Empêchons l’invasion de la forêt des chats sauvages par les VTT

Chat sylvestre (Felis silvestris silvestris) appelé également chat forestier ou chat sauvage d’Europe Les chats sauvages d’Europe sont très sensibles aux perturbations (© Harry Neumann) Un vététiste en train de faire un saut avec son VTT
104 809 signatures

Le chat sauvage d’Europe est une espèce strictement protégée. Pour survivre, il a besoin de vastes forêts dans lesquelles il n’est pas dérangé. C’est justement dans l’une de ces zones protégées qu’un parc VTT est projeté dans le massif du Hunsrück en Allemagne. Celui-ci pourrait entrainer la disparition des chats forestiers.

Appel

À la Ministre-Présidente et à la Ministre de l’Environnement de Rhénanie-Palatinat, aux municipalités de Stipshausen et Rhaunen

“Ne compromettons pas la survie des chats forestiers dans le parc naturel de Sarre-Hunsrück ! Merci d’empêcher la réalisation du parc VTT « Bikepark Idarkopf »”

Afficher la lettre de pétition

L’Idarkopf est une destination idéale pour tous ceux qui souhaitent découvrir les hauteurs de la Rhénanie-Palatinat. Ce massif de 745 mètres d’altitude, couronné par une tour de guet, délimite la pointe nord du Parc naturel de Sarre-Hunsrück. Au pied de la tour s’étendent des forêts et des prés qui constituent une réserve naturelle conforme aux normes européennes. Cette zone dite « FFH » fait partie du réseau Natura 2000. 

Les timides chats forestiers vivent en toute quiétude dans ce sanctuaire. La population de cette espèce strictement protégée se reconstitue progressivement en Allemagne. Mais la tendance pourrait bien s’inverser sur le massif de l’Idarkopf, si un parc VTT venait à être construit

Le projet Bikepark Idarkopf ne fait pas dans la demi-mesure. Il ne s’agit pas d’aménager quelques pistes cyclables en forêt mais de construire un réseau de 23 km composé de trails avec des tremplins de saut, des rampes, un pump track et une remontée mécanique.

Le parc doit accueillir 27.000 visiteurs par an. Un chiffre qui pourrait doubler d’ici 5 ans s’il devenait « le meilleur parc d’Allemagne », comme l’espèrent ses promoteurs. A cela s’ajoute  l’organisation de grands événements pouvant réunir 30.000 personnes supplémentaires. Il est à craindre que de nombreux vététistes quittent les sentiers balisés…

Les municipalités locales sont disposées à contourner leur obligation de protéger la nature en octroyant des dérogations afin d’imposer le parc VTT dans une zone FFH. Le gouvernement de Rhénanie-Palatinat a même projeté d’accorder une garantie pour le coûteux projet.

Nous demandons à toutes les personnes impliquées de prendre la protection de la nature au sérieux : le parc VTT « Bikepark Idarkopf » est une menace pour la nature et ne doit jamais voir le jour.

Merci de signer notre pétition !

Contexte

Chat sauvage d’Europe

L’Office fédéral allemand de la protection de la nature écrit:

« Si l’aire de répartition du chat sylvestre (Felis silvestris silvestris) a fortement régressé au cours des siècles derniers, l’espèce est de nouveau présente dans de nombreuses régions d’Allemagne.

Le chat sauvage d’Europe (appelé également «chat forestier» ou «chat sylvestre») est une espèce strictement protégée selon la Loi fédérale allemande relative à la protection de la nature. Elle est par ailleurs répertoriée dans l’annexe IV de la directive FFH. L’état de conservation du chat sylvestre est actuellement défavorable. L’espèce est classée comme menacée dans la liste rouge des vertébrés. Le chat forestier est particulièrement exigeant en matière d’habitat. Il a besoin d’espaces richement structurés, calmes et suffisamment interconnectés.

Les principaux facteurs de risque sont le recul de ces habitats, leur fragmentation et leur morcellement ainsi que la mortalité par collision avec des véhicules routiers. »

Parc naturel de Sarre-Hunsrück

Créé en 1980, le parc naturel de Sarre-Hunsrück s’étend sur une surface de 2055 km² en Rhénanie-Palatinat et en Sarre. Il est géré par l’association du même nom.

Selon les défenseurs de l’environnement, il n’existe pas de surfaces de compensation dans lesquelles les chats sauvages et d’autres animaux pourraient déplacer leur habitat après la construction du parc VTT et ce, malgré la taille du parc naturel. La perte de biotopes tels que des prairies de fauche de montagne ou des landes montagnardes ne pourra pas être compensée.

