Vol des terres pour l’huile de palme: NON c’est NON !

En Afrique, les membres du Clan Jogbahn manifestent en dansant au son des tams-tams Le Clan Jogbahn lutte contre l’accaparement de ses terres (© Jason Taylor for Friends of the Earth International 2014)
72 529 signatures

Au Libéria, la société d'huile de palme Equatorial Palm Oil projette d’étendre ses plantations sur les terres de la communauté Jogbahn sans son consentement. Faisons savoir à l’entreprise britannique EPO et à son principal actionnaire KLK : le monde est conscient de vos agissements et vous regarde !

Appel

Aux dirigeants d'Equatorial Palm Oil et de son principal actionnaire Kuala Lumpur Kepong

“À la société d'huile de palme EPO : le Clan Jogbahn ne veut pas de vos plantations sur ses terres. C’est son droit et vous devez le respecter !”

Afficher la lettre de pétition

L’entreprise britannique Equatorial Palm Oil tente d’accaparer les terres de la communauté Jogbahn au Libéria pour les convertir en cultures d’huile de palme. Selon l’ONG Les Amis de la Terre Libéria, EPO mène des études approfondies, laissant présager de futurs déboisements.

Présent sur ce territoire depuis plusieurs siècles, le Clan Jogbahn n’a pas donné son consentement pour céder ses terres. Et ne le fera jamais. L’un d’eux, nommé Chio, explique sans équivoque : « Tout ce que nos ancêtres nous ont légué se trouve dans cette forêt ».

Les populations locales s’opposent à EPO depuis 2012, date à laquelle furent réalisées les premières plantations de palmiers à huile, causant défrichements et destructions de terres agricoles. Aux nombreuses réunions avec l’entreprise et les autorités auquel il a participé, le Clan Jogbahn a toujours refusé de sacrifier ses terres.

Le Clan Jogbahn a besoin du soutien international

Le conflit a atteint son paroxysme en septembre 2013 lorsque des troupes paramilitaires et d’autres forces de sécurité sont intervenues violemment à l’encontre de membres du Clan Jogbahn, procédant à des arrestations arbitraires et faisant de nombreux blessés.

Le 5 mars dernier, le Clan Jogbahn recevait le soutien de la présidente Ellen Johnson Sirleaf en personne. Mais la réjouissance fut de courte durée étant donné qu’EPO a continué ses activités comme si de rien n’était. Aujourd’hui, les Jogbahn se sentent seuls dans leur lutte. Selon eux, le gouvernement devrait les aider à vivre sur leurs terres au lieu de céder celles-ci à une entreprise qui se retirera dès qu’elle n’aura plus d’argent à y gagner.

Écrivons à EPO et à son principal actionnaire KLK :  le Clan Jogbahn ne veut pas de vos plantations sur ses terres. C’est son droit et vous devez le respecter !

 

Contexte


Informations supplémentaires

Les Amis de la Terre / Friends of the Earth International
• Article  When our land is free, we’re all free
• Article  Resistance to Liberia landgrabs a warning to Africa investment conference
• Pétition des Amis de la Terre (FoE) International  Accaparement des Terres au Libéria: Dites à Equatorial Palm Oil que NON signifie NON!

Médias
• Article de REDD-Monitor  Equatorial Palm Oil’s landgrab in Liberia
• Article de Front Page Africa  Jogbah Clan Opposes EPO Expansion, Findley Calls for Calm
• Déclaration du Sustainable Development Institute  SDI welcomes President Sirleaf's commitment to protecting Joghban clan’s land from further encroachment by British palm oil company Equatorial Palm Oil

 

Vidéo : The Jogbahn Clan

 

Destinataires de la pétition

En plus de signer la pétition, il vous est possible de contacter directement ses destinataires :

M. Geoffrey Edward Martyn Brown, Directeur exécutif d’Equatorial Palm Oil (EPO)

Equatorial Palm Oil plc
47 Charles Street
London W1J 5EL
United Kingdom
Tél : +44 20 77667555
Fax : +44 20 77667599

Courriel : enquiries@epoil.co.uk


M. Oi Hian Lee, PDG de Kuala Lumpur Kepong Berhad (KLK)

Kuala Lumpur Kepong Berhad
Wisma Taiko, 1,
Jalan S. P. Seenivasagam
IPOH, 30000
Malaisie
Tél : +605 2418444
Fax : +605 2555312
Courriel : mktg@klk.com.my

 

Lettre

Aux dirigeants d'Equatorial Palm Oil et de son principal actionnaire Kuala Lumpur Kepong

Monsieur Brown,
Monsieur Lee Oi Hian,

Depuis 2012, les communautés affectées par vos opérations dans le District no.4, au sein du département du Grand Bassa au Libéria, ont clairement marqué leur objection quant à votre projet d'extension sur leurs terres. Ces communautés se sont réunies plus de 20 fois avec des représentants exécutifs et légaux du gouvernement local pour exprimer leur désaccord. Des documents montrent que EPO a participé à plusieurs de ces réunions.

