  

70 millions d'euros blanchis chez UBS

Au total, plus de 70 millions d'euros de pots de vins provenant du commerce de bois illégal auraient été blanchis sur les comptes de la banque suisse UBS. Selon le quotidien suisse
« Handelszeitung », un proche d'Aman a fait pour 15 millions de dollars de dépôts dans la filiale d'UBS à Singapour. « UBS a enfreint dans cette affaire des normes internationalement reconnues contre le blanchiment d'argent » écrit le Bruno Manser Fonds. « Nous avons pour cette raison demandé à la brigade financière et à l'autorité de contrôle bancaire suisses d'ouvrir une enquête sur la banque ». 

Demandons aux dirigeants d'UBS de coopérer avec les autorités et de bannir de leur clientèle les membres corrompus de la mafia du bois tropical. 


Contexte

 

Musa Aman est depuis 2007 dans le viseur de la Commission anti-corruption malaisienne (MACC) pour corruption et blanchiment d'argent. Les documents bancaires découverts par celle-ci montrent le rôle central joué par Michael Chia dans cette affaire. Proche du gouverneur et de sa famille, M. Chia a joué le rôle de jonction entre l'attribution illégale de concessions forestières et les entrées d'argent sur les comptes bancaires du clan Aman. 

Richard Christopher Barnes, l'avocat de Musa Aman, est aussi suspecté. Interrogés en 2010, Chia et Barnes ont fait des aveux complets. Leurs déclarations ont permis à formuler, preuves à l'appui, 40 chefs d'accusation contre Aman. Malgré les efforts de la MACC, le procureur général Abdul Gani biin Patail bloque jusqu'à présent toute action en justice contre Musa Aman et sa famille dont il est un ami proche. 

Le Bruno Manser Fonds dépose une plainte contre UBS

Le compte bancaire de Musa Aman auprès d'UBS à Zurich est au coeur de l'enquête. Au total, plus de 70 millions d'euros de pots-de-vin provenant du commerce illégal de bois tropicaux ont été blanchis sur ce compte. Selon le BMF, d'autres comptes de l'UBS sont utilisés pour légaliser l'argent de la mafia du bois tropical. C'est pourquoi le BMF demande aux dirigeants d'UBS de bloquer les comptes de 46 autres personnes exposées politiquement en Malaisie.  

Des documents détenus par le BMF démasquent le réseau de blanchiment d’argent érigé à UBS par Michael Chia. Grâce à ce réseau, des fonds par millions provenant des groupes forestiers ont transité et été reversés à l'avocat de Musa Aman, à ses fils vivant en Australie et à un officier dirigeant des autorités forestières de Sabah. Le Bruno Manser Fonds a déposé en juin 2012 une plainte contre UBS SA pour blanchiment d’argent

Coupes rases dans les riches écosystèmes

En raison des concessions accordées par Musa Aman, au moins 15.000 hectares de forêts primaires, y compris à l'intérieur de réserves naturelles strictement protégées, ont été déboisées illégalement. Musa Aman a même autorisé par la suite la culture de palmiers à huile sur certaines des zones défrichées. Les forêts tropicales de Bornéo possèdent une très riche biodiversité et sont pour de nombreuses espèces le dernier habitat naturel connu. La déforestation à grande échelle dans ces écosystèmes sensibles causent un grave préjudice à la Nature. 

Le commerce illégal de bois tropical à Sabah n'est pas anecdotique mais fait partie d'un système. Régnant depuis 30 ans sur l'état voisin de Sarawak, le gouverneur Taib Mahmud est considéré comme le grand responsable de la destruction rapide des forêts tropicales. On retrouve aussi autour du clan de Taib Mahmud tout un réseau d'entreprises et de paradis fiscaux qui permet le blanchiment de l'argent des pots de vins du commerce illégal de bois. 


Informations supplémentaires

• Communiqué BMF Affaire UBS-bois tropical: le Bruno Manser Fonds dépose une plainte
• Interpellation au Parlement suisse  Avoirs illicites de politiciens malais en Suisse
• Article du Malaysian insider (Mailaisie) Sabah CM denies link to timber graft scandal
• Article du Sonntagszeitung (Suisse) UBS im Korruptions-Dschungel
• Article du Tagesanzeiger (Suisse) Strafanzeige gegen die UBS eingereicht
• Article du Sarawak Report (Malaisie) “Hold On Trust For Aman” – More Devastating Evidence From The ICAC Investigation!
• Article du Borneo Post (Malaisie) Biogas project gives positive image for oil palm industry, says Musa
• Rapport d'INTERPOL et de la Banque mondiale  CHAINSAW PROJECT An INTERPOL perspective on law enforcement in illegal logging

