Terreur pour l'huile de palme au Honduras

Petite fille effrayée (au premier plan) par les paramilitaires armés (à l'arrière plan) Les familles paysannes sont les premières victimes de l'huile de palme (© hondurasdelegation/flickr)
55 975 signatures

Des assassinats par dizaines. Au Honduras, des bandes armées terrorisent une population protestant contre l'ex­pansion des plantations de palmiers à huile sur ses terres. Et les écologiquement très importantes zones hu­mides des côtes Caraïbes sont asséchées pour les monocultures. Qu'attendent donc les autorités pour intervenir ?

Appel

M. Porfirio Lobo Sosa, Président de la République du Honduras

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Le boom mondial de l'huile de palme a des conséquences fatales au Honduras. Ses exportations, boostées par la demande et le prix élevé du marché, ont connu une augmentation fulgurante. L'année dernière, le Honduras a exporté 200.000 tonnes d'huile de palme, en premier lieu vers le Mexique.

De plus en plus de plantations d'huile de palme s'étendent au détriment de la nature et de l'agriculture paysanne. Le département de Colón, au nord-est du pays, est le théâtre de l'assèchement des écologiquement très importantes zones humides des côtes Caraïbes et d'une grande partie de la vallée de l'Aguán. Les habitats naturels à la riche biodiversité doivent céder la place aux monocultures de palmiers à huile. 

Solidarité avec les populations terrorisées

Bien que le Honduras possède l'un des taux (3%) de déforestation les plus élevés au monde, l'industrie prévoit le doublement des surfaces actuelles (135.000 ha) de plantations. Le pays perd chaque année entre 80.000 et 120.000 hectares de forêts tropicales à cause des défrichements illégaux et de l'expansion des terres agricoles. 

Dès que la population se soulève contre l'accaparement de ses terres, l'industrie de l'huile de palme envoie des milices armées pour la faire taire. La situation actuelle est critique pour la minorité afro-hondurienne Garifuna et pour les habitants du Bas Aguán. Pour ces derniers, le conflit a déjà coûté la vie à 60 personnes au cours des deux dernières années. Nombre des victimes avaient manifestées pacifiquement y compris au milieu des plantations. 

Face aux manquements des autorités honduriennes pour élucider ces meurtres, faire respecter leurs droits fonciers et les protéger des groupes armés, habitants de l'Aguán et Garifunas en appellent à l'aide internationale. Aidons-les à se faire entendre !


Contexte


Retour sur un long et sanglant conflit

• Reconnaissance des droits fonciers des paysans par la justice hondurienne  Restitution des terres aux paysans du Bajo Aguán
• Pétition terminée de Sauvons la forêt contre l'aide au financement de l'industrie meurtrière de l'huile de palme   Pour l'huile de palme, la Banque mondiale prête, les producteurs assassinent


Liens supplémentaires

• Article de Reporters sans frontières  Honduras - Nouvelles menaces contre les défenseurs des droits de l'Homme
• Article du Grand Soir  Du fond du Honduras oublié des médias, le cri des femmes de l’Aguán
• Article de l'association aGter  Honduras : les conflits agraires s'aggravent dans la région de l'Aguán
• Déclaration de l'association France Amérique Latine  FAL dénonce les violentes répressions du 21 août au Honduras et au Paraguay
• Dépêche de l'AFP  Honduras: le conflit pour la terre s'aiguise, sur le terrain et au tribunal
• Article concernant la déforestation au Honduras  Honduras pierde anualmente el 3% de sus bosques por la tala ilegal e incendios
• Article du site Focus on the global South International Organisations condemn repression and criminalisation of peasant organisations of the Bajo Aguán, Honduras

 

Destinataires de la pétition

• M. Porfirio Lobo Sosa, Président de la République du Honduras 
• Mme Ana Pineda, Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme
• M. Luis GREEN, Ministre du Développement des Peuples Indigènes et Afro-Honduriens

En plus de signer notre pétition, vous pouvez faire parvenir vous même une lettre ou un courriel aux autorités honduriennes :
Ambassade du Honduras en France
Adresse : 8, rue Crevaux, 75116 Paris
Tél : 01.47.55.86.45
Fax : 01.47.55.86.48/91.48
Courriel : ambassade@honduras.9pass.net

 

Lettre

M. Porfirio Lobo Sosa, Président de la République du Honduras

Monsieur le Président,

Je suis consterné(e) par les violences que subissent actuellement au Honduras les indigènes Garifunas et autres paysans du Bas Aguán à cause des graves conflits fonciers liés notamment à l'huile de palme.

