SOS pour le Parc national de Tanjung Puting à Bornéo

Photomontage : un orang-outan regarde impuissant un bulldozer détruire la forêt tropicaleLa forêt tropicales et l'habitat de l'orang-outan sont détruits pour l'huile de palme
139 142 signatures

Les forêts tropicales marécageuses du Parc national de Tanjung Puting à Bornéo sont parmi les derniers refuges des orangs-outans et des nasiques. Mais le producteur d'huile de palme BGA est en train de les défricher pour les convertir en plantations. Exigeons du gouvernement indonésien la préservation de cette zone protégée !

Mises à jour Appel

Autorités de l'Indonésie, PDG des groupes BGA et IOI

“Protection du Parc national de Tanjung Puting, ses orangs-outans et ses nasiques, contre les plantations de palmiers à huile et l'exploitation forestière.”

Afficher la lettre de pétition

Le Parc national de Tanjung Puting abrite des écosystèmes uniques de forêts tropicales sur une superficie de 400 000 ha à Bornéo. Son paysage est dominé par les marais et les tourbières, le littoral et les estuaires étant recouverts de mangroves denses. Il est le foyer d'une espèce menacée et endémique de nasique, un animal arboricole vivant uniquement à proximité de l'eau, ainsi que de 6000 orangs-outans, de 250 espèces d'oiseaux et de plus de 600 espèces d'arbres.

Mais malgré son statut de zone protégée, le Parc national de Tanjung Puting est en grand danger : le producteur d'huile de palme Bumitama Gunajaya Agro (BGA) est en train de déboiser à grande échelle l'intérieur du parc et sa zone tampon adjacente, convertissant les forêts tropicales en monocultures de palmier à huile.

Les déboisements de forêts primaires et de tourbières opérés par le producteur d'huile de palme BGA violent plusieurs lois et sont parfaitement illégaux. En mai dernier, le président indonésien Yudhoyono a prolongé le moratoire de deux ans sur les permis de déforestation qu'il avait lui-même instauré en 2011. 

N'ayant réalisé aucune étude d'impact environnemental, l'entreprise est soupçonnée de corruption pour avoir obtenu des autorités locales les autorisations pour ses plantations. De leur côté, les habitants du village de Sekonyer protestent contre le vol de leurs terres par BGA.

Informations supplémentaires dans l'onglet CONTEXTE

Selon ses propres termes, l'entreprise BGA poursuit une « stratégie d'expansion agressive », prévoyant 13 000 ha de nouvelles plantations de palmiers à huile chaque année.

Ecrivons au gouvernement indonésien pour lui rappeler son devoir de protéger le Parc national de Tanjung Puting !

 

Contexte

 

Bumitama Gunajaya Agro (BGA Group)

Le groupe BGA exploite 46 plantations de palmiers à huile, sur une superficie totale de 141 254 ha, dans les provinces de Kalimatan central, de Kalimatan occidental et de Riau. Ses six pressoirs ont un rendement de 405 tonnes d'huile de palme à l'heure. L'entreprise prévoit d'atteindre les 250 000 ha de plantations d'ici 2015. 
BGA est une filiale de Bumitama Agri Ltd, une société cotée à la bourse de Singapour. Actionnaire majoritaire de BGA, le groupe IOI exploite la grande raffinerie d'huile de palme Loders Croklaan située à Rotterdam pour approvisionner le marché européen. On retrouve parmi les clients de BGA les entreprises internationales du secteur de l'huile de palme comme Wilmar, Golden Agri Resources (Sinar Mas) et Musim Mas.

 

Les acquéreurs de l'huile de palme

Les pays de l'Union européenne consomment 6 millions de tonnes d'huile de palme chaque année, un chiffre en constante progression. Les industries agroalimentaire et de la chimie ont été rejointes par celle des agrocarburants dans la liste des consommateurs majeurs de l'huile de palme.  C'est d'ailleurs de cette dernière que provient l'augmentation la plus significative de la consommation d'huile de palme en Europe : un tiers des importations européennes d'huile de palme sont destinées aux réservoirs des véhicules et aux centrales électriques, la cause en revenant à a désastreuse politique de soutien aux "biocarburants"  de la France et de l'Union européenne.

 

La certification RSPO pour l’huile de palme durable

BGA est membre de la Table ronde sur l'huile de palme durable (en anglais Roundtable on Sustainable Palm Oil - RSPO) depuis 2007. Déjà peu contraignantes, les exigences pour obtenir le label d'huile de palme durable sont constamment affaiblies par les entreprises de certification. Dans les faits, la RSPO ne prévient efficacement ni la déforestation tropicale ni l'accaparement des terres. Seules les « zones à haute valeur de conservation » (High Conservation Value Areas - HCVA) n'ont pas le droit d'être déboisées dans les textes. Dans la pratique, des membres de la RSPO ainsi que des entreprises certifiées par celle-ci continuent à détruire les forêts primaires et les habitats naturels des orangs-outans.
La multinationale de l'agroalimentaire Uniliver essaie de se donner une image "verte" en utilisant des quantités toujours plus importantes d'huile de palme certifiée durable. Un de ses managers est d'ailleurs le président de la RSPO. Avec une consommation de 1,4 millions de tonnes par an, le groupe Unilever est le plus gros consommateur mondial d'huile de palme.

