Trudeau doit mettre fin au désastre des sables bitumineux

Fotomontage : à gauche une vue aérienne d’une zone dévastée par l’extractiond de sables bituineux, à droite le premier ministre canadien Justin Trudeau Le premier ministre canadien Justin Trudeau peut décider à tout moment (© Lou Gold/flickr.com - CC BY-NC-SA 2.0 & Public Domain) Stop à l’extraction de sables bitumineux en Alberta au Canada © thekirbster/flickr.com - CC BY 2.0
260 845 signatures

La plus grande mine de sables bitumineux de tous les temps pourrait bientôt ouvrir au Canada. Elle entrainerait le défrichage ou la déprédation d’une zone sauvage de 292 km² et la destruction de l’habitat des ours et des caribous. Le Parc National Wood Buffalo est menacé. Demandons l’abandon du projet au premier ministre Trudeau.

Mises à jour Appel

Au Premier ministre et au ministre de l’Environnement du Canada

“Le projet Frontier mené par l’entreprise Teck Resources est une catastrophe écologique aux conséquences planétaires. Stop à l’extraction de sable bitumineux !”

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Des trous béants jonchent déjà le nord de l’État de l’Alberta. Du sable contenant des hydrocarbures est extrait dans des mines à ciel ouvert. L’eau polluée par des métaux lourds est stockée dans des lacs artificiels. Des bassins de retenue et des raffineries émettent des gaz toxiques.

Le projet Frontier est une hérésie environnementale qui accumule tous les non-sens écologiques. L’entreprise Teck Resources prévoit un investissement de 13 milliards d’euros et la production, à partir de 2026, de 260 000 barils par jour pendant 40 ans.

Le pétrole issu des sables bitumineux est celui le plus nuisible au monde pour le climat. Son extraction et sa transformation requièrent des quantités d’énergie bien plus importantes que pour le pétrole conventionnel. Pour protéger le climat, le pétrole doit rester dans le sol - sinon la sortie des énergies fossiles devient illusoire.

Des pipelines sont en construction et constituent d’autres véritables bombes écologiques. L’oléoduc Trans Mountain achemine du pétrole jusqu’au Pacifique en passant par les Montagnes Rocheuses. Des risques de fuite existent. Si un pétrolier échouait, la marée noire menacerait la côte et l’habitat des orques.

L’Unesco s’alarme du danger potentiel du projet pour le parc national Wood Buffalo situé à l’embouchure de la rivière Athabasca. Le cours d’eau est déjà pollué et son état pourrait empirer.

Un rapport d’experts, publié après une audition publique, met en garde contre les conséquences écologiques, à savoir la destruction intégrale de 3000 hectares de forêts anciennes et vierges et de 14 000 hectares de zones humides.

La population souffre aussi de la destruction de l’environnement. Les droits des populations indigènes y sont toutefois bafoués.

Le Premier ministre Trudeau peut décider à tout moment. Demandons lui de stopper le désastre !

Contexte

Les forêts boréales du Canada

Les forêts canadiennes s’étendent sur 347 millions d’hectares, dont 270 millions de forêts boréales de conifères. Seuls la Russie et le Brésil ont des superficies forestières plus importantes. 94 % des forêts canadiennes sont propriété de l’État. Les responsables politiques ont ainsi une grande influence et peuvent décider si les forêts seront exploitées économiquement ou protégées, et comment.

Les forêts boréales de pins, d’épicéas, de sapins et de mélèzes abritent des caribous, des loups et de nombreuses espèces d’oiseaux. De nombreux lacs, fleuves et chaînes montagneuses constituent une mosaïque variée de milieux naturels. Les forêts jouent par ailleurs un rôle décisif contre le changement climatique. Elles retiennent deux fois plus de carbone, comme les forêts tropicales.

La surface forestière du Canada a diminué de 1,2 million d’hectares entre 1990 et 2015. Les principales causes de ce recul sont l’exploitation forestière, les projets hydroélectriques et l’activité minière. À cet égard, « l’empreinte écologique » est souvent plus grande que « l’empreinte physique » : des couloirs relativement étroits sont par exemple défrichés pour construire des routes, mais comme les caribous, qui ne les franchissent pas, perdent une grande partie de leur territoire de chasse. Par ailleurs, les animaux se tiennent à une distance d’au moins 500 mètres de ce qui perturbe leur environnement. Les zones de sables bitumineux s’étendent sur 475 000 hectares. En cas d’exploitation complète, une surface de 12,5 millions d’hectares serait détruite.