Le département de Colón connait une recrudescence de la terreur faite aux populations qui se soulèvent contre l'accaparement de leurs terres pour l'expansion des plantations de palmiers à huile :

*** Vallecito, Limón ***

À motos ou dans leurs véhicules tout-terrain, des paramilitaires armés comme pour faire la guerre assiègent la communauté afro-hondurienne de Vallecito. Un massacre imminent est à craindre contre les Garifunas qui s'opposent pacifiquement contre l'expulsion de leurs terres ancestrales et dont ils sont les propriétaires légaux.

Ces derniers jours, les autorités du Honduras ont été informés à différents niveaux de l'état de siège et des menaces pesant sur les représentants de la communauté Garifuna. Ceux-ci attendent sur le lieu du conflit le mesurage de leurs terres promis par M. César Ham, ministre directeur de l'Institut national d'agriculture (INA). Cet engagement n'a pas toujours pas été tenu à ce jour.

*** Bas Aguán ***

Depuis 2009, 53 membres d'organisations paysannes ainsi qu'un journaliste et sa famille ont été tués dans le cadre du conflit foncier.

Je vous exhorte à :

- protéger les Garifunas à Vallecito et les paysans dans le Bas Aguán,
- empêcher le massacre imminent en faisant désarmer les groupes paramilitaires et autres casseurs qui cherchent à intimider les paysans,
- faire cesser les répressions, agressions et violences faites aux communautés paysannes et aux indigènes,
- faire enquêter et condamner à la hauteur de la gravité des faits et sans attendre tous les crimes et violations des droits de l'homme ayant été commis dans la région du Bas Aguán,
- réprouver officiellement les auteurs de ces violences et leurs commanditaires,
- garantir la mise en oeuvre des décisions de justice relatives à la reconnaissance des droits fonciers des agriculteurs
- faire cesser l'expansion des plantations de palmiers à huile,

Par votre immobilisme, vous laissez la violence, la répression et la criminalisation des agriculteurs l'emporter sur les droits de vos concitoyens. Or la résolution globale et à long terme de ces conflits fonciers, bien qu'urgente, ne pourra avoir lieu que de manière pacifique et dans le respect des droits de l'homme.

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de mon profond respect.

L'huile de palme en 5 minutes

Situation actuelle : la forêt tropicale dans les véhicules et les assiettes

Avec 66 millions de tonnes par an, l’huile de palme est l’huile végétale la plus produite de la planète. Un prix particulièrement bas sur le marché mondial et des propriétés convenant particulièrement au processus de transformation industrielle des aliments ont fait que l’huile de palme est présente aujourd’hui dans un produit sur deux dans les supermarchés : pizzas surgelées, biscuits, margarine, crème pour le corps, savon, maquillage, bougies, lessive…

Ce que presque personne ne sait : près de la moitié des importations d’huile de palme dans l’union européenne est consommée sous la forme de biocarburants. La loi de 2009 sur l’incorporation obligatoire d’agrocarburants dans l’essence et le diesel est ainsi une cause majeure de déforestation tropicale.

À ce jour, les plantations d’huile de palme s’étendent sur 27 millions d’hectares à travers le monde, soit un territoire grand comme la Nouvelle-Zélande d’où ont été chassés habitants et animaux pour faire place à un « désert vert ».