 

Le Parc national de Tanjung Puting

Situé dans une péninsule au sud de Lille de Bornéo, le Parc national de Tanjung Puting abrite l'une des plus grandes zones de forêts marécageuses au monde. Classé en 1935 comme réserve faunique pour protéger les orang-outans (Pongo pygmaeus) et les singes nasiques (narvatus Nasalis) qui y vivent, il a été déclaré Réserve de biosphère de l'UNESCO en 1977, puis obtenu le statut de Parc national par le gouvernement indonésien en 1982. Étendu en 1996 à ses limites actuelles, Tanjung Puting est grand de 4150 kilomètres, s'étirant sur 100 km du nord au sud et sur 40 km d'est en ouest. 
Malgré son statut de protection acquis de longue date, le le Parc national de Tanjung Puting est fortement menacé.  Les autorités compétentes ne font pas assez pour protéger le parc contre les pilleurs et les exploitants forestiers. Les producteurs d'huile de palme ne sont pas les seuls responsables de la déforestation, l'abattage de bois tropical précieux détruit aussi la nature. Un autre grave problème est l'orpaillage. Le mercure hautement toxique utilisé pour extraire l'or dans les rivières empoisonne les cours d'eaux et leurs habitants.

 

Destinataires de la pétition

En plus de signer la pétition, il vous est possible de contacter directement ses destinataires :

Widodo  , Président de la République
M. Zulkifli Hasan, Ministre des forêts
M. Suswono, Ministre de l'agriculture
M. Irzal Ashar et Nunu Nugraha, Directeurs de la Fondation pour la conservation de la biodiversité

Ambassade de de la République d’Indonésie en France
47/49, rue Cortambert
75116 Paris
Tél : +33 1 45 03 07 60
Fax : +33 1 45 04 50 32
Courriel : komparis@amb-indonesie.fr

PT Bumitama Gunajaya Agro
M. Hariyanto, PDG de BGA
Jl Melawai Raya No. 10
Kebayoran Baru
Jakarta Selatan 12161
Indonésie
Tél : +6221 727 98418
Fax : +6221 727 98418

IOI Group
M. Lee Shin Cheng, PDG du groupe IOI
Level 8, Two IOI Square IOI Resort
62502 Putrajaya
Malaisie
Tél : +60 3 8947 8668
Fax : +60 3 8943 2899
Courriel: ioi.research.centre@ioi.com.my

Lettre

Autorités de l'Indonésie, PDG des groupes BGA et IOI

Monsieur le Président, Monsieur le Ministre,
Monsieur Hariyanto, Monsieur Shin Cheng,

Je suis profondément préoccupé(e) par la déforestation et par la destruction du Parc national de Tanjung Puting à Bornéo.

Pour établir des monocultures de palmiers à huile, le groupe BGA (à travers sa filiale PT Andalan Sukses Makmur - PT ASM) défriche la forêt tropicale à l'intérieur du Parc national (secteur Teluk Pulai) et dans sa zone tampon (au nord de la rivière Sekonyer). Ce faisant, le producteur d'huile de palme détruit de manière irréversible les forêts primaires et les tourbières ainsi que l'habitat naturel d'espèces menacées comme l'orang-outan ou le singe nasique.

Les activités de BGA sont illégales et violent de nombreuses lois dont le moratoire, prolongé en mai dernier, visant à protéger les forêts primaires indonésiennes. Les habitants du village de Sekonyer protestent contre le vol de leurs terres par l'entreprise et demandent que celles-ci leur soient restituées.

En raison de contrôles insuffisants et d'une gestion inadéquate, le Parc national de Tanjung Puting et sa zone tampon sont occupés par des exploitants forestiers illégaux ainsi que par d'innombrables groupes d'orpailleurs qui contaminent l'écosystème par des métaux lourds.

Je demande aux autorités indonésiennes d'intervenir immédiatement pour faire cesser la déforestation et la destruction du Parc national de Tanjung Puting et de sa zone tampon. Je leur demande aussi de mettre en œuvre sans délai la protection et la gestion de ce territoire.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, Monsieur Hariyanto, Monsieur Shin Cheng,, en l'assurance de ma considération et de ma vigilance citoyenne.