Le 5 mars, lors d'une réunion entre le gouvernement et les communautés du District no.4, département du Grand Bassa, la Présidente du Libéria, Ellen Johnson Sirleaf, a dit que EPO n'exploiterait pas les terres du Clan Jogbahn sans leur accord. Les communautés continuent à dire NON à l'exploitation par votre entreprise de leurs terres.

Malgré cela, votre société tente de conduire sur leurs terres des études d'évaluation d'impact social et environnemental et d’évaluation de l'état de conservation. Étant donné que cela fait partie des procédures précédant l'accaparement des terres, cela voudrait dire que vous ne respectez pas le droit des communautés de dire NON et que vous vous préparez à prendre possession de leurs terres. Dans tous les cas, la mise en œuvre de ces activités préparatoires nécessite l’accès aux terres du Clan Jogbahn et la participation de la communauté, ce que cette dernière refuse.

L'accaparement des terres, ainsi que les autres activités préparatoires menées dans ces conditions, serait illégal étant donné que le droit des communautés de donner ou pas leur consentement préalable, libre et en connaissance de cause, ce qui est une obligation autant sous la loi nationale que internationale, n'est pas respecté. En entreprenant de telles activités, EPO viole également les engagements pris par rapport aux principes et critères du RSPO (Table ronde sur l'huile de palme durable).

Le consentement préalable, libre et en connaissance de cause (FPIC) est un principe clé de la Loi sur les droits des communautés au Libéria (2009), qui octroie aux communautés le droit d'accepter ou non des activités planifiées sur leur terre ou qui ont un impact sur celle-ci ou sur leur communauté. FPIC est également un principe légal supporté par de nombreux instruments légaux régionaux et internationaux auxquels le Libéria est liés, tel que la Charte africaine des droits de l'homme et du peuple (ACHPR).

En tant que membre de la Table ronde sur l'huile de palme durable (RSPO), votre entreprise est également tenue d'adhérer aux principes et critères du RSPO qui inclut le respect des droits fonciers coutumiers des communautés ainsi que le FPIC.

Vos tentatives précédentes d’enquêter sur les droits fonciers coutumiers des communautés sans leur accord a entraîné des conflits violents et des accusations d'abus sévères des droit de l'homme. Nous insistons pour que vous écoutiez le Clan Jogbahn – NON signifie NON.

Voir entre autres la décision de la Commission africaine sur les droits de l'homme et des peuples dans le cas de Endorois Welfare Council v. Kenya (276/2003) p.ex. § 209, à propos des droits de la propriété (Art. 14 ACHPR), et des droits au développement (Art. 22 ACHPR). Voir aussi ACHPR Resolution 224 sur la Gouvernance des Ressources Naturelles basée sur une Approche des droits de l'homme, la Déclaration des Nations Unies sur les droites des peuples autochtones ainsi que de nombreuses autres dispositions et jurisprudences élaborées sous la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale (ICERD), le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (ICESCR), et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). Les signatures de cette pétition seront communiquées au CEO de Equatorial Palm Oil PLC et à leur principal actionnaire, le géant malaisien d'huile de palme, KLK.

Je vous prie de croire, Monsieur Brown, Monsieur Lee Oi Hian, à l'assurance de ma considération et de ma vigilance citoyenne.

L'huile de palme en 5 minutes

Situation actuelle : la forêt tropicale dans les véhicules et les assiettes

Avec 66 millions de tonnes par an, l’huile de palme est l’huile végétale la plus produite de la planète. Un prix particulièrement bas sur le marché mondial et des propriétés convenant particulièrement au processus de transformation industrielle des aliments ont fait que l’huile de palme est présente aujourd’hui dans un produit sur deux dans les supermarchés : pizzas surgelées, biscuits, margarine, crème pour le corps, savon, maquillage, bougies, lessive…

Ce que presque personne ne sait : près de la moitié des importations d’huile de palme dans l’union européenne est consommée sous la forme de biocarburants. La loi de 2009 sur l’incorporation obligatoire d’agrocarburants dans l’essence et le diesel est ainsi une cause majeure de déforestation tropicale.