Les conséquences : la mort dans le sachet de soupe en poudre

Les palmiers à huile trouvent des conditions optimales de croissance dans les chaudes et humides régions tropicales près de l’Équateur. En Asie du Sud-Est, en Amérique du Sud et en Afrique, d’immenses zones
de forêts tropicales sont défrichées et brûlées, jour après jour, pour faire de la place aux plantations. Ce faisant, de grandes quantités de gaz à effet de serre sont émises dans l’atmosphère. L’Indonésie, premier producteur d’huile de palme de la planète, a ainsi émis plus de gaz à effet de serre que les États-Unis d’Amérique au cours de l’année 2015. Les émissions de CO2 et de méthane rendent les biocarburants à base d’huile de palme trois fois plus nocif pour le climat que les carburants à base de pétrole.

Mais le climat n’est pas le seul touché : avec les arbres disparaissent des espèces rares comme l’orang-outan, l’éléphant pygmée de Bornéo ou le tigre de Sumatra. Paysans et populations autochtones, qui depuis des générations vivent dans la forêt et la préservent, sont souvent brutalement expulsés de leur terres. A ce jour, 700 conflits fonciers en rapport avec l’industrie de l’huile de palme ont été recensés en Indonésie. Et les plantations gérées de « manière durable » ou « bio » ne sont pas exemptes de violations des droits humains de la population.

Nous, consommateurs, en entendons peu parler. Pourtant, notre absorption quotidienne d’huile de palme est nocive pour notre propre santé : l’ huile de palme industrielle raffinée est riche en contaminant génotoxiques et cancérigènes comme l’a alerté l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) au cours de l’été 2016.

La solution : changer radicalement nos modes d’alimentation et de déplacement

Il ne reste plus que 70 000 orangs-outans dans les forêts d’Asie du Sud-Est. La politique européenne de soutien aux biocarburants pousse les grands singes toujours plus au bord de l’extinction : chaque nouvelle plantation de palmier à huile détruit une partie de son habitat naturel. Nous devons faire pression sur les politiques pour aider nos plus proches parents. Mais il existe des pratiques quotidiennes pouvant déjà apporter beaucoup.

Ces conseils simples vous aideront à savoir où l’huile de palme se cache et comment l’éviter :

  1. cuisiner soi-même : biscuits poire - amande - noix de coco ? Pizza pomme de terre romarin ? Transformer soi-même des aliments frais permet d’éviter tous les plats préparés contenant de l’huile de palme de l’industrie agroalimentaire. Les huiles végétales européenne telles que l’huile d’olive, de tournesol ou de colza s’adaptent à quasiment toutes les recettes.
  2. lire les étiquettes : la présence d’huile de palme doit être indiquée sur les emballages alimentaires depuis décembre 2014. Mais pas pour les cosmétiques mais et les produits ménagers où elle se cache sous la forme de termes techniques. Il est très facile de trouver des alternatives sans huile de palme sur internet.
  3. le client est roi : « Quels produits sans huile de palme proposez-vous ? Pourquoi n’utilisez pas des huiles locales ? » Poser de telles questions aux fabricants peut leur faire craindre pour la réputation de leurs produits. La pression publique et la prise de conscience accrue du problème a déjà incité plusieurs producteurs à renoncer à huile de palme.
  4. Signer des pétitions et interpeler les politiques : les pétitions en ligne permettent de faire pression sur les politiques responsables des importations d’huile de palme. Avez-vous déjà signé toutes les pétitions de Sauvons la forêt ?
  5. Se faire entendre : les manifestations et autres actions collectives permettent d’atteindre le public et les médias. Ainsi s’accroît la pression sur les décideurs politiques.
  6. Renoncer à la voiture : il est très facile de réaliser la plupart de nos trajets à pied, à vélo ou avec les transports en commun.
  7. Savoir et faire savoir : les milieux économiques et politiques veulent nous faire croire que les biocarburants sont bons pour le climat ou qu’il est possible de produire de l’huile de palme de manière durable. Sauvonslaforet.org informe sur les conséquences de la culture industrielle de l’huile de palme.

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