Nous sommes responsables de ce que nous importons

Rupture d’un barrage au Brésil La coulée de boue toxique a fait au moins 157 morts, dévastant la nature sur son passage (© EFE News Agency / Alamy Stock Foto)
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Une rupture de barrage minier a fait 157 morts et contaminé l’environnement au Brésil. Des millions de tonnes de fer, de fonte et d’acier sont importés en France chaque année, utilisés entre autres dans l’industrie de l’automobile et de la construction. Agissons de manière responsables avec les matières premières que nous importons !

Appel

Aux gouvernements de la France et des autres États membres de l’UE

“Stop aux catastrophes comme au Brésil ! La France doit assumer sa responsabilité et instaurer des règles contraignantes pour l’importation de matières premières”

Afficher la lettre de pétition

Au Brésil, le barrage d’une mine de fer a de nouveau cédé. 12 millions de tonnes de déchets miniers contaminés provenant de la mine Córrego do Feijão se sont déversées dans la région du Minas Gerais.

Le complexe minier, les habitations, les fleuves et la végétation tropicale ont été recouverts par jusqu’à 15 mètres de boue toxique. Au moins 157 personnes sont mortes et 182 autres portées disparues.

Le Brésil est le deuxième producteur de minerai de fer au monde, avec une extraction annuelle de plus de 430 millions de tonnes (2016). L’exploitant minier brésilien Vale est le deuxième plus grand groupe de matières premières et le premier exportateur mondial de minerai de fer, avec un chiffre d’affaires de 34 milliards de dollars (2017).

Il y a 3 ans, une rupture de barrage dans une mine de fer détenue par Vale à Mariana au Brésil avait déjà fait 19 morts. 64 millions de m3 de boues ont contaminé le fleuve Rio Doce jusqu’à l’Atlantique.

Les responsables de la catastrophe ne se trouvent pas seulement en Amérique du Sud, mais également en Europe et en Amérique du Nord. Nous consommons chaque année des millions de tonnes de produits sidérurgiques pour nos voitures, nos machines, nos produits de consommation et l’industrie du bâtiment.

La France importe presque 14 millions de tonnes de fer (2016) par an, la valeur des produits sidérurgiques importés s’élevant à 15 milliards de dollars.

Le gouvernement et les acteurs économiques français doivent assumer la responsabilité des chaînes d’approvisionnement. Ils doivent garantir le respect des normes environnementales et de sécurité ainsi que des droits de l’homme et du travail lors de la production des matières premières.

Les engagements volontaires des entreprises ne suffisent pas, nous avons besoin de réglementations et de lois contraignantes.

Contexte

Le groupe Vale

Dans le complexe minier de Paraopeba, qui fait partie de la mine Córrego do Feijão à Brumadinho, Vale extrait près de 27 millions de tonnes de minerai de fer chaque année, soit 7 % du fer extrait par le groupe.

Des caméras de sécurité du groupe minier ont filmé la rupture de barrage. Le remblai de 83 mètres de haut s’est rompu en quelques secondes. Une coulée composée des matériaux du barrage et de 12 tonnes de boue minière toxique s’est répandue dans la vallée à toute vitesse, emportant tout sur son passage avec une puissance inouïe.

D’autres barrages miniers menacent de céder à tout moment

Il y a 3 ans, 19 personnes avaient perdu la vie lors d’une rupture de barrage similaire dans une mine de fer brésilienne appartenant à l’entreprise Samarco à Mariana, une joint-venture entre Vale et le groupe minier australien BHP Billiton. 62 millions de m3 de boues d’épuration avaient alors contaminé le fleuve Rio Doce sur 800 kilomètres jusqu’à l’Atlantique. Le réseau de coopération KOBRA qualifie ce désastre de crime écologique et de triple record mondial négatif de l’histoire de l’industrie minière.

Au moins 717 autres barrages utilisés comme bassins de rétention de boues minières sont exploités au Brésil, rapporte O Globo. Un très grand nombre d’entre eux sont jugés peu sûrs. D’autres ruptures de barrage menacent à tout moment, notamment après les chutes de pluie.

Règlement sur les minerais provenant de régions de conflit

Le Règlement sur les minerais provenant de zones de conflit (UE) est entré en vigueur en 2012 seulement. Le règlement de l’UE va certes dans la bonne direction, mais n’est pas assez ambitieux. Il doit donc être étendu et amélioré dans les plus brefs délais :

Il ne comprend jusqu’à présent que quatre matières premières (l’étain, le tantale, le tungstène et l’or) extraites dans des régions politiquement très instables ou concernées par des guerres. Une grande partie de l’industrie de transformation, qui fabrique des voitures, des machines ou des machines électriques à partir de ces matières premières, n’est donc pas concernée. De même, les aspects environnementaux, les pays gravement corrompus et d’autres sujets problématiques ne sont pas inclus dans le règlement.

