Projet de barrage au Panama : position de Sauvons la forêt

Grenouille bleue tachetée de noir sur une feuille © Oscar Sogandares

24 mai 2012

La réaction de la DEG à notre pétition « Alerte au barrage : aidons les Ngöbe à protéger leur forêt  » est décevante. La banque de développement s'appuie sur des données superficielles qui ne reflètent pas la réalité de Tabasará. Nous réitérons notre demande à la DEG de ne plus financer le barrage de Barro Blanco. 

Celles et ceux d'entre vous qui ont signé notre pétition ont certainement reçu un courrier électronique de la DEG. Ci-suit la position de notre association concernant cette réponse adressée en anglais par la banque de développement :

La réponse de la DEG concernant le financement du barrage hydroélectrique de Barro Blanco au Panama est exactement la même que nous avions reçu de la banque de développement le 23 mars, c'est-à-dire avant le lancement de notre pétition. 

La DEG fournit des informations qui ne sont pas vérifiables. Elle ne précise pas de quelles « normes internationales » elle parle. Les études mentionnées, notamment « l'étude d'impact environnemental » n'ont pas été publiées. On ne connaît donc ni leur contenu et résultat, ni le nom des experts ou entreprises y ayant participé. 

La seule publication connue était un très superficiel « résumé des impacts sociaux et environnementaux du projet ». Le nom de « l'expert environnemental et social à expérience internationale » responsable de la synthèse reste un mystère. Les populations autochtones Ngöbe-Buglé rejettent cette étude qu'ils considèrent totalement insuffisante et inacceptable.

Barro Blanco est situé à la limite sud des territoires autonomes Ngöbe-Buglé. 5.000 personnes vivent sur le tronçon du Tabarasá devant être englouti. Que les « impacts environnementaux et sociaux sont limités à une zone locale », comme l'écrit la DEG, n'est pas important pour des indigènes dont l'approvisionnement en eau et l'agriculture dépendent quasi-exclusivement du fleuve. Le fait est que l'engloutissement de la vallée aurait un impact direct sur l'existence du peuple Ngöbe-Buglé.

L'Institut de recherche Senckenberg (Francfort, Allemagne) mène des recherches dans les montagnes de Tabasará depuis plusieurs années. Ses chercheurs ont établi que 33 espèces d'amphibiens qui y vivent sont, selon la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN),  en danger (EN) ou en danger critique d'extinction (CR). Certaines de ces espèces sont endémiques, c'est-à-dire qu'elles ne sont présentes qu'à cet unique endroit du globe. Les chercheurs ont publié les résultats de leur étude*. 

Il avait aussi été convenu, dans le cadre d'un dialogue mené par l'ONU, que des études techniques nouvelles et appropriées devaient être effectuées pour le projet. Le chantier devait être suspendu le temps de leurs réalisation. Pourtant la société d'exploitation a repris les travaux, violant l'accord passé. Pour protester, les Ngöbe-Buglé ont occupé le chantier le 19 mai. 

Sauvons la forêt soutient les revendications des écologistes et indigènes au Panama. Ils rejettent le projet de barrage hydroélectrique, appellent à la suspension immédiate du chantier et demandent le retrait des concessions accordées. La DEG et autres banques de développement doivent cesser de financer le projet de barrage Barro Blanco

 

* Andreas Hertz, Sebastian Lotzkat, Arcadio Carrizo, Marcos Ponce, Gunther Köhler, Bruno Streit, 2012: Field notes on findings of threatened amphibian species in the central mountain range of western Panama. Amphibian and Reptile Conservation (2012), Volume: 6, Issue: 2, Pages: 9-30

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Texte de pétition Alerte au barrage : aidons les indiens Ngöbe de Sauvons la forêt


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