 

Destinataires de la pétition

Direction du groupe UBS

• M. Sergio P. Ermotti, Président UBS Group
• Kaspar Villiger, Président du Conseil d’administration
• Lukas Gähwiler, CEO UBS Suisse et co-CEO Wealth Management & Swiss Bank 
• Alexander Wilmot-Sitwell et Chi-Won Yoon, Coprésidents et co-CEOs UBS Group Asie Pacifique
• Jean-Frédéric de Leusse, Président d'UBS France
• Axel Hörger, CEO UBS Allemagne

En plus de signer notre pétition, vous pouvez écrire un message personnel à UBS

 

Lettre

UBS Group, M. Sergio P. Ermotti, CEO

Monsieur Ermotti,

Des documents de la Commission anti-corruption malaisienne (MACC) et du Bruno-Manser-Fonds (BMF) attestent de la gestion par la banque UBS de comptes de Musa bin Aman. Depuis plusieurs années la MACC enquête sur le gouverneur de l'État de Sabah pour commerce illégal de bois tropical, corruption et blanchiment d'argent. Les activités illégales de Musa bin Aman mettent en péril l'un des écosystèmes les plus riches de la planète.

Je suis indigné(e) de savoir que des politiciens corrompus ont très probablement blanchi des pots de vin de plus de 90 millions de dollars US sur des comptes de l'UBS à Hong Kong. Le gouverneur malaisien possédait aussi un compte auprès d'UBS à Zurich.

Les documents détenus par le BMF sur le cas Musa bin Aman montrent que le blanchiment d'argent de l'UBS n'a été possible que par l'infraction des obligations de diligence de la banque. C'est la raison pour laquelle une plainte a été déposée devant le ministère public zurichois contre UBS SA pour manque de mesures préventives contre le blanchiment d’argent.

Comme il est écrit sur sa page internet, votre société veut « participer à la lutte contre le blanchiment d'argent, la corruption et le financement du terrorisme ».

Dans cette optique, je vous prie de coopérer avec les autorités malaysiennes et suisses dans le cas Musa bin Aman. Je vous invite par ailleurs à geler les avoirs de Musa bin Aman, des membres de sa famille et des personnes liées à ses affaires. Je vous demande aussi de publier votre « Policy » interne en matière de relations avec les clients de la filière bois. L'UBS aurait dû remplir ses obligations de diligence et garder ses distances avec des politiciens à la corruption établie et autres destructeurs de l'environnement.

Je vous exhorte à prendre toutes les mesures nécessaires pour bannir les fonds provenants de l'exploitation forestière illégale. C'est à ce prix que l'UBS réhabilitera une image ternie par ses relations avec des destructeurs de forêt tropicale.

Je vous prie d'agréer, Monsieur Ermotti, l'expression de mes respectueuses salutations.

Le bois tropical en 5 minutes

Les produits en bois tropicaux ont longtemps été synonymes de pillage et d’exploitation abusive, et ce grâce au travail d’information de la part d’organisations écologistes. Pendant des années de boycott, les ventes étaient en chute libre. Mais entre-temps le secteur a su redorer son image grâce à des opérations marketing vantant un bois tropical issu d’ « exploitations forestières durables ».

Des certificats et labels soi-disant écologiques comme le FSC se retrouvent sur les  meubles de jardin, manches à balais ou planches à découper. Les consommateurs sont désorientés, beaucoup d’entreprises et de communes restent perplexes. Le bois tropical peut-il à nouveau être acheté en toute bonne conscience ? Sauvons la Forêt répond sans détour: NON ! Car la production durable de bois tropicaux n’est qu’une pure invention de l’industrie.

Déforestation pour les bois tropicaux

Le bois tropical est une matière première appréciée que l’on retrouve dans de nombreux commerces. Il pose pourtant plusieurs problèmes. Différentes études montrent que la grande majorité (jusqu’à 90% selon le pays d’origine) des bois tropicaux sont coupés illégalement, détruisant irrémédiablement les écosystèmes. Par ailleurs, le commerce de bois illégal n’est toujours pas interdit dans l’Union Européenne.

Chaque année 13 millions d’hectares de forêts pluviales sont défrichées de par le monde. Ces chiffres montrent que renoncer aux bois tropicaux est le seul moyen pour contrer le commerce de bois illégal. Il faut chercher des alternatives avec le bois local.

Plus d’informations

Mises à jour

Inscrivez-vous à notre newsletter

Suivez l’actualité de nos campagnes pour la protection de la forêt tropicale grâce à notre lettre d’information !