Équateur: les indiens isolés ont besoin de protection

Photomontage : indien isolé et carte dessinés à la main avec pour fond la forêt tropicale Les derniers indiens isolés vivant dans la forêt tropicale sont en danger (© Bejat McCracken - Montage : RdR)
70 503 signatures

Le Parc Yasuní en Équateur n'est pas seulement un trésor naturel unique, il est aussi le foyer d'indiens isolés. La forêt tropicale où ils vivent est protégée légalement pour tenir à l'écart bûcherons et autres prospecteurs de pétrole. Mais la mise en oeuvre de cette loi est défaillante. Interpelons le gouvernement équatorien !

Appel

Président, Ministre de la Justice, Ministre des Ressources naturelles non renouvelables et Procureur général de la République de l’Équateur

“Pour la mise en oeuvre et le suivi dans la pratique des lois de protection des Indiens vivant volontairement isolés”

Afficher la lettre de pétition

La forêt amazonienne de l'Équateur est le théâtre de scènes rappelant les siècles passés : des indiens isolés armés de lances apparaissent furtivement pour défendre leur territoire ancestral contre les bûcherons, prospecteurs pétroliers et missionnaires avant de disparaitre dans la jungle.

Sauf que le conflit est actuel. Comme si le moindre contact avec le monde extérieur détruirait leur culture ancestrale, les tribus Tagaeri et Taromenane continuent de vivre de façon autonome dans l'isolation des forêts tropicales.

Pour préserver les droits de ces peuples isolés, le gouvernement équatorien a décidé en 1999 de rendre leur territoire légalement inaccessible en déclarant "zone intouchable" la partie sud du Parc national Yasuní.

Cependant les lois de protection sont de plus en plus souvent bafouées, et ce malgré les lances envoyées en signe d'avertissement par les indiens isolés. Bûcherons et prospecteurs d'or ou de pétrole semblent prêts à toutes les manigances et violences pour accéder sans entraves aux ressources naturelles de la forêt tropicale où vivent les tribus Tagaeri et Taromenane.

Les deux derniers assassinats connus dans cette zone ont eu lieu dans le bloc pétrolier n°16, propriété de la société Repsol. Jusqu'ici spectateur passif, le gouvernement équatorien a envenimé le conflit en décidant l‘expansion massive de l'exploitation pétrolière dans la forêt tropicale. Le pays a fait un appel d'offres aux sociétés transnationales pour l'acquisition de 21 concessions pétrolières, sur une zone totale de 3 millions d'hectares, au cœur des territoires indiens.

Des anthropologues et défenseurs des droits humains ont adressé au gouvernement équatorien un plan de 16 recommandations à mettre en oeuvre pour assurer la survie des indiens isolés. Soutenons leur initiative !


Contexte

 

Au cours de l'année 1999, le gouvernement équatorien a déclaré "zone intouchable" la partie sud du Parc national Yasuni, prohibant toute présence extérieure. Cependant, personne ne peut certifier avec certitude que la réserve de 758.051 hectares dont le tracé a été réalisé ex nihilo sur une planche à dessin depuis la capitale Quito soit suffisante à la survie des indiens, leur poser la question étant impossible.

Selon la Commission interaméricaine des droits de l'homme, c'est à l'État équatorien de protéger l'existence, le mode de vie et les droits des indiens isolés. Bien que le Bureau du procureur général ait enquêté sur les meurtres, le ministère de la justice, des droits de l’homme et du culte, compétent en la matière, ne considère ces évènements que comme de simple «rumeurs».

Le réseau des anthropologues de l'Equateur fait un appel à signatures pour appuyer 16 recommandations qu'il a formulé à l'attention du gouvernement équatorien. La lettre de pétition mise en ligne sur notre site contient une version résumée de ces recommandations. La version intégrale est disponible en lien (voir plus bas). La communauté scientifique craint une recrudescence des meurtres si l'État ne décide pas de jouer efficacement son rôle. Ils remettrons eux-mêmes au gouvernement les signatures que nous aurons collecté. Les habitants des forêts tropicales ont grandement besoin de notre solidarité.

 

Informations supplémentaires

• Site internet de Geoyasuni  La geografia imposible de la Zona Intangible Tagaeri Taromenane
• Film documentaire de 60 minutes sur les meurtres d'indiens  Taromenani, el exterminio de los pueblos ocultos
• Étude (format .pdf)  Zona Intangible Tagaeri Taromenane (ZITT): Una, ninguna, cien mil?
16 recommandations adressées par les anthropologues au gouvernenent de l'Équateur
• Article du Time  Rain Forest Tribesmen Just Want to Be 
Left Alone
• Pétition de Sauvons la forêt  Le pétrole est la mort de la forêt amazonienne !