À ce jour, les plantations d’huile de palme s’étendent sur 27 millions d’hectares à travers le monde, soit un territoire grand comme la Nouvelle-Zélande d’où ont été chassés habitants et animaux pour faire place à un « désert vert ».

Les conséquences : la mort dans le sachet de soupe en poudre

Les palmiers à huile trouvent des conditions optimales de croissance dans les chaudes et humides régions tropicales près de l’Équateur. En Asie du Sud-Est, en Amérique du Sud et en Afrique, d’immenses zones
de forêts tropicales sont défrichées et brûlées, jour après jour, pour faire de la place aux plantations. Ce faisant, de grandes quantités de gaz à effet de serre sont émises dans l’atmosphère. L’Indonésie, premier producteur d’huile de palme de la planète, a ainsi émis plus de gaz à effet de serre que les États-Unis d’Amérique au cours de l’année 2015. Les émissions de CO2 et de méthane rendent les biocarburants à base d’huile de palme trois fois plus nocif pour le climat que les carburants à base de pétrole.

Mais le climat n’est pas le seul touché : avec les arbres disparaissent des espèces rares comme l’orang-outan, l’éléphant pygmée de Bornéo ou le tigre de Sumatra. Paysans et populations autochtones, qui depuis des générations vivent dans la forêt et la préservent, sont souvent brutalement expulsés de leur terres. A ce jour, 700 conflits fonciers en rapport avec l’industrie de l’huile de palme ont été recensés en Indonésie. Et les plantations gérées de « manière durable » ou « bio » ne sont pas exemptes de violations des droits humains de la population.

Nous, consommateurs, en entendons peu parler. Pourtant, notre absorption quotidienne d’huile de palme est nocive pour notre propre santé : l’ huile de palme industrielle raffinée est riche en contaminant génotoxiques et cancérigènes comme l’a alerté l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) au cours de l’été 2016.

La solution : changer radicalement nos modes d’alimentation et de déplacement

Il ne reste plus que 70 000 orangs-outans dans les forêts d’Asie du Sud-Est. La politique européenne de soutien aux biocarburants pousse les grands singes toujours plus au bord de l’extinction : chaque nouvelle plantation de palmier à huile détruit une partie de son habitat naturel. Nous devons faire pression sur les politiques pour aider nos plus proches parents. Mais il existe des pratiques quotidiennes pouvant déjà apporter beaucoup.

Ces conseils simples vous aideront à savoir où l’huile de palme se cache et comment l’éviter :

  1. cuisiner soi-même : biscuits poire - amande - noix de coco ? Pizza pomme de terre romarin ? Transformer soi-même des aliments frais permet d’éviter tous les plats préparés contenant de l’huile de palme de l’industrie agroalimentaire. Les huiles végétales européenne telles que l’huile d’olive, de tournesol ou de colza s’adaptent à quasiment toutes les recettes.
  2. lire les étiquettes : la présence d’huile de palme doit être indiquée sur les emballages alimentaires depuis décembre 2014. Mais pas pour les cosmétiques mais et les produits ménagers où elle se cache sous la forme de termes techniques. Il est très facile de trouver des alternatives sans huile de palme sur internet.
  3. le client est roi : « Quels produits sans huile de palme proposez-vous ? Pourquoi n’utilisez pas des huiles locales ? » Poser de telles questions aux fabricants peut leur faire craindre pour la réputation de leurs produits. La pression publique et la prise de conscience accrue du problème a déjà incité plusieurs producteurs à renoncer à huile de palme.
  4. Signer des pétitions et interpeler les politiques : les pétitions en ligne permettent de faire pression sur les politiques responsables des importations d’huile de palme. Avez-vous déjà signé toutes les pétitions de Sauvons la forêt ?
  5. Se faire entendre : les manifestations et autres actions collectives permettent d’atteindre le public et les médias. Ainsi s’accroît la pression sur les décideurs politiques.
  6. Renoncer à la voiture : il est très facile de réaliser la plupart de nos trajets à pied, à vélo ou avec les transports en commun.
  7. Savoir et faire savoir : les milieux économiques et politiques veulent nous faire croire que les biocarburants sont bons pour le climat ou qu’il est possible de produire de l’huile de palme de manière durable. Sauvonslaforet.org informe sur les conséquences de la culture industrielle de l’huile de palme.

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