Suspension de la certification RSPO de plantations d’Agropalma au Brésil

Réunion d’habitants à Vila Gonçalves La population dénonce l’accaparement des terres et la violence dans les zones de plantation d’Agropalma (© Karina Iliescu / Global Witness)

7 mars 2023

Les graves conflits fonciers qui opposent le producteur d’huile de palme Agropalma aux autorités et à la population locale sembleraient avoir enfin des conséquences au Brésil, où des médias rapportent la suspension de la certification RSPO de ses plantations.

La certification des plantations de palmiers à huile du groupe brésilien Agropalma a été suspendue dans l’État amazonien du Pará, en raison de violations des critères de la Table ronde sur l’huile de palme durable (RSPO), rapportent les journaux O Globo et Ver-o-Fato.

Les raisons de cette suspension n’ont pas été publiées par l’organisme certificateur IBD, ce que nous voyons comme un signe supplémentaire du manque de transparence et de crédibilité du label RSPO et des entreprises de certification impliquées.

L’article d’O Globo décrit les conflits entre les activités d’Agropalma et les communautés traditionnelles, qui l’accusent d’appropriation illégale de terres et de fraude foncière, sous le nom de "guerre du palmier à huile".

Selon Ver-o-Fato, des critiques et des demandes d’annulation avaient été adressées à IBD dès l’attribution du label RSPO à Agropalma en 2011. Le journal rapporte en détail de nombreuses violations de la loi du groupe Agropalma sur les 106 000 hectares de terres qu’il revendique, plusieurs décisions de justice à son encontre en rapport avec des transactions foncières illégales et des titres de propriété falsifiés, dont l’annulation de l’enregistrement de 57 000 hectares de terres.

Avec ses fraudes, Agropalma a compromis son avenir et s’étouffe, juge O Fato.

Fin octobre 2022, Sauvons la forêt a lancé la pétition "Agropalma : c’est ça le champion de l’huile de palme durable en Amazonie ?" pour demander aux groupes agroalimentaires et à dix organismes de certification (dont la RSPO) de mettre fin à la tromperie et de garantir une huile de palme sans accaparements des terres ni violences. La pétition, toujours actuelle, a été signée par plus de 67 000 personnes à ce jour. 

Agropalma explique aux médias que la suspension de la certification « serait inappropriée, car ne reflétant pas la réalité et les règles de la RSPO » et, pour cette raison, aurait « fait appel de la suspension ». Selon l’entreprise, les raffineries d’huile de palme de Belém et de Limeira ne sont pas concernées par la suspension et continuent de fonctionner avec leurs certifications RSPO.

Quelle suite ?

Les certificats RSPO sont souvent suspendus pour une durée limitée, avant d’être remis en vigueur peu de temps après. Les processus sont généralement peu transparents et étroitement liés aux intérêts économiques.

Les organismes de certification accrédités par la RSPO, comme IBD, sont directement engagés et payés par les producteurs d’huile de palme qui souhaitent obtenir des labels et se faire contrôler. Cela implique une dépendance financière qui sape leur indépendance et conduisent dans la pratique à un contrôle très laxiste du respect des normes, déjà insuffisantes, de la RSPO.

Des organisations écologistes du monde entier, dont Sauvons la forêt, rejettent le label d’huile de palme RSPO depuis sa création en 2008, le qualifiant de "greenwashing" et de "fraude à l’étiquette". En décembre 2022, 100 organisations ont à nouveau demandé à l’industrie de mettre fin à l’écoblanchiment avec de l’huile de palme certifiée.

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