 

Destinataires de la pétition 

En plus de signer la pétition, il vous est possible de contacter directement ses destinataires :
M. Rafaël Correa Delgado, Président de la République de l’Equateur
Mme Johana Pesantez Benitez, Ministre de la Justice, des Droits de l’Homme et du Culte de la République de l’Equateur
M. Galo Chiriboga, Procureur général de la nation
M. Pedro Merizalde Pavón, Ministre des Ressources naturelles non renouvelables de la République de l’Equateur
 
Ambassade de la République de l’Equateur en France
34, avenue de Messine
75008 Paris
Tél : 01 45 61 10 21
Fax : 01 42 56 06 64
Email : eecuparis@mmrree.gov.ec

 

Lettre

Président, Ministre de la Justice, Ministre des Ressources naturelles non renouvelables et Procureur général de la République de l’Équateur

Madame, Monsieur,

Je souhaite par cette lettre affirmer mon soutien aux 16 recommandations adressées par des anthropologues au gouvernement équatorien et destinées à protéger l'existence des indiens isolés du pays.

Ci-suit le résumé des 16 recommandations des anthropologues. Vous pouvez lire le document original intégral en langue espagnole sur le lien suivant : https://www.salvalaselva.org/mailalert/918/selva-para-los-pueblos-aislados-del-ecuador/letter

1. Ouverture par le procureur général de la nation d'une enquête sur les meurtres récents, collecte de données, preuves matérielles et témoignages visuels. Lancement d'une investigation de large envergure sur les meurtres ayant été commis en 2003, 2004, 2006, 2007, 2008, 2009 et 2013.

2. Prise en compte des normes juridiques pluralistes consacrées dans la Constitution (article 171) dans le verdict et les mesures de réparation, notamment pour les meurtres récents ayant eu lieu dans la concession pétrolière n ° 16. Préconisation d'une commission d'étude d'experts pour faire la lumière sur les origines et les motivations socioculturelles internes et externes. Établissement de la responsabilité du Ministère de la Justice dans le cadre de la prévention des conflits.

3. Développement des normes juridiques et des institutions afin de mettre en œuvre et de garantir les droits des peuples isolés dans la Constitution de 2008.

4. Révision des mesures de précaution et des plans du gouvernement introduits entre 2008 et 2013 au regard de leur efficacité pour protéger la vie et les droits des peuples isolés (Tagaeri, Taromenane et autres groupes).

5. Vérification de l'application des directives du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (UNHCHR) pour la protection des populations isolées

6. Mise en place d'une politique pour les peuples isolés en Équateur. Coordination de mesures binationales et régionales avec les gouvernements du Pérou et des états limitrophes dans le but de protéger les peuples isolés de l'Amazonie et du Chaco.

7. Garantie des droits fonciers et des revendications territoriales nécessaires à la survie des tribus indigènes ; extension des zones déjà reconnues précédemment.

8. Concertation entre les différents ministères (ressources non renouvelables, justice, santé et autres) pour assurer la surveillance et la prévention des conflits.

9. Reconsidération de l'exploitation pétrolière et de la construction de routes dans la région Yasuní compte tenu de la grande vulnérabilité des populations isolées et du peuple Waorani.

10. Contrôle efficace de l'exploitation forestière, de la colonisation, du tourisme et des autres activités légales et illégales à l'intérieur des territoires indigènes.

11. Surveillance, limitation ou suppression de l'exploitation de puits de pétrole à l'intérieur des territoires indigènes, en particulier dans les zones où la présence de peuples isolés a été documentée comme dans les concessions pétrolières Armadillo et Nenke Apaika (bloc 31), Yampuna (bloc 14) et Iro (bloc 16), afin de protéger la vie, la migration et l'utilisation des terres traditionnelles des peuples autochtones.

12. Mise en place d'un moratoire sur toute nouvelle nouvelle concession pétrolière dans la région Yasuní.

13. Arrêt du survol des territoires des peuples isolés par des hélicoptères ou tout autre objet volant, ainsi que du parachutage de nourriture et de matériel.

14. Organisation par le gouvernement équatorien d'une table ronde autour de laquelle seront réunis tous les protagonistes, à savoir : organisations autochtones telles que CONAIE, CONFENIAE, Nawe AMWAE et ONWO, groupes de défense des droits de l'homme, missions religieuses, organisations de protection de l'environnement, représentants de la communauté scientifique, institutions gouvernementales telles que le Ministère des ressources non renouvelables, Ministère de l'Environnement, SENPLADES, Secrétariat des peuples et des mouvements sociaux, Ministère de la Justice, Procureur Général de la nation, Ministère de la Santé, ombudsmann.

15. Prévention de toute tentative de contact avec les groupes isolés Tagaeri et Taromenane que ce soit par le gouvernement, les organisations ou par toute personne d'intérêt privé ou religieux. Respect du droit des peuples à l'autodétermination.

16. Prise de conscience par le gouvernement équatorien qui, en tant que premier responsable de la protection des vies des populations isolées, est le garant de l'existence, du futur et de l'autodétermination des indiens isolés. Chaque manquement à ce devoir peut être considéré comme ethnocide.

Les lois de protection seules sont à mes yeux insuffisantes, leur mise en œuvre et leur suivi dans la pratique étant indispensable. Je souhaite aux tribus Tagaeri et Taromenane de pouvoir vivre dans l'isolement qu'elles ont choisi. Je vous demande en conséquence de prendre les dispositions nécessaires vis-à-vis des envahisseurs et de leurs commanditaires, pour les empêcher d'entrer en contact avec les indiens isolés.

Je vous prie de croire, Madame, Monsieur, en l'assurance de ma considération et de ma vigilance citoyenne.

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