Le parc national Wood Buffalo - inscrit au patrimoine mondial - en danger

Le parc national Wood Buffalo d’une superficie de 44 807 km² est le plus grand parc national et la plus grande zone canadienne figurant au patrimoine mondial de l’Unesco. Il comprend également le delta situé à l’embouchure des rivières la Paix et Athabasca, le plus grand delta intérieur de la planète.

Le parc national Wood Buffalo a été créé en 1922 et a été déclaré site du patrimoine mondial de l’Unesco en 1983.

L’Unesco décrit le parc national comme étant « l’exemple le plus complet sur le plan écologique et le plus important de tout l’écosystème des grandes plaines et prairies boréales d’Amérique du Nord ». Le rapport prédateur-proie entre le loup et le bison des bois s’est maintenu. Le parc abrite le plus grand troupeau de bisons capable de s’auto-réguler au monde.

Le parc national contient également la dernière zone de nidification de la grue blanche menacée d’extinction (Grus americana). Selon les experts, la population de cette espèce compte tout au plus 250 individus.

Les revenus pétroliers du Canada

Les gisements de sables bitumineux de la province d’Alberta s’étendent sur une surface deux fois plus grande que la Bavière. Les ressources pétrolières du Canada s’élèvent à 170 milliards de barils de pétrole. Seule l’Arabie Saoudite possède des réserves plus importantes.

En 2016, le Canada a produit 2,8 millions de barils de pétrole brut par jour, dont 2,4 millions de pétrole issu de sables bitumineux. D’ici 2030, la production devrait augmenter à 5,1 millions de barils, dont 3,7 millions de pétrole issu de sables bitumineux.

3 tonnes de sable pour 1 baril de pétrole

Le sable bitumineux est souvent appelé sable pétrolifère. Cette dénomination est trompeuse et fait oublier combien son extraction est nocive pour l’environnement. Seul un procédé complexe permet d’extraire le pétrole du bitume présent dans le sable. Deux à trois tonnes de sable permettent d’obtenir un seul baril de pétrole (159 litres). La production engloutit jusqu’à cinq fois plus d’énergie que le pétrole conventionnel. Le carburant émet 23 % de plus de gaz à effet de serre.

Non seulement d’immenses surfaces sont dévastées pour l’exploitation de sables bitumineux, mais l’eau est contaminée à grande échelle. Les bassins d’eaux usées font déjà 176 km². La boue toxique pourrait recouvrir la ville de Cologne sur une hauteur de trois mètres. Les eaux usées contiennent des métaux lourds tels que plomb, mercure, arsenic et hydrocarbures cancérigènes. Une étude réalisée par l’Université de Toronto montre que jusqu’à 1 000 fois plus de substances toxiques s’évaporent des bassins que ce que l’on croyait auparavant. Selon les données de l’Institut Pembina, 11 millions de litres d’eaux usées contaminées s’infiltrent chaque jour dans le sol, contaminant la nappe phréatique et polluant la rivière Athabasca.

L’eau de la rivière Athabasca est contaminée

Des poissons présentent des déformations dans le fleuve et dans le delta. Les indigènes Cris, qui vivent en aval des sites d’exploitation, sont atteints de certains cancers sept fois plus fréquemment que la moyenne de la population canadienne. Des populations indigènes sur le site de Fort Chipewyan attribuent de nombreux décès à la pollution générée par les métaux lourds. Le gouvernement nie tout lien entre les décès et la pollution. Les opposants parlent de racisme.

Jusqu’à présent, les États-Unis sont le principal acheteur de pétrole canadien. La demande est toutefois en recul. La production du gaz naturel et de pétrole au moyen de la fracturation hydraulique connaît un tel essor aux États-Unis que le pays veut mettre un terme à sa dépendance à l’égard des importations de pétrole. À cela s’ajoute la politique énergétique du président américain Donald Trump.

Oléoducs à travers le continent

Le Canada prévoit plusieurs grands pipelines pour le transport du pétrole brut.

