Les forêts de Bolivie brûlent pour la viande et le soja

Forêt tropicale en feu en Bolivie © Fotoarena/Alamy Stock Foto - Collage RdR Pompier essayant d'éteindre un incendie de forêt en Bolivie © Fotoarena/Alamy Stock Foto
149 266 signatures

21 organisations boliviennes et Amnesty International lancent un appel au Président bolivien Evo Morales. Elles demandent la suspension du décret 3973, qui légalise la déforestation et le brûlis pour la production de viande et de soja. Depuis son entrée en vigueur à la mi-juillet, plus de 5,3 millions d’hectares sont partis en fumée.

Appel

Au Président bolivien Evo Morales

“Ne légalisez pas le déboisement et les feux de forêt au profit de l’élevage et des plantations de soja ! Merci de suspendre le décret 3973.”

Afficher la lettre de pétition

Avec le décret présidentiel 3973, le gouvernement bolivien a autorisé le déboisement et les feux de forêt dans les départements de Beni et Santa Cruz. Le décret fait valoir la croissance démographique et la demande de denrées alimentaires.

Depuis l’entrée en vigueur du décret le 10 juillet 2019, Global Forest Watch, un service spécialisé dans l’évaluation de photos satellites, a comptabilisé 313 000 incendies en Bolivie. Un tiers des surfaces brûlées étaient des forêts tropicales arides et 55% des savanes tropicales, rapporte l’organisation environnementale FAN.

Rien qu’à Santa Cruz, près de 1,2 million d’hectares de zones protégées sont partis en fumée, dont de larges pans du Parc national Otuquis. Des millions d’animaux ont été victimes des incendies, selon les chercheurs.

La sécheresse, les vents violents et la chaleur favorisent la propagation des incendies. Les pompiers et les habitants luttent contre les flammes avec un équipement défectueux ou insuffisant.

Mais les véritables causes résident dans une politique agraire erronée. Le centre de recherche CIPCA a critiqué le décret présidentiel dès le lendemain de son entrée en vigueur. Il lui reproche de rendre légales les déforestations de l’industrie agricole et de répondre aux besoins de la Chine en viande.

Le 28 août 2019, le Président bolivien Evo Morales et l’ambassadeur chinois ont célébré à Santa Cruz l’exportation du premier chargement de viande de bœuf en Chine comme un événement historique. Les exportations de viande devraient atteindre 117 000 tonnes d’ici 2025, selon l’agence de presse officielle chinoise Xinhua.

Contexte

Sources et informations supplémentaires

Coalición Regional Pronunciamiento Público en solidaridad y defensa del Bosque Seco Chiquitano

Amnesty International  Bolivie. Le gouvernement doit suspendre le décret présidentiel 3973 et enquêter sur les causes des feux de forêt

Amnesty International  Bolivia: Gobierno debe suspender decreto presidencial e investigar causas de incendios forestales

Amnesty International  BOLIVIA: CARTA ABIERTA AL PRESIDENTE MORALES POR INCENDIOS EN LA CHIQUITANÍA

Amnesty International  OPEN LETTER TO THE PRESIDENT OF THE PLURINATIONAL STATE OF BOLIVIA, EVO MORALES AYMA, ON THE FIRES IN CHIQUITANÍA

Fundación Amigos de la Naturaleza  Reporte de incendios forestales a nivel nacional 25 de septiembre de 2019

Décret présidentiel 3973 du 10 juillet 2019

CIPCA  Posibles efectos por la modificación del decreto supremo 26075 sobre tierras de producción forestal permanente

XINHUA  ESPECIAL: Bolivia envía histórico primer cargamento de carne bovina a China

• Article de Mongabay  Desastre ambiental en Bolivia: incendios forestales arrasan bosques de la Chiquitania

MAAP Project  FIRES IN THE BOLIVIAN AMAZON 

Lettre

Au Président bolivien Evo Morales

Monsieur le Président Morales,

La catastrophe environnementale déclenchée par les feux de forêt dévastateurs en Bolivie et leur lien avec le décret présidentiel 3973 du 10 juillet 2019 sont une grande source d’inquiétude pour nous.

Dans ce contexte, nous soutenons la « déclaration de solidarité et de défense de la forêt aride de Chiquitano » signée par 21 organisations boliviennes ainsi que la lettre ouverte d’Amnesty International « Le gouvernement doit suspendre le décret présidentiel 3973 et enquêter sur les causes des feux de forêt ».

Nous vous prions instamment d’imposer le respect des lois environnementales. Interdisez et empêchez la déforestation et les feux de forêt en utilisant toutes les possibilités juridiques, politiques et techniques qui s’offrent à vous.

