Le mercure est un poison mortel pour l’Amazonie

Igapo Project - Río Caquetá Autrefois source de vie, le río Caquetá est devenu un danger pour les Murui en Colombie (© Lila Akal/Igapo Project) Enfants murui riverains du río Caquetá, Colombie Autrefois source de vie, le río Caquetá est devenu un danger pour les Murui en Colombie (© Lila Akal/Igapo Project)
142 613 signatures

La Colombie est le 3ème pays affichant la plus haute contamination au mercure du monde. Cette substance est utilisée par les orpailleurs illégaux lors du processus dit de lessivage, notamment sur le río Caquetá. La sauvegarde de l’Amazonie passera par la décontamination des cours d’eau et l’interdiction des substances polluantes.

Mises à jour Appel

Au Président et au Ministre de l'environnement de la République de Colombie

“Merci de faire décontaminer les fleuves pollués par le mercure et d’interdire les activités aurifères polluantes en Amazonie colombienne.”

Afficher la lettre de pétition

Certains peuples vivant sur les rives du Caquetá, tels que les Murui, les Muinane ou les Andoke, ont été classés « en voie d’extinction physique et culturelle » par la Cour constitutionnelle colombienne et l’organisation nationale des peuples autochtones de Colombie (ONIC). Leur existence est d’autant plus menacée que les activités illégales progressent sur leurs terres, réduisant peu à peu à néant toute forme de vie dans cette partie de l’Amazonie

LE MERCURE EMPOISONNE LE VIVANT

L’inhalation ou l’ingestion de ce métal lourd peut entraîner à terme des désordres psychomoteurs, des dysfonctionnements cognitifs, des maladies du système digestif et d’autres pathologies.

Déversée dans le fleuve et dans les sols en grande quantité, cette substance toxique pénètre dans les organismes des poissons, végétaux et petits mammifères qui, à leur tour, sont ingérés soit directement par les humains, soit par d’autres poissons et animaux dont ceux-ci se nourrissent.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, pour être propre à la consommation humaine, un poisson peut contenir un maximum de 0,5 µg/g (microgrammes par gramme) de mercure. L’Université des Andes, à Bogotá, a réalisé des prélèvements sur des poissons pêchés dans le Caquetá, relevant ainsi des taux oscillant entre 1,33 et 2,28 µg/g. Soit jusqu’à 4,5 fois le seuil de dangerosité fixé par l’OMS…

Le gouvernement colombien se doit de s’attaquer au problème sur deux fronts :

• En luttant contre les activités d’extraction d’or polluantes

• En décontaminant les fleuves affectés au moyen des technologies existantes pour éliminer le mercure contenu dans l’eau

L’inaction du gouvernement colombien entraînerait, à terme, une grave perturbation de l’équilibre déjà fragilisé d’une planète qui ne pourra survivre sans l’un de ses poumons.

Contexte

Igapo Project

Site Web et réseaux sociaux de l’association Igapo Project, à l’origine de l’enquête réalisée dans le Caquetá :

https://igapo-project.jimdofree.com
https://www.facebook.com/IgapoProject
https://twitter.com/IgapoProject
https://www.instagram.com/igapoproject 


Informations supplémentaires

• Jesús Olivero Verbel, Efectos de la minería en Colombia sobre la salud humana (Conséquences de l’activité minière en Colombie sur la santé humaine)

• Esteban Cabuya Parra, El mercurio contamina silenciosamente al río Caquetá (Le mercure contamine silencieusement le fleuve Caquetá)

•  Collectif, Minería: Impactos sociales en la Amazonia (L’activité minière : impacts sociaux en Amazonie)

• Rapport du Biodiversity Research Institute, Mercury in the Global Environment: Patterns of Global Seafood Mercury Concentrations and their Relationship with Human Health (Le mercure dans le monde : tendances mondiales en matière de concentrations de mercure dans les fruits de mer et les conséquences sur la santé humaine)

• Investigation et proposition de l’Université polytechnique de Madrid, Tratamiento de bajo coste para aguas contaminadas por actividades de minería (Traitement à bas coût pour les eaux contaminées par les activités minières)

• José Guarnizo Álvarez, Muerte lenta: el pueblo uitoto accoralado por el mercurio (Mort lente : le peuple uitoto piégé par le mercure)


Destinataires de la pétition

En plus de signer la pétition, il vous est possible de contacter directement ses destinataires :

M. Iván Duque Márquez, Président de la République de Colombie
M. Ricardo José Lozano Picón, Ministre de l’Environnement et du Développement durable

