Stoppons le lobby de l’huile de palme en Espagne

Photomontage : une pompe à essence aux couleurs de l’espagne avant en arrière plan une forêt tropicale venant d’être incendiée pour la culture d’huile de palme © Composer/fotolia.com - Collage Rettet den Regenwald
65 433 signatures

Le Parlement de l’UE a décidé de bannir le biodiesel à base d’huile de palme, principalement à cause de la déforestation provoquée pour les plantations dans les régions tropicales. L’Espagne, plus grand consommateur d’huile de palme européen, veut faire annuler cette décision en association avec l’Indonésie et la Malaisie.

Appel

Aux ministres de l’Energie, de l’environnement et de l’agriculture et de l’Economie du Royaume d’Espagne. Copies au commissaire européen à l’énergie et au climat et au rapporteur du Parlement européen.

“L’Espagne doit contribuer à la protection des forêts tropicales et soutenir la décision du Parlement de l’UE de bannir le biodiesel à base d’huile de palme.”

Afficher la lettre de pétition

L’année dernière, l’Espagne a importé 1,8 million de tonnes d’huile de palme, soit 38 litres par an et par habitant !

L’industrie européenne utilise l’huile de palme pour fabriquer des denrées alimentaires, nettoyants et produits cosmétiques. Néanmoins, près de la moitié de l’huile de palme importée est utilisée comme biocarburant. Rien qu’en Espagne, 1,2 million de tonnes d’huile de palme ont servi à produire du biodiesel l’année dernière.

Les compagnies pétrolières espagnoles CEPSA et Repsol misent sur l’huile de palme, la matière première la moins chère pour la fabrication d’agrocarburant. À chaque plein, les consommateurs contribuent involontairement à la destructions des forêts tropicales qui partent en fumée pour faire place aux monocultures de palmiers à huile.

La biodiversité est détruite et des espèces menacées comme les orangs-outans disparaissent. D’immenses quantités de gaz à effet de serre sont relâchées dans l’atmosphère. Petits producteurs et peuples indigènes sont chassés de leur terre.

Le 4 avril 2017 et le 17 janvier 2018, le Parlement européen a ainsi décidé de retirer l’huile de palme de la liste des matières premières visées par la directive sur les énergies renouvelables en 2021.

Mais le gouvernement espagnol fait pression pour faire annuler cette décision. Il demande au Conseil des ministres de l’UE et à la Commission européenne de refuser la décision du Parlement, afin que les compagnies pétrolières puissent continuer à commercialiser du biodiesel bon marché à base d’huile de palme.

L’Espagne se fait l’alliée de l’Indonésie et de la Malaisie, à la fois plus grands producteurs mondiaux d’huile de palme et destructeurs de forêts tropicales. Protestez avec nous auprès du gouvernement espagnol !

Contexte

Destinataires de la pétition

En plus de signer la pétition, il vous est possible de contacter directement ses destinataires :

  • Mme Teresa Ribera, Ministre de l’Energie, du Tourisme et de l’Agenda numérique du Royaume d’Espagne
  • M. Luis Planas, Ministre de l’Agriculture, de la Pêche, de l’Alimentation et de l’Environnement du Royaume d’Espagne
  • Mme Nadia Calviño, Ministre de l’Économie du Royaume d’Espagne

Ambassade d’Espagne

22, avenue Marceau
75381 Paris Cédex 08
Tel : +33 (0)1 44 43 18 00
Fax : +33 (0)1 47 20 56 69
Courriel : emb.paris@maec.es

  • M. Miguel Arias Cañete, Commissaire européen à l’énergie et au climat
  • M. José Blanco López, rapporteur sur la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables

Lettre

Aux ministres de l’Energie, de l’environnement et de l’agriculture et de l’Economie du Royaume d’Espagne. Copies au commissaire européen à l’énergie et au climat et au rapporteur du Parlement européen.

Madame la Ministre, Monsieur le Ministre,

L’UE est en train de décider la nouvelle directive sur les énergies renouvelables pour la période allant de 2021 à 2030.

Dans le cadre du processus décisionnel, le Parlement de l’UE a décidé à une vaste majorité, le 17 janvier 2018, de supprimer l’huile de palme de la liste des matières premières servant à la production des biocarburants (biodiesel et huiles végétales hydrogénées HVO) visées par la directive sur les énergies renouvelables.

Cette décision s’explique par la déforestation massive des forêts tropicales au profit de plantations de palmiers à huile. La biodiversité est détruite. Les petits producteurs et les populations indigènes sont expulsés de leur terre ancestrale.

Les études commandées par l’UE démontrent par ailleurs 1) que le biodiesel à base d’huile de palme génère trois fois plus d’émissions nocives pour le climat que le diesel fossile.

Nous souhaitons protester contre les activités de lobbying exercées par les gouvernements espagnol, indonésien et malaisien au sein du Conseil des ministres de l’UE et de la Commission européenne pour faire annuler la décision du Parlement européen.

Nous demandons au gouvernement espagnol de tenir compte des répercussions environnementales dramatiques de la production d’huile de palme et de respecter la décision fondée du Parlement européen relative à la protection des forêts tropicales et de respecter leurs habitants.

Nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, Monsieur le Ministre, l’expression de notre haute considération.