Nous vous prions, Monsieur le Président, d’agréer l’expression de notre profond respect.

L'élevage industriel en 5 minutes

La viande, gros gaspillage de ressources

La viande a une place centrale dans l’alimentation des français. Avec environ 87 kilos de chair animale digérée par habitant chaque année, la France se situe au-dessus de la moyenne européenne qui est d’environ 80 kilos. Les français se démarquent encore plus par leur consommation de viande bovine, qui est d’environ 23 kilos pour une moyenne communautaire de 14 kilos, faisant de nous les plus grands consommateurs de bœuf en Europe.

Un milliard d’animaux sont abattus chaque année en France pour leur viande. Pendant leur élevage, ils consomment eux-mêmes de grandes quantités de nourriture. Leurs besoins en matières premières végétales sont tels, que deux tiers des surfaces agricoles sont utilisés pour l’élevage en France. Au lieu d’être consommées directement par les humains, des tonnes de céréales sont avalées par les porcs, les vaches et les volailles, ce qui représente un énorme gaspillage de calories.

La production de viande nécessite également des quantités d’eau inouïes. 15 500 litres d’eau sont utilisés pour produire un kilo de viande de bœuf, contre seulement 1 300 litres pour 1 kilo de céréales ou de pain.

Les conséquences écologiques : déforestation, monocultures, changement climatique

Le tourteau de soja, hautement protéiné, est très utilisé dans les élevages porcins et bovins. Afin de répondre à la demande globale en soja, la production sud-américaine a doublé en moins de dix ans. La France étant le 3ème importateur mondial de soja brésilien, notre consommation de viande est en relation directe avec la déforestation dans cette région.

La forêt tropicale amazonienne et le cerrado, une savane boisée au sud du bassin amazonien, sont les zones les plus touchées. La nature est détruite et les indigènes sont chassés de leurs terres pour y établir d’immenses monocultures industrielles. Les personnes qui restent tombent souvent malades : les trois quarts des plants de soja d’Amérique du sud sont des OGM du géant de l’agroalimentaire Monsanto, qui poussent dans des plantations aspergées de pesticides et de glyphosate. Ces poisons sont suspectés de causer cancers et maladies génétiques.

Les pâturages rongent également la forêt tropicale, les arbres étant abattus pour faire de la place au bétail. Les conséquences sur le climat sont catastrophiques : production de méthane par la digestion des animaux, émissions de CO2 par la déforestation et toute la chaine de production (machines, transports), ou encore diffusion de protoxyde d’azote par les engrais. Au final, 18% des émissions mondiales de gaz à effet de serre viennent de l’élevage.

La solution : une alimentation plus végétale

Les produits animaux sont responsables de 72% de l’ensemble des gaz à effet de serre dus à l’alimentation humaine. La production d’une calorie animale nécessite 4 fois plus de surface agricole que la production d’une calorie végétale. La conclusion est sans appel : l’avenir des forêts tropicales se décide dans notre assiette. La lutte contre le réchauffement climatique passe aussi par le choix d’une alimentation plus végétale.

Voici quelques conseils pour une consommation responsable :

  1. Manger plus souvent végétal : steak de seitan, saucisses de tofu, lait d’amande, yaourt de soja, sont autant de délicieuses alternatives aux protéines animales que vous trouverez pour la plupart au supermarché, sinon dans tous les magasins bios.
  2. Revenir à une consommation exceptionnelle de viande : pour ceux qui ne peuvent vraiment pas s’en passer, mieux vaut ne manger de la viande qu’occasionnellement. Pour votre barbecue du dimanche, préférez de la viande biologique non issue de fermes industrielles.
  3. Ne bannissez pas le soja ! Les produits à base de soja commercialisés pour l’alimentation humaine, comme le tofu, ne sont pas issus de la déforestation.  Il s’agit généralement de soja biologique produit en Europe. Ne vous privez donc pas de ces aliments, très riches en protéines.
  4. Stop au gaspillage alimentaire : un français jette en moyenne 20 kilos de nourriture par an, dont 7 kilos d’aliments encore emballés. Les produits animaux ne sont pas épargnés. N’achetez que ce que vous pouvez consommer : c’est économique et écologique !
  5. Et pour un engagement au-delà de votre assiette, n’hésitez pas à rejoindre des mouvements citoyens comme la « marche mondiale contre Monsanto ». Cette manifestation réunit des milliers de personnes en faveur d’une agriculture respectueuse des animaux et de l’environnement pour faire pression sur les décideurs politiques. Les pétitions en ligne ou les lettres adressées aux élus sont également de bonnes façons de s’engager pour une agriculture écologique et une production alimentaire durable.

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