Stop au pillage des océans pour l’aquaculture !

Poisson Blanche fil © Changing Markets
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Surpêche, déchets plastiques, substances toxiques : comment sauver nos océans ? Certainement pas avec l’aquaculture actuelle, qui est tout sauf une alternative écologique. Près de 20 % des poissons sauvages pêchés dans le monde sont transformés en farines et en huiles largement utilisées pour nourrir les poissons d’élevage.

Appel

À Auchan, Casino, Leclerc, Monoprix, Système-U et tout autre supermarché concerné

“Les mers sont surexploitées et polluées pour nourrir les poissons, crustacés, crevettes et coquillages d’élevages. Aidez à stopper l’aquaculture actuelle.”

Afficher la lettre de pétition

La consommation mondiale de poissons et d’animaux marins a doublé au cours des 50 dernières années. Chaque année, 52 millions de tonnes, soit plus de la moitié des poissons, crevettes et coquillages consommés, proviennent de fermes d’élevage. L’industrie produit du saumon dans des cages flottantes en mer, de la crevette dans des étangs artificiels le long des côtes ou des fruit de mer dans des usines.

L’aquaculture est tout sauf une solution à la surpêche et à la pollution des océans. Loin de résoudre les problèmes, elle les aggrave en utilisant d’énormes quantités de farine et d’huile de poisson pour engraisser les animaux. Ainsi, jusqu’à 5 kg de sardines, maquereau ou anchois sont nécessaires pour produire 1 kg de saumon. Un gaspillage gigantesque.

Plus des 2/3 de la farine et des 3/4 de l’huile de poisson produites dans le monde servent d’aliments pour animaux dans des fermes d’élevage.

La fondation Changing Markets a étudié comment les flottes de pêche vident les océans d’Afrique et d’Asie pour approvisionner des usines de farine de poisson en Gambie, en Inde et au Vietnam. La nourriture pour poissons produite est ensuite envoyée dans des fermes aquacoles en Chine, en Norvège ou en Grande-Bretagne. Pour finir, les animaux nourris avec ces aliments atterrissent dans les congélateurs de supermarchés comme Auchan, Casino, Leclerc, Monoprix, Système-U (page 5).

Les fermes aquacoles polluent également les mers en y rejetant de grandes quantités d’excréments, produits chimiques, antibiotiques et déchets.  Elles colonisent criques, côtes et mangroves où elles détruisent les écosystèmes. Et cette industrie affecte les moyens de subsistance des petits pêcheurs locaux.

Merci de signer notre pétition. Et n’achetez pas de poissons, crustacés, crevettes et coquillages provenant de ces fermes d’élevage !

Contexte

Le nombre de fermes d’élevage d’animaux marins ne cesse d’augmenter dans le monde. De grands groupes opérant à l’échelle mondiale élèvent des poissons (saumons, cabillauds et daurades) dans des cages flottantes en mer, cultivent des moules bleues sous des radeaux, des crevettes et des crustacés tropicaux dans des étangs créés dans des forêts de mangroves. Ils élèvent des soles, des turbots et d’autres animaux marins dans des cuves installées dans des usines sur terre.

Des «super saumons» génétiquement modifiés, dont la vente est autorisée aux États-Unis et au Canada, sont déjà produits en Amérique du Nord.

Selon les estimations de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’aquaculture devrait atteindre une production de 109 millions de tonnes en 2030, ce qui couvrirait 60 % de la consommation de poisson mondiale. En revanche, la capture de poisson sauvage et d’autres animaux marins s’est stabilisée aux environs de 90 millions de tonnes par an depuis des années.

De nombreuses espèces de poissons, de crevettes et d’autres animaux marins provenant de l’aquaculture ont besoin de protéines animales issues de la mer dans leur alimentation. Près de 90 % des espèces transformées en farine de poisson pourraient être utilisées pour la consommation humaine, explique la fondation Changing Markets dans les deux études (en français) Fishing for Catastrophe et Petits poissons ne deviendront pas grands - ou comment l’aquaculture industrielle pille les océans. Par ailleurs, les chalutiers de l’industrie de la farine de poisson capturent souvent de grandes quantités de poissons juvéniles.

Un cinquième des prises mondiales de poissons sauvages est utilisé pour la fabrication de farines et d’huiles de poisson. En 2016, 69 % des farines et 75 % des huiles ont été transformés en aliments pour animaux destinés aux fermes aquacoles. La farine de poisson restante sert à la fabrication d’aliments pour poulets (23 %) et porcs (7 %).

Parallèlement à cela, de la farine de soja génétiquement modifié provenant d’Amérique du Nord et du Sud est utilisée pour produire des aliments pour poissons et crevettes, en raison de sa teneur élevée en protéines. La culture de soja accélère la déforestation en Amérique du Sud.

L’élevage intensif d’animaux marins génère de graves problèmes environnementaux. Des régions côtières sont détruites par la construction et l’exploitation d’aquacultures. Des écosystèmes marins sont anéantis par les installations, de grandes étendues de forêts de mangroves sont déboisées, les frayères et les habitats de nombreuses espèces animales sont décimés.

L’élevage intensif de poisson produit de grandes quantités d’excréments et d’animaux morts, qui polluent les eaux. L’utilisation de produits chimiques et d’antibiotiques pour lutter contre les épidémies et les maladies participe également à cette pollution. Les espèces d’élevage qui se sont enfuies colonisent des habitats, dans lesquels elles n’étaient pas présentes auparavant. Elles peuvent se mélanger aux espèces indigènes, les évincer ou leur transmettre des maladies.

L’aquaculture affecte également les moyens de subsistance des pêcheurs côtiers et des artisans pêcheurs locaux. Leurs zones de pêche et de récolte sont monopolisées et détruites par les grandes exploitations d’aquaculture. Changing Markets déplore les conditions de travail souvent très mauvaises et les violations de lois existantes dans les usines de farine de poisson étudiées en Gambie, en Inde et au