Questions et réponses concernant le projet « Une nouvelle forêt pour les chats-ours aux Philippines »

Une jeune écolière plante un arbre Beaucoup d’écoliers et d’étudiants participent au projet (© Mama Earth)

Où la nouvelle forêt va-t-elle être plantée ?

Sur l’île de Mindanao, au sud des Philippines. La surface reboisée de presque 100 hectares se trouve dans le district Buda, 60 kilomètres au nord du volcan du mont Apo, le plus haut sommet des Philippines. Là où poussait auparavant la forêt primaire, d’innombrables exploitations forestières ont détruit la nature pour la vente du bois. Plusieurs décennies après le début du commerce du bois tropical, il ne reste plus beaucoup de zones sauvages dans la région. Beaucoup d’animaux qui peuplaient ces forêts ont été victimes de la destruction de leur milieu de vie. De nombreux autres sont encore menacés.

D’où viennent les plants utilisés dans ce projet ?

Tous les arbres sont cultivés dans des pépinières spécifiquement créées pour ce projet. Le recours à d’autres pépinières est impossible, car elles ne cultivent que des arbres à vocation commerciale. Pour pouvoir planter les arbres adéquats susceptibles de recréer une vraie forêt, les indigènes s’aventurent dans des territoires éloignés afin de ramasser des graines. Ils connaissent bien les arbres de la région et savent à quels endroits et à quelle époque ils vont trouver les graines recherchées.

Pour mener à bien le projet, nous avons besoin de 65 000 arbres. Planter une telle quantité prend beaucoup de temps, d’autant que les équipes sur place ramassent elles-mêmes toutes les graines, les font germer et font croître les petits plants. A ce jour, plus de 2 000 jeunes arbres sont déjà prêts à être replantés dans la nature. Les différentes phases du programme “forêt sauvage” vont sans doute s’étendre jusqu’à fin 2018.

Quelles sont les exigences particulières d’un tel projet de reboisement ?

La reforestation d’une surface dénuée de végétation n’est malheureusement pas chose facile. Dans la nature, les jeunes arbres poussent dans les sous-bois ombragés et beaucoup d’entre eux ne supporteraient pas le soleil direct. La Mama Earth Foundation a trouvé une ingénieuse solution : les arbres vont pousser sous un abri constitué de quatre poteaux en bambous qui soutiennent un filet composé de 4 couches afin de tamiser la lumière du soleil. Au fur et à mesure que les arbres grandissent, les épaisseurs du toit de l’abri sont retirées une par une, au rythme d’environ une tous les deux mois. Une fois que les arbres sont assez forts pour supporter les rayons du soleil, la dernière couche est retirée et ils peuvent continuer leur croissance sans protection.

Quels arbres tropicaux sont plantés ?

Pour l’instant, ces 10 espèces endémiques doivent par exemple être plantées, certaines pouvant atteindre 75 mètres de hauteur :

  • Agathis philippinensis, très rares mais pas encore menacés
  • Dracontomelon dao, dont la population est très limitée
  • Pterocarpus indicus, sur liste rouge
  • Anisoptera thurifera, sur liste rouge
  • Tectona philippinesis, rare mais pas encore menacé
  • Shorea negrosensis, sur liste rouge
  • Shorea polysperma, sur liste rouge
  • Ficus salisi, population limitée
  • Shorea squamata, liste rouge
  • Hopea odorata, liste rouge

Le projet a-t-il déjà commencé ? A-t-on un premier retour d’expérience ?

Oui, le projet a commencé par la mesure de la surface et par l’installation de la pépinière. La Mama Earth Foundation a déjà mené des projets de ce type avec succès, parmi lesquels le reboisement de la grotte aux chauve-souris sur l’île de Samal, les plantations à Marharlika ou à Upper Kibalang, où les 8 000 Pterocarpus indicus plantés ont complètement transformé le paysage. Ces expériences très positives sont une bonne motivation pour la poursuite de notre projet.

Est-ce qu’une nouvelle forêt tropicale va naître de ces plantations ?

La forêt primaire originelle est irrémédiablement détruite. Grâce à notre projet, une nouvelle forêt mixte composée d’arbres endémiques va voir le jour. Pendant les trois premières années de sa vie, cette forêt va être soignée avec des méthodes traditionnelles qui influencent le moins possible le futur écosystème. Ensuite, la forêt continuera à se développer par elle-même.

Qui mène le projet sur place ?

Notre partenaire aux Philippines est la Mama Earth Foundation, avec qui nous travaillons déjà depuis longtemps dans cette région. L’allemand Ulrich Kronberg fait partie de la direction de cette association environnementale. Il vit sur place depuis plusieurs années et connait bien le pays et ses habitants. Le projet est de plus soutenu par l’autorité administrative environnementale des Philippines (Department of Environment and Natural Resources, DENR), et le conseil des indigènes. Les présidents des branches locales des tribus Ovo-Manobo et Matigsalung soutiennent le reboisement et ont d’ailleurs déjà donné l’instruction aux membres de leurs tribus d’apporter tout le soutien possible à notre projet.

Quels animaux vivent dans cette zone ?

Plusieurs espèces rares ou endémiques peuplent cette région, comme le calaos ou l’aigle des singes. On y trouve également des cerfs, des sangliers, des viverridés (binturong), des écureuils volants et des chauve-souris, qui ont urgemment besoin d’un plus vaste territoire.

Voici une liste non exhaustive des espèces qui composent l’incroyable faune locale :

  • Le macaque à longue queue (Macaca fascicularis philippensis)
  • La civette palmiste hermaphrodite (Paradoxurus hermaphroditus)
  • Le binturong ( Arctictis binturong), aussi appelé chat-ours
  • Le galéopithèque (Cynocephalus volans), un petit mammifère proche des écureuils volants
  • Le sanglier des Philippines (Sus philippensis)
  • Le cerf des Philippines (Rusa marianna)
  • L’aigle des singes ou aigle des Philippines (Pithecophaga jefferyi)
  • Le Milan sacré (Haliastur indus), un rapace
  • Le serpentaire des Philippines (Spilornis holospilus)
  • Le grand-duc des Philippines (Bubo philippensis)

Est-ce que le projet reçoit l’agrément et la coopération des autorités étatiques et administratives ?

Absolument. Il n’était pas possible d’organiser un tel projet sans l’accord officiel des autorités compétentes. L’autorité nationale en matière environnementale (DENR) collabore étroitement avec nous sur ce projet. C’est notamment elle qui a passé tous les accords avec le conseil tribal (Tribal Concil) afin de donner une protection légale aux zones reboisées.

Par ailleurs, la Philippine Eagle Foundation est également impliquée dans ce programme de reboisement. Cette organisation, qui travaille avec dévouement pour la conservation de l’habitat des aigles, a déjà réussi à réintroduire de nombreux aigles dans la nature.

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