La forêt des hommes-fleurs de nouveau menacée

Deux indigènes du peuple Mentawaï dans leur forêt sur l’île de Siberut en Indonésie En harmonie avec la nature : les indigènes / Mentawaï (sur l’île) de Siberut (© Istockphoto)
250 888 signatures

L’entreprise de biomasse Andalan Energi veut déboiser l’île de Siberut pour ses plantations industrielles. Sa nouvelle demande de permis pourrait très bientôt être acceptée. Avec la forêt, c’est la culture exceptionnelle du peuple Mentawaï qui est menacée. Aidons les hommes-fleurs à préserver leur merveilleuse forêt en Indonésie !

Mises à jour Appel

Au Ministère des forêt et au Bureau de Coordination de l'Investissement d’Indonésie

“Non à la destruction des forêts et de la culture des Mentawai pour de d’électricité ! Merci de restituer leur forêt aux hommes fleurs.”

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Un pot en bambou accroché à la taille, Aman grimpe au sommet d’un arbre à la recherche de miel. Le bourdonnement des abeilles, le chant des shamas, le craquement des branches le remplissent de joie. « La forêt est l’héritage de nos ancêtres » explique l’habitant de Siberut, île indonésienne située en face de la côte ouest de Sumatra.

Comme les autres membres du peuple Mentawai, connus du grand public sous le nom d’hommes-fleurs, Aman vit en harmonie avec la nature.

« Nous nous défendons depuis des années contre les entreprises forestières et d’huile de palme » exulte-t-il plein de défi. « Et continuerons de tout faire pour préserver notre forêt. »

Depuis 2015, la société PT Biomas Andalan Energi veut déboiser 20.000 hectares de la forêt primaire des hommes-fleurs pour établir des monocultures d’arbres destinés à être brûlés dans une usine pour produire de l’électricité.

Les habitants avaient alors lancé un appel : « Notre forêt sera détruite sans le moindre scrupule pour ces plantations. Nous devons nous défendre ensemble ! ». Le chef du district Yudas Sabaggalet avait envoyé un courrier à Biomas Andalan Energi et au ministère des forêts afin d’obtenir un réexamen du permis accordé à l’entreprise. Sans réponse positive à ce moment-là.

Puis vinrent les protestations du monde entier dont celles de Sauvons la forêt et les 160 000 signatures de sa pétition. Avec succès : le Bureau de l’Investissement (BKPM) avait rejeté le projet en 2016, notamment à cause de l’absence d’étude d’impact environnemental.

L’entreprise a depuis fait une nouvelle demande de permis. Et cette fois-ci, son étude d’impact environnemental a été validée par le BKPM. L’office de protection de l’environnement doit se prononcer ce 13 septembre 2017.

Aidons les hommes-fleurs à préserver leur merveilleuse forêt

 

Contexte

Les forêts et habitants de Siberut en danger

Les indigènes du peuple Mentawai habitent et protègent la forêt depuis des centaines voire des milliers d’années. Dans les années 70, toutes les forêts d’Indonésie ont été nationalisées. Nombre d’entre elles sont tombées aux mains des groupes forestiers, papetiers et d’huile de palme.

Des entreprises forestières ont commencé à envahir Siberut au cours de la décennie suivante. La population locale s’est battue vaillamment contre la destruction de ses forêts, jusqu’ici avec succès.

Les temps semblent avoir changé, au moins sur le papier. Grâce au décret 2382 / Menhut-VI / BRPUK / 2015, la forêt est de nouveau la propriété des hommes-fleurs. Ces derniers peuvent depuis faire valoir leurs droits sur la forêt de leur communauté. Enfin théoriquement. Car l’administration et l’industrie feignent d’ignorer ces droits…

PT Biomas Andalan Energi

PT Biomas Andalan Energi, nouvelle société du groupe forestier Kayubaka, souhaite établir une monoculture d’arbres géante destinée à produire de l’électricité grâce à la biomasse. L’entreprise a fait une demande de permis portant sur 20.110 hectares à l’intérieur d’une ancienne concession forestière dans les départements nord et centre de Siberut. Il vise une forêt en grande partie préservée et intacte grâce aux coupes sélectives d’arbres effectuées par le passé.

Sur place, la population, ses doyens, maires et représentants politiques locaux essaient d’empêcher l’attribution du dernier document d’autorisation d’ouverture des travaux. Le chef de district ne cesse de réclamer un réexamen du permis aux administrations.

Puis vinrent les protestations internationales en 2016, dont celles de Sauvons la forêt qui a remis à l’époque plus 160.000 signatures à l’administration indonésienne. Avec succès puisque le Bureau de l’Investissement (BKPM) a finalement rejeté le projet à cause de l’absence d’étude d’impact environnemental du projet. L’entreprise a depuis fait une nouvelle demande de permis accompagnée d’une étude d’impact environnemental (UVP). Cette UVP doit être discutée le mercredi 13 septembre 2017 à l’office de protection de l’environnement.