L'huile de palme en 5 minutes

Situation actuelle : la forêt tropicale dans les véhicules et les assiettes

Avec 66 millions de tonnes par an, l’huile de palme est l’huile végétale la plus produite de la planète. Un prix particulièrement bas sur le marché mondial et des propriétés convenant particulièrement au processus de transformation industrielle des aliments ont fait que l’huile de palme est présente aujourd’hui dans un produit sur deux dans les supermarchés : pizzas surgelées, biscuits, margarine, crème pour le corps, savon, maquillage, bougies, lessive…

Ce que presque personne ne sait : près de la moitié des importations d’huile de palme dans l’union européenne est consommée sous la forme de biocarburants. La loi de 2009 sur l’incorporation obligatoire d’agrocarburants dans l’essence et le diesel est ainsi une cause majeure de déforestation tropicale.

À ce jour, les plantations d’huile de palme s’étendent sur 27 millions d’hectares à travers le monde, soit un territoire grand comme la Nouvelle-Zélande d’où ont été chassés habitants et animaux pour faire place à un « désert vert ».

Les conséquences : la mort dans le sachet de soupe en poudre

Les palmiers à huile trouvent des conditions optimales de croissance dans les chaudes et humides régions tropicales près de l’Équateur. En Asie du Sud-Est, en Amérique du Sud et en Afrique, d’immenses zones
de forêts tropicales sont défrichées et brûlées, jour après jour, pour faire de la place aux plantations. Ce faisant, de grandes quantités de gaz à effet de serre sont émises dans l’atmosphère. L’Indonésie, premier producteur d’huile de palme de la planète, a ainsi émis plus de gaz à effet de serre que les États-Unis d’Amérique au cours de l’année 2015. Les émissions de CO2 et de méthane rendent les biocarburants à base d’huile de palme trois fois plus nocif pour le climat que les carburants à base de pétrole.

Mais le climat n’est pas le seul touché : avec les arbres disparaissent des espèces rares comme l’orang-outan, l’éléphant pygmée de Bornéo ou le tigre de Sumatra. Paysans et populations autochtones, qui depuis des générations vivent dans la forêt et la préservent, sont souvent brutalement expulsés de leur terres. A ce jour, 700 conflits fonciers en rapport avec l’industrie de l’huile de palme ont été recensés en Indonésie. Et les plantations gérées de « manière durable » ou « bio » ne sont pas exemptes de violations des droits humains de la population.

Nous, consommateurs, en entendons peu parler. Pourtant, notre absorption quotidienne d’huile de palme est nocive pour notre propre santé : l’ huile de palme industrielle raffinée est riche en contaminant génotoxiques et cancérigènes comme l’a alerté l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) au cours de l’été 2016.

La solution : changer radicalement nos modes d’alimentation et de déplacement

Il ne reste plus que 70 000 orangs-outans dans les forêts d’Asie du Sud-Est. La politique européenne de soutien aux biocarburants pousse les grands singes toujours plus au bord de l’extinction : chaque nouvelle plantation de palmier à huile détruit une partie de son habitat naturel. Nous devons faire pression sur les politiques pour aider nos plus proches parents. Mais il existe des pratiques quotidiennes pouvant déjà apporter beaucoup.

Ces conseils simples vous aideront à savoir où l’huile de palme se cache et comment l’éviter :

  1. cuisiner soi-même : biscuits poire - amande - noix de coco ? Pizza pomme de terre romarin ? Transformer soi-même des aliments frais permet d’éviter tous les plats préparés contenant de l’huile de palme de l’industrie agroalimentaire. Les huiles végétales européenne telles que l’huile d’olive, de tournesol ou de colza s’adaptent à quasiment toutes les recettes.
  2. lire les étiquettes : la présence d’huile de palme doit être indiquée sur les emballages alimentaires depuis décembre 2014. Mais pas pour les cosmétiques mais et les produits ménagers où elle se cache sous la forme de termes techniques. Il est très facile de trouver des alternatives sans huile de palme sur internet.
  3. le client est roi : « Quels produits sans huile de palme proposez-vous ? Pourquoi n’utilisez pas des huiles locales ? » Poser de telles questions aux fabricants peut leur faire craindre pour la réputation de leurs produits. La pression publique et la prise de conscience accrue du problème a déjà incité plusieurs producteurs à renoncer à huile de palme.
  4. Signer des pétitions et interpeler les politiques : les pétitions en ligne permettent de faire pression sur les politiques responsables des importations d’huile de palme. Avez-vous déjà signé toutes les pétitions de Sauvons la forêt ?
  5. Se faire entendre : les manifestations et autres actions collectives permettent d’atteindre le public et les médias. Ainsi s’accroît la pression sur les décideurs politiques.
  6. Renoncer à la voiture : il est très facile de réaliser la plupart de nos trajets à pied, à vélo ou avec les transports en commun.
  7. Savoir et faire savoir : les milieux économiques et politiques veulent nous faire croire que les biocarburants sont bons pour le climat ou qu’il est possible de produire de l’huile de palme de manière durable. Sauvonslaforet.org informe sur les conséquences de la culture industrielle de l’huile de palme.

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