1.) https://ec.europa.eu/energy/sites/ener/files/documents/Final%20Report_GLOBIOM_publication.pdf

L'huile de palme en 5 minutes

Situation actuelle : la forêt tropicale dans les véhicules et les assiettes

Avec 66 millions de tonnes par an, l’huile de palme est l’huile végétale la plus produite de la planète. Un prix particulièrement bas sur le marché mondial et des propriétés convenant particulièrement au processus de transformation industrielle des aliments ont fait que l’huile de palme est présente aujourd’hui dans un produit sur deux dans les supermarchés : pizzas surgelées, biscuits, margarine, crème pour le corps, savon, maquillage, bougies, lessive…

Ce que presque personne ne sait : près de la moitié des importations d’huile de palme dans l’union européenne est consommée sous la forme de biocarburants. La loi de 2009 sur l’incorporation obligatoire d’agrocarburants dans l’essence et le diesel est ainsi une cause majeure de déforestation tropicale.

À ce jour, les plantations d’huile de palme s’étendent sur 27 millions d’hectares à travers le monde, soit un territoire grand comme la Nouvelle-Zélande d’où ont été chassés habitants et animaux pour faire place à un « désert vert ».

Les conséquences : la mort dans le sachet de soupe en poudre

Les palmiers à huile trouvent des conditions optimales de croissance dans les chaudes et humides régions tropicales près de l’Équateur. En Asie du Sud-Est, en Amérique du Sud et en Afrique, d’immenses zones
de forêts tropicales sont défrichées et brûlées, jour après jour, pour faire de la place aux plantations. Ce faisant, de grandes quantités de gaz à effet de serre sont émises dans l’atmosphère. L’Indonésie, premier producteur d’huile de palme de la planète, a ainsi émis plus de gaz à effet de serre que les États-Unis d’Amérique au cours de l’année 2015. Les émissions de CO2 et de méthane rendent les biocarburants à base d’huile de palme trois fois plus nocif pour le climat que les carburants à base de pétrole.

Mais le climat n’est pas le seul touché : avec les arbres disparaissent des espèces rares comme l’orang-outan, l’éléphant pygmée de Bornéo ou le tigre de Sumatra. Paysans et populations autochtones, qui depuis des générations vivent dans la forêt et la préservent, sont souvent brutalement expulsés de leur terres. A ce jour, 700 conflits fonciers en rapport avec l’industrie de l’huile de palme ont été recensés en Indonésie. Et les plantations gérées de « manière durable » ou « bio » ne sont pas exemptes de violations des droits humains de la population.

Nous, consommateurs, en entendons peu parler. Pourtant, notre absorption quotidienne d’huile de palme est nocive pour notre propre santé : l’ huile de palme industrielle raffinée est riche en contaminant génotoxiques et cancérigènes comme l’a alerté l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) au cours de l’été 2016.

La solution : changer radicalement nos modes d’alimentation et de déplacement

Il ne reste plus que 70 000 orangs-outans dans les forêts d’Asie du Sud-Est. La politique européenne de soutien aux biocarburants pousse les grands singes toujours plus au bord de l’extinction : chaque nouvelle plantation de palmier à huile détruit une partie de son habitat naturel. Nous devons faire pression sur les politiques pour aider nos plus proches parents. Mais il existe des pratiques quotidiennes pouvant déjà apporter beaucoup.

Ces conseils simples vous aideront à savoir où l’huile de palme se cache et comment l’éviter :

  1. cuisiner soi-même : biscuits poire - amande - noix de coco ? Pizza pomme de terre romarin ? Transformer soi-même des aliments frais permet d’éviter tous les plats préparés contenant de l’huile de palme de l’industrie agroalimentaire. Les huiles végétales européenne telles que l’huile d’olive, de tournesol ou de colza s’adaptent à quasiment toutes les recettes.
  2. lire les étiquettes : la présence d’huile de palme doit être indiquée sur les emballages alimentaires depuis décembre 2014. Mais pas pour les cosmétiques mais et les produits ménagers où elle se cache sous la forme de termes techniques. Il est très facile de trouver des alternatives sans huile de palme sur internet.
  3. le client est roi : « Quels produits sans huile de palme proposez-vous ? Pourquoi n’utilisez pas des huiles locales ? » Poser de telles questions aux fabricants peut leur faire craindre pour la réputation de leurs produits. La pression publique et la prise de conscience accrue du problème a déjà incité plusieurs producteurs à renoncer à huile de palme.
  4. Signer des pétitions et interpeler les politiques : les pétitions en ligne permettent de faire pression sur les politiques responsables des importations d’huile de palme. Avez-vous déjà signé toutes les pétitions de Sauvons la forêt ?
  5. Se faire entendre : les manifestations et autres actions collectives permettent d’atteindre le public et les médias. Ainsi s’accroît la pression sur les décideurs politiques.
  6. Renoncer à la voiture : il est très facile de réaliser la plupart de nos trajets à pied, à vélo ou avec les transports en commun.
  7. Savoir et faire savoir : les milieux économiques et politiques veulent nous faire croire que les biocarburants sont bons pour le climat ou qu’il est possible de produire de l’huile de palme de manière durable. Sauvonslaforet.org informe sur les conséquences de la culture industrielle de l’huile de palme.

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