Arsenius Sirirui de la tribu des Siriui fustige le fait que les autochtones n’aient pas été conviés à cette réunion : « La forêt des indigènes doit être respectée et protégée. » Pour rappel, la forêt est leur propriété selon le conseil constitutionnel…


Informations supplémentaires


Destinataires de la pétition

En plus de signer la pétition, il vous est possible de contacter directement ses destinataires :

  • Mme Siti Nurbaya Bakar, Ministre des forêts et de l’environnement de la République d’Indonésie
  • M. Franky Sibarani, Directeur du Bureau indonésien de Coordination de l’Investissement (BKPM)

Ambassade de la République d’Indonésie
47/49, rue Cortambert
75116 Paris
Tél : +33 1 45 03 07 60
Fax : +33 1 45 04 50 32
Courriel : komparis@amb-indonesie.fr

Il vous est aussi possible d’écrire directement à la ministre des forêts sur les réseaux sociaux :
Twitter: https://twitter.com/sitinurbayalhk

Lettre

Au Ministère des forêt et au Bureau de Coordination de l'Investissement d’Indonésie

Madame la Ministre,
Monsieur Sibarani,

L’île de Siberut est connue pour sa nature merveilleuse et pour sa culture exceptionnelle.

Vous avez octroyé à l’entreprise PT Andalan Biomas Energi un permis de 20.110 hectares sur l’île de Siberut pour la mise en place de plantations d’arbres destinés à la production d’énergie. Et ce, sans le consentement de la population.

La mise en place de monocultures industrielles mettrait en danger les forêts vierges et les habitants de l’île. En plus de menacer la biodiversité, les forêts tropicales et le climat mondial, celles-ci apporteraient des risques supplémentaires aux conséquences directes sur la vie de la population : inondations, assèchement des cours d’eau et, non le moins important, appauvrissement et marginalisation des habitants.

Madame la ministre, vous avez montré votre détermination à mettre fin à la déforestation. Ne laissez pas les forêts de la périphérie être maintenant rasées. Ne sacrifiez pas Siberut pour la production de biomasse.

Merci de ne pas octroyer de permis pour la biomasse ou tout autre type de plantations.

Nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, Monsieur Sibarani, l’expression de notre haute considération.

La forêt tropicale en 5 minutes

La forêt tropicale est l’habitat naturel ayant la plus grande biodiversité au monde. Mais elle est gravement menacée. Chaque année elle perd environ 150.000 kilomètres carrés, soit plus de 40 terrains de football par minute ! 
Les arbres géants sont abattus pour l’industrie du bois et des meubles, ou pour faire place à des plantations immenses de palmiers à huile, de canne à sucre et de soja. Le poumon vert de la Terre disparait aussi à cause des mones d’or et de cuivre, de l’extraction de pétrole et des barrages électriques. Les conséquences sont dévastatrices :

•   Environ la moitié des espèces animales et végétales vivent dans les forêts tropicales. Orang-outans, tigres et toucans ont besoin de la forêt pour survivre. A cause de la déforestation, 150 espèces disparaissent chaque jour. 
•   60 millions d’autochtones vivent dans et de la forêt pluviale. Ils utilisent ses ressources sans la détruire. Mais ils sont de plus en plus souvent expulsés et menacés. 
•   Les forêts pluviales sont essentielles pour la stabilité du climat et la conservation des sols. Leur destruction aboutit à encore plus d’émissions de CO2 dans l’atmosphère, d’inondations et de glissements de terrains.

Telle est la réalité. Nous ne pourrons préserver les dernières forêts tropicales qu’avec votre aide !

Plus d’informations

Mises à jour

Août 2023 : clôture de la pétition

Dates clés :

2021 : 15 communautés indigènes sont désormais officiellement reconnues. Fort de ce statut, elles possèdent le droit et l'obligation de posséder des terres et des forêts, ainsi qu'une protection juridique : https://www.ekuatorial.com/2021/10/orang-mentawai-yang-bertahan-dari-eksploitasi-wilayah-adatnya/ 

2020 : le chef de district s'efforce d'obtenir la reconnaissance officielle des communautés autochtones et met en place le cadre administratif nécessaire. Le fruit de cette démarche est un décret indigène (PPUMA). Notre organisation partenaire YCMM se charge de la cartographie du territoire et des expertises nécessaires.

2019 : Les organisations YCMM, WALHI West-Sumatra et Qbar portent plainte contre le directeur de la société PT Biomass Andalan Energi pour des propos publiés sur le site web de l'entreprise qu'elles estiment diffamatoires : https://www.mentawaikita.com/baca/3361/walhi-sumbar-ycmm-dan-qbar-somasi-pt-biomass-andalan-energi 

Décembre 2018 : le ministère des Forêts accorde à l'entreprise PT Biomass Andalan Energi l'autorisation finale pour la plantation de bois sur 19 876,59 hectares : https://earthjournalism.net/stories/the-determined-fight-against-timber-estates-in-mentawai-islands 

Octobre 2017 : les autochtones de 52 communautés remettent leurs lettres de protestation et la pétition de plus de 200 000 signatures au ministère des Forêts à Jakarta.

Septembre 2017 : l'administration du district des îles Mentawai rejette par écrit la demande de permis pour la plantation de bois de PT Biomass Andalan Energi. La décision finale revient alors au ministère des forêts à Jakarta.

Septembre 2017 : YCMM remet la pétition à la Commission d'évaluation de l'impact environnemental et au ministère des Forêts. Manifestation d'étudiants et d'indigènes.

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