Entreprise ecoparc concepts UG

En septembre 2018, l’entreprise ecoparc concepts UG a organisé Audi Nines, le plus « grand événement médiatique de VTT Freeride au monde » à proximité du futur parc VTT.

Une émission de la chaîne de télévision allemande SWR (voir ci-dessous) montre les efforts qui ont été accomplis pour aménager une ancienne carrière de pierre en vue d’accueillir l’événement. Le journaliste termine son reportage en précisant que l’entreprise souhaiterait organiser la prochaine édition de la manifestation sur le massif de l’Idarkopf.

Le bike-park de Whistler (Canada) sert de modèle au projet.


Destinataires de la pétition

Mme Maria Luise Anna Dreyer, Ministre-Présidente de Rhénanie-Palatinat
Mme Ulrike Höfken, Ministre de l’Environnement de Rhénanie-Palatinat
Représentants de l’administration
Représentants des municipalités de Stipshausen et Rhaunen

Lettre

À la Ministre-Présidente et à la Ministre de l’Environnement de Rhénanie-Palatinat, aux municipalités de Stipshausen et Rhaunen

Madame la Ministre-Présidente,
Madame la Ministre de l’Environnement,
Madame, Monsieur,

Nous vous adressons ce courrier, car chacun d’entre vous a le pouvoir de stopper ou d’empêcher le « Bike und Naturerlebnispark Idarkopf », un projet néfaste pour l’environnement dans le parc naturel de Sarre-Hunsrück et la zone FFH.

L’entreprise ecoparc concepts prévoit de construire un parc VTT de 23 kilomètres comportant des trails, une remontée mécanique et d’autres aménagements à Stipshausen / Rhaunen. Une surface d’environ 45 hectares est directement concernée. 27.000 visiteurs sont attendus chaque année et ce nombre est amené à doubler en cinq ans.

Les dommages pour l’environnement seront considérables et ne se limiteront pas au parc VTT, principalement situé dans la zone FFH de l’Idarkopf, mais ils se propageront loin dans le parc naturel de Sarre-Hunsrück.

Le projet pourrait signifier la disparition des chats sylvestres dans la région. Farouche, cet animal est une espèce strictement protégée selon la Loi relative à la protection de la nature (BnatSchG) et est particulièrement sensible aux perturbations qui affectent son habitat. D’autres espèces telles que les gélinottes des bois occidentales et les lézards des souches sont également menacées.

Les prairies de fauche de montagne et les landes montagnardes, qui se sont développées après l’abandon d’une remontée mécanique, seront détruites par le projet.

Il n’existe aucune mesure de compensation efficace pour la faune et la flore.

La Commission européenne a lancé une procédure d’infraction contre l’Allemagne, car la République fédérale ne remplit pas ses obligations vis-à-vis de la protection des espèces et de la nature conformément à la directive FFH. C’est également pour cette raison qu’il serait irresponsable d’autoriser le parc VTT et donc la destruction d’une zone FFH.

Madame la Ministre-Présidente, nous vous demandons de ne pas accorder de garantie à un projet qui menace de détruire la nature.

Madame la Ministre de l’Environnement, représentantes et représentants des autorités, nous vous demandons de respecter les lois et ordonnances environnementales, au lieu de les contourner en accordant des dérogations ou des exemptions.

Représentantes et représentants des municipalités de Stipshausen et de Rhaunen, nous vous demandons d’abandonner le projet « Bike und Naturerlebnispark Idarkopf » (VTT et parc-découverte à Idarkopf).

Nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre-Présidente, Madame la Ministre de l’Environnement, Madame, Monsieur, l’expression de notre profond respect.

La biodiversité en 5 minutes

Situation actuelle : pourquoi la biodiversité est-elle si importante?

 

La biodiversité ou diversité biologique comprend trois domaines très étroitement liés : la diversité des espèces, la diversité génétique au sein des espèces et la diversité des écosystèmes tels que les forêts ou les océans. Chaque espèce fait partie d’un réseau de relations très complexe. La disparition d’une espèce a un impact sur de nombreuses autres espèces et sur des écosystèmes entiers.

Près de 2 millions d’espèces ont été décrites à ce jour dans le monde, mais leur nombre est bien plus élevé selon les expert·e·s. Les forêts tropicales humides et les récifs coralliens comptent parmi les écosystèmes les plus riches en espèces et les plus complexes de la planète. Environ la moitié de l’ensemble des espèces animales et végétales vivent dans les forêts tropicales.

La diversité biologique mérite d’être protégée en tant que telle et constitue en même temps la base de notre subsistance. Chaque jour, nous utilisons de la nourriture, de l'eau potable, des médicaments, de l'énergie, des vêtements ou des matériaux de construction. Les écosystèmes intacts assurent la pollinisation des plantes et la fertilité des sols, la purification de l’eau et de l’air et le stockage du CO2 nocif au climat. Ils nous protègent des catastrophes environnementales telles que les inondations ou les glissements de terrain.