La corruption est répandue dans le monde de l’industrie minière. Beaucoup d’entreprises obtiennent des licences d’extraction hautement convoitées en échange de pots-de-vin, de nombreux rapports d’expertise et autorisations environnementales sont également achetés de cette manière. Le Brésil est classé 35e sur 105 dans l’Indice de Perception de la Corruption (Corruption Perceptions Index, CPI) de l’Organisation Transparency International (TI), avec une très mauvaise note CPI. 

En Suisse, des activistes ont manifesté devant le siège international du groupe de Vale, rapporte le quotidien Tagesanzeiger. Les manifestants portaient des masques de conseillers fédéraux et de conseillers d’État suisses, qu’ils considèrent comme les principaux responsables de la politique d’exonération fiscale, qui attire des entreprises multinationales telles que Vale en Suisse.

Lettre

Aux gouvernements de la France et des autres États membres de l’UE

Monsieur le Président,
Monsieur le Premier ministre,
Monsieur le Ministre de l’économie,
Madame, Monsieur,

Le groupe minier brésilien Vale, dont le siège se trouve en Suisse, et les autorités brésiliennes ne sont pas les seuls responsables de la nouvelle rupture dévastatrice de barrage survenue dans une mine de fer, qui a coûté la vie à plus de 150 personnes et a massivement contaminé l’environnement.

Le gouvernement français et les entreprises de notre pays ont un devoir à remplir : nous importons 14 millions de tonnes de minerai ainsi que de grandes quantités de fonte et d’acier chaque année. Ces matières premières permettent à des entreprises françaises de produire de l’acier et des tôles destinés à l’industrie automobile, au secteur des machines et des biens de consommation, ainsi qu’à l’industrie du bâtiment.

Les manquements catastrophiques en matière de sécurité et les répercussions négatives de l’industrie minière sur l’environnement et les habitants sont documentés depuis de nombreuses années – au Brésil et dans de nombreux autres pays producteurs.

Nous devons assumer la responsabilité de l’ensemble de la chaîne de matières premières et d’approvisionnement de notre économie.

Nous demandons
• l’introduction de règles contraignantes concernant les flux de ressources et leur traçabilité totale,
• l’adoption d’obligations de diligence en matière de droits de l’homme et de protection de l’environnement,
• le traitement prioritaire des droits de l’homme et de la protection environnementale dans les traités sur le commerce, les investissements et les matières premières,
• l’élargissement du « Règlement de l’UE sur les minerais provenant de régions de conflit » à toutes les matières premières importantes, à l’industrie de transformation et à la protection de l’environnement.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, Monsieur le Premier ministre, Monsieur le Ministre de l’économie, Madame, Monsieur, l’expression de notre profond respect.

L’aluminium en 5 minutes

Situation actuelle : l’aluminium, un métal présent au quotidien

Inoxydable, facilement malléable et moitié moins lourd que l’acier mais aussi solide. Grâce à ses qualités, l’aluminium est particulièrement apprécié dans le domaine de la construction et des transports. Près de la moitié de la production mondiale d’aluminium est destinée à ces secteurs. En Allemagne, c’est l’industrie automobile qui est la plus grande consommatrice du léger métal : chaque voiture contient jusqu’à 150 kilogrammes d’aluminium.

Près de 20% de l’aluminium est contenu dans des emballages : ne laissant pas passer la lumière et neutre au niveau du goût, l’aluminium est prisé pour la fabrication de capsules de café, de boîtes de conserve et autres couvercles de yaourts. Il est aussi utilisé comme anti transpirant dans les déodorants et il régule la texture des crèmes. On le retrouve également dans certains médicaments.

La demande d’aluminium a considérablement augmenté ces dernières années, ce qui a eu des conséquences désastreuses.

Les conséquences : l’aluminium ou la mort rouge

L’aluminium est certes le métal le plus présent de l’écorce terrestre mais il n’existe que sous une forme liée. La fabrication du brillant aluminium à partir du minerai de bauxite implique de nombreux problèmes environnementaux :

  1. Déforestation tropicale pour l’extraction de la bauxite
    Une grande part de la bauxite extraite se trouve dans des pays possédant une forêt tropicale. Pour atteindre la fine couche rocheuse située sous la surface de la terre, des arbres sont abattus sur d’immenses surfaces en Australie, en Indonésie, au Brésil et en Guinée. À Porto Trombetas au Brésil, une surface équivalente à 250 terrains de football est déforestée chaque année afin de permettre l’extraction de bauxite.