Ambassade de Colombie
22, rue de l’Elysée 75008 Paris
Tel : +33 (0)1 42 65 46 08
Courriel : eparis@cancilleria.gov.co 

Lettre

Au Président et au Ministre de l'environnement de la République de Colombie

Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,

Nous sommes extrêmement préoccupés par le niveau de contamination au mercure du fleuve Caquetá, et par les conséquences de cette pollution sur plusieurs peuples autochtones qui vivent sur ses rives et se nourrissent principalement de la pêche, certains ayant déjà été classés en voie d’extinction physique et culturelle par la Cour constitutionnelle en 2009.

En effet, aujourd’hui, de nombreuses communautés murui, muinane et andoke sont frappées par diverses pathologies sévères, souvent incurables, parfois fatales. Ces communautés présentent notamment un pourcentage anormalement élevé d’enfants souffrant de malformations de naissance et de retards mentaux conséquents.

Par ailleurs, les personnes âgées, par nature plus fragiles, développent en grand nombre des troubles neurologiques, digestifs et cutanés qui leur étaient jusqu’alors inconnus. Leur décès prématuré est non seulement une tragédie pour leurs familles, mais également pour leur culture, dont ils sont les garants.

La Colombie est le troisième pays affichant la plus haute contamination au mercure du monde.

Des études menées par l’Université des Andes, l’Université de l’Amazonie et la Fondation Omacha démontrent que les poissons pêchés dans le Caquetá recèlent des taux de mercure jusqu’à 4,5 fois plus élevés que les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, et sont donc impropres à la consommation humaine.

Ces populations vivant dans des zones très éloignées de tout service de santé, elles sont d’autant plus démunies face aux pathologies qu’elles contractent.

Nous vous demandons de mettre en œuvre toutes les mesures nécessaires pour protéger les populations autochtones vivant sur le territoire colombien et pour arrêter la contamination de leur environnement.

Nous vous demandons de déployer les ressources humaines, matérielles et financières requises pour lutter contre les activités d’extraction d’or polluantes, responsables d’un déversement quotidien de grandes quantités de mercure dans le fleuve et dans les sols.

Nous vous demandons de mettre en place des mesures de décontamination du fleuve au moyen des technologies existantes, afin de protéger un environnement exceptionnel à l’échelle du monde.

En tant qu’État constitutif du bassin amazonien, il vous appartient de contribuer à la protection de ce biome, dont dépend non seulement la santé de ses habitants, mais également celle de l’ensemble de la planète.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, l’expression de notre très haute considération.

L'or en 5 minutes

Situation actuelle : l’or sale

 

On trouve de l’or presque partout dans le monde. L’extraction de l’or est particulièrement massive sur l’île de Lihir au nord-ouest de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, où environ 75 kilos d’or sont extraits chaque jour. En comparaison internationale, la Chine est le pays qui extrait le plus d’or en 2016 avec 455 tonnes, soit environ 13 % de la production mondiale.

En 2016, 47,4 % du métal précieux a été transformé en bijoux ; 7,5 % de l’or extrait a été utilisé dans l’industrie électronique pour fabriquer entre autres des téléphones et des ordinateurs portables. Le reste est détenu par des banques centrales ou des investisseurs privés sous forme de réserve et à des fins spéculatives. La Banque centrale américaine possède de loin le plus grand stock d’or mondial avec 8 133,5 tonnes. La Banque fédérale d’Allemagne arrive en seconde position avec 3 377,9 tonnes d’or.

L’or peut être présent sous forme de dépôts alluvionnaires granuleux (pépites), qui sont séparés mécaniquement du substrat venant du sol. Mais le métal précieux est le plus souvent présent en quantités infimes dans la structure réticulaire des minéraux rocheux. Les orpailleurs doivent utiliser du cyanure et du mercure pour extraire et lier la poussière d’or.

L’exploitation aurifère industrielle a recours au cyanure et à la soude caustique, un procédé extrêmement nocif pour l’environnement. L’extraction d’une tonne d’or nécessite 150 tonnes de cyanure en moyenne. À titre de comparaison, quelques millilitres de cette substance sont déjà mortels pour l’homme.