La nature est par ailleurs à la fois le foyer et un lieu spirituel de nombreux peuples indigènes. Les Autochtones sont les meilleur·e·s gardien·ne·s de la forêt tropicale. Les écosystèmes où vivent les communautés indigènes sont particulièrement intacts. 

L’établissement du lien entre la disparition de la nature et la propagation de maladies ne date pas de la crise mondiale du Coronavirus SARS-CoV-2. Une nature intacte et diversifiée nous prémunit contre de nouvelles pandémies.

Les conséquences : disparition des espèces, faim et crise climatique

 

L’état de la nature s’est considérablement détérioré dans le monde entier. Environ un million d’espèces animales et végétales sont menacées de disparaître au cours des prochaines décennies. 37 400 espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction selon la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature. Un triste record ! Les experts parlent d’une sixième extinction de masse dans l’histoire de la Terre. Le taux actuel d’extinction des espèces au niveau global est des centaines de fois plus élevé que lors des 10 derniers millions d’années, et ce en raison de l’influence humaine.

De nombreux écosystèmes de la planète - 75 % des zones terrestres et 66 % des zones marines - sont également menacés. Seuls 3% de ceux-ci sont écologiquement intacts, certaines parties de l’Amazonie et du bassin du Congo par exemple. Les écosystèmes riches en espèces, tels que les forêts tropicales et les récifs coralliens, sont particulièrement touchés. Environ 50 % des forêts tropicales ont été détruites au cours des 30 dernières années. La mort des coraux continue d’augmenter en raison de l’augmentation de la température mondiale.

Les principales causes du déclin massif de la biodiversité sont la destruction des habitats, l'agriculture intensive, la surpêche, le braconnage et le réchauffement climatique. Environ 500 milliards de dollars US par an sont investis dans le monde entier dans la destruction de la nature : pour l’agriculture industrielle, les subventions pour le pétrole et le charbon, la déforestation et l’imperméabilisation des sols.

La perte de biodiversité a des conséquences sociales et économiques considérables.  L’exploitation des ressources se fait au détriment de milliards de personnes dans le Sud. L’ONU ne pourra atteindre ses 17 objectifs de développement durable (ODD), comme l’élimination de la faim et de la pauvreté, que si la biodiversité est conservée dans le monde entier et utilisée durablement pour les générations futures.

Sans la préservation de la biodiversité, la protection du climat est également menacée. La destruction des forêts et des tourbières, qui constituent d’importants puits de CO2, exacerbe le changement climatique.

La solution : moins, c’est plus!

 

Notre planète ne possède pas des ressources naturelles en quantité illimitée. Nous, humains, en consommons pourtant deux fois plus que ce que la Terre met à disposition chaque année.  Au rythme actuel de consommation des ressources, ce sera au moins trois fois plus d’ici 2050. La préservation la biodiversité comme base de notre vie nécessite une augmentation de la pression sur les décideur·euse·s politiques. Elle nécessite également des actions à mettre en œuvre dans notre vie quotidienne. 

Conseils pratiques pour la préservation de la biodiversité

  1. Manger végétal : plus de fruits et de légumes colorés et de tofu dans notre assiette, moins ou pas du tout de viande ! Environ 80 % des terres agricoles du monde sont utilisées pour l’élevage et la production d’aliments pour animaux.
  2. Régional et Bio : consommer des aliments issus de l’agriculture biologique permet d’éviter les immenses monocultures industrielles et l’utilisation de pesticides. Acheter des produits régionaux permet d’économiser d’importantes quantités d’énergie.
  3. Agir à bon escient : ai-je vraiment besoin de nouveaux vêtements ou d’un téléphone portable ? Ou bien puis-je me procurer des objets d’usage courant d’occasion ? Il existe de bonnes alternatives aux produits contenant de l'huile de palme ou du bois tropical. Les animaux de compagnie en provenance des régions tropicales, tels que les perroquets ou les reptiles, sont à proscrire. Calculez votre empreinte écologique dès maintenant.
  4. Devenir un·e ami·e des abeilles : pollinisateurs et autres insectes sont heureux d’avoir accès à une grande variété de plantes savoureuses sur les balcons et dans les jardins. Pour celles et ceux ne possédant pas leur propre coin de verdure, il est possible de participer à un projet de conservation de la nature dans leur région.
  5. Soutenir les protestations : les différentes manifestations et pétitions contre le réchauffement climatique ou en faveur d’un changement de l’agriculture font pression sur les  décideur·euse·s politiques, qui sont également responsables de la protection de la biodiversité.

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