Le projet d’expansion du pipeline Trans Mountain a déjà été autorisé et reçu le soutien du Premier ministre Justin Trudeau. Il a même acheté l’oléoduc qui relie les champs de pétrolifères de l’Alberta à la côte pacifique afin de poursuivre son expansion. Le gouvernement de la province de Colombie-Britannique essaie toutefois d’empêcher sa réalisation en s’appuyant sur des exigences environnementales.

Le pipeline Enbridge de la ligne 3 a déjà été autorisé. Il doit conduire vers le Sud jusqu’aux États-Unis. Le pipeline KeystoneXL, qui relie également les champs de sables bitumineux du Canada aux États-Unis, doit permettre de pomper du pétrole sur une distance de 2 700 kilomètres pour l’acheminer jusqu’à des raffineries basées au Texas.

En outre, le secteur pétrolier exige la construction d’un pipeline vers l’Est - pour exporter du pétrole issu des sables bitumineux vers l’Europe. Fin 2017, le groupe TransCanada a toutefois renoncé à son projet Energy East sur la côte Atlantique, sous la pression de l’opinion publique

 

Destinataires de la pétition

En plus de signer la pétition, il vous est possible de contacter directement ses destinataires : 

  • M. Justin Trudeau, Premier ministre du Canada
  • M. Jonathan Wilkinson, Ministre de l’Environnement du Canada

Ambassade du Canada
35, avenue Montaigne
75008 Paris
Tel : +33 (0)1 44 43 29 00
Courriel : paris@international.gc.ca

Sans oublier de les interpeller sur les réseaux sociaux :
Facebook: https://www.facebook.com/JustinPJTrudeau/
Twitter: https://twitter.com/JustinTrudeau

Lettre

Au Premier ministre et au ministre de l’Environnement du Canada

Monsieur le Premier ministre,
Monsieur le ministre de l’Environnement,

Le Canada fait partie des nations les plus boisées au monde. Les anciennes forêts pluviales de la Colombie-Britannique, les forêts d’érables du Québec et les immenses forêts boréales abritent d’innombrables espèces animales et végétales. Elles sont par ailleurs des puits de carbone importants et jouent un rôle essentiel dans la protection du climat à l’échelle mondiale.

Votre pays a donc une responsabilité particulière en matière de protection et de préservation de ses forêts. Malheureusement, le Canada manque souvent à ses devoirs.

Cette attitude est particulièrement dramatique et visible dans les zones de sables bitumineux de l’Alberta. Des pans entiers de cette région sont dévastés depuis de nombreuses années pour l’extraction de sables bitumineux et la production du pétrole le plus nocif au monde pour le climat. L’extraction de sables bitumineux contamine la rivière Athabasca, détruit l’habitat des caribous et ne respecte pas les droits des Premières Nations.

Le projet de mine de sables bitumineux Frontier de la société Teck Resources risque désormais de causer une catastrophe environnementale qui surpasserait toutes les autres. L’entreprise veut produire 260 000 barils de pétrole par jour à partir de 2026 et ce, pendant 50 ans. Autoriser la mine renforcerait la combustion d’énergies fossiles nocives pour le climat, alors que l’humanité doit passer le plus rapidement possible aux énergies renouvelables.

Par ailleurs, le projet menace l’habitat de nombreuses espèces végétales et animales, la rivière Athabasca ainsi que le parc national Wood Buffalo figurant au patrimoine mondial de l’Unesco.

Nous vous demandons en conséquence de :

- stopper le projet Frontier de Teck Resources et, de manière générale, l’extraction de sable bitumineux et de sa transformation,

- stopper la construction d’oléoducs tels que le Kinder Morgan Trans Mountain,

- protéger les forêts canadiennes et le parc national Wood Buffalo inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco,

- respecter les droits des Premières Nations qui refusent les mines de sables bitumineux et les pipelines.

Votre gouvernement a été félicité lors du sommet sur le climat de l’ONU à Bonn après avoir annoncé la sortie du charbon. La poursuite de l’extraction de sables bitumineux rend cette annonce ambiguë.

Le maintien de l’extraction de sables bitumineux contredit les obligations prises par le Canada dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat ainsi que le plan climatique du Canada.

Nous vous demandons d’assumer votre responsabilité en préservant les forêts et en protégeant le climat. Non à l’extraction de sables bitumineux !

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Premier ministre, Monsieur le ministre de l’Environnement, l’expression de notre profond respect.

Mises à jour

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