Le procédé à base de mercure est souvent utilisé par les petits orpailleurs. Les minerais contenant de l’or sont d’abord passés au tamis pendant des heures dans l’eau, jusqu’à ce que la poussière d’or soit concentrée dans le dépôt. Cette boue rocheuse contenant de l’or est ensuite mélangée à du mercure, qui forme un alliage liquide (amalgame) avec l’or. Cet alliage est ensuite chauffé. Le métal lourd toxique s’évapore, ne laissant que de l’or pur. Dans les petites mines artisanales, on cherche souvent en vain des équipements de protection contre la neurotoxine ou des dispositifs permettant de récupérer le mercure s’évaporant. Le métal précieux profite surtout aux bailleurs, aux entreprises de transport et aux distributeurs de produits chimiques. Les hommes et la nature souffrent de l’exploitation aurifère.

Les conséquences : des forêts tropicales à la riche biodiversité transformées en déserts toxiques

 

Le cyanure et le mercure contaminent les sols et les nappes phréatiques à jamais. Mêmes lorsque les mines d’or sont fermées, les gravats traités au cyanure émettent des acides sulfuriques toxiques pendant des décennies.

L’extraction aurifère industrielle nécessite par ailleurs des quantités d’eau astronomiques. En moyenne, 140 000 litres d’eau par heure sont nécessaires, ce qui correspond à la consommation d’eau annuelle d’un foyer de trois personnes (en Allemagne). L’eau contaminée est stockée dans des bassins de rétention recouverts d’un film étanche puis partiellement retraitée. De fortes pluies susceptibles de provoquer des débordements ou des ruptures de digues et des micro-perforations pouvant endommager le film constituent de grands risques environnementaux. Les ruptures de digues sont fréquentes. En 2000, des boues contenant des métaux lourds ont contaminé la Tisza, le plus grand affluent du Danube, en Roumanie. Toute forme de vie a été détruite dans les cours d’eau. La charge polluante a été détectée jusque dans le Danube, pourtant éloigné de plusieurs centaines de kilomètres.

A cela s’ajoute l’abattage d’arbres géants dans les forêts vierges. Des pelleteuses creusent la terre, laissant derrière elles des paysages lunaires. 1 000 kilos de déchets toxiques et de déblais sont produits pour obtenir seulement 0,24 gramme d’or. Une bague en or produit à elle seule 20 tonnes de déchets hautement toxiques.

L’organisation des droits de l’homme Human Rights Watch signale aussi que le travail des enfants est largement répandu dans le secteur aurifère. Les enfants sont envoyés dans des puits étroits et lavent le minerai contenant de l’or à mains nues dans des mélanges à base de mercure.

La solution : 4 règles d’or pour protéger les hommes et la nature

Mon bijou en or a-t-il lui aussi été fabriqué dans des conditions inhumaines et préjudiciables pour l’environnement ? Il est extrêmement difficile de suivre la trace de l’or en raison de la multiplicité des acteurs impliqués. Les raffineries d’or, qui se trouvent principalement en Suisse et représentent 70 % de la production mondiale, indiquent utiliser des matières premières fournies par des revendeurs certifiés. Mais si l’on y regarde de plus près, on s’aperçoit que de nombreux vendeurs réalisent des transactions fictives avec de fausses adresses (nous vous recommandons de visionner le reportage suivant : « L’or sale d’Amazonie française »).

Nous sommes également responsables de ces conséquences désastreuses. Alors, que pouvons-nous faire à notre échelle pour changer cela ?

  • Repenser la consommation: a-t-on vraiment besoin d’un nouveau smartphone chaque année ? Utilisez vos appareils électroniques (téléphones et ordinateurs portables) aussi longtemps que possible. Lorsque votre appareil ne fonctionne plus, vous pouvez vous en séparer en veillant à le déposer dans un point de recyclage. Saviez-vous que, selon les calculs de l’ONU, l’or contenu dans seulement 49 portables correspond à une tonne de minerai d’or ?
  • Transformez vos bijoux : vous pouvez facilement transformer en or vos bijoux démodés ou qui ne seraient plus à votre goût. La forêt tropicale vous en sera reconnaissante.
  • L’or n’est pas un bon investissement : l’or est-il vraiment un placement sûr en cas de crises financières ? Les experts le déconseillent. Et en plus, l’or n’est pas un placement financier éthique et responsable.
  • Partagez vos connaissances : alertez l’opinion sur l’usage de produits toxiques pour l’environnement dans les mines à ciel ouvert, la destruction de la nature et les conditions de travail inhumaines qui y prévalent. Vous pouvez également envoyer un signal fort et soutenir notre travail en signant nos pétitions comme « Président Macron : Non à la mine d’or industrielle en Guyane ! »

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