  2. Déchets toxiques
    L’aluminium est extrait de la bauxite grâce à des procédés chimiques lourds. Pour une tonne d’aluminium, on provoque jusqu’à quatre tonnes de boues rouges (en raison de leur teneur élevée en fer) nocives. Elles sont stockées dans de vastes bassins et souvent des fuites ou des ruptures de digues provoquent l’inondation de villages entiers par les masses de boues corrosives. Des métaux lourds toxiques tel que le plomb, le cadmium et le mercure transforment des fleuves en zones mortelles toxiques. Même en dehors de tout accident, la pénétration de substances toxiques pour l’environnement dans l’air, les sols et les eaux a de graves conséquences : les personnes qui vivent à proximité des usines d’aluminium se plaignent de la pollution de l’eau, de maladies de peau et de la mort des poissons.

  3. Forte consommation d’énergie lors de la transformation
    La production d’une tonne d’aluminium nécessite 15 mégawatts-heure, soit la consommation d’un foyer de 2 personnes pendant cinq ans. L’énergivore production d’aluminium est uniquement rentable avec la mise à disposition d’une grande quantité d’électricité et à très bas prix. Au Brésil par exemple, on construit de gigantesques barrages hydroélectriques et les terres des communautés indigènes sont inondées.

Les conséquences négatives de ce métal ne concernent pas seulement les pays où a lieu sa production. L’aluminium menace également notre santé dans des produits quotidiens : des sels se dégageant des feuilles d’aluminium et des éléments en aluminium présents dans les déodorants et les médicaments peuvent s’accumuler dans notre corps, et ils sont soupçonnés de déclencher le cancer et la maladie d’Alzheimer.

La solution : bon sans emballage

L’aluminium est partout dans notre vie quotidienne. Sa production a augmenté de près de 60% entre 2009 et 2016 pour passer à 58,3 millions de tonnes par an et elle est surtout destinée à des produits de consommation courante. Le potentiel d’économie en est d’autant plus important.

  1. Fait maison et intelligemment emballé : l’aluminium est souvent présent dans les emballages de la nourriture qu’on mange en chemin. Sandwichs végétariens et autres barres de müsli ne sont pas exemptés. Avec un peu d’organisation, il est tout à fait possible de préparer des collations pour le bureau ou l’école à la maison. On peut utiliser des récipients réutilisables pour transporter nos aliments (tupperwares, …) et boissons (gourdes, bouteilles recyclables, …). Cela permet d’économiser beaucoup de déchets d’emballage.

  2. Du café sans capsules : un kilo de café en dosettes coûte jusqu’à 80 € pour le consommateur. Un plaisir onéreux qui coûte cher aussi à l’environnement. Jusqu’à trois grammes d’emballage sont nécessaires pour six à sept grammes de café. En France, Nespresso a vendu 1,85 milliard de capsules au cours de la seule année 2014. Il est beaucoup moins cher et bien meilleur pour l’environnement d’utiliser une cafetière à piston ou une machine à espresso en acier inoxydable, voire une machine automatique pour les gros consommateurs.

  3. Une deuxième vie : les emballages en aluminium ne peuvent pas toujours être évités. Mais théoriquement la matière première qu’on trouve dans les emballages de médicaments et autres peut être indéfiniment réutilisée si chacun de nous trie correctement ses déchets.

  4. Conserver plus longtemps au lieu que jeter : boîtiers d’ordinateurs, étagères en aluminium, barres de tapis – l’aluminium est présent dans de nombreux objets ménagers. Lorsque nous investissons dans des produits de qualité et les utilisons aussi longtemps que possible, nous réduisons notre consommation d’aluminium.

  5. Se déplacer sans voiture : les jusqu’à 150 kilogrammes d’aluminium que contient une voiture peuvent être un bon argument pour ne pas acheter une nouvelle voiture et préférer utiliser le vélo, le bus et le train.

  6. En bonne santé sans aluminium : pour préserver sa santé, il est conseillé d’utiliser des produits cosmétiques naturels sans aluminium et de choisir un déodorant sans sels d’aluminium (par exemple sur une base de soude). Les pharmaciens peuvent souvent recommander des alternatives aux médicaments contenant de l’aluminium (par exemple contre les brûlures d’estomac). L’institut fédéral allemand d’évaluation des risques prévient qu’il ne faut en aucun cas placer des aliments acides dans une feuille d’aluminium : des sels d’aluminiums toxiques seraient susceptibles de passer dans les aliments.

  7. diffuser les informations et faire entendre sa voix : notre association s’efforce de montrer le rapport existant entre les capsules de café et la destruction de la forêt tropicale sur sa page internet. La diffusion de ces informations sur les dangers liés à l’aluminium est essentielle. Les entreprises pourraient être amenées à réfléchir si la demande de produits contenant de l’aluminium baisse. Les pétitions en ligne constituent un autre outil de pression. Merci donc de les signer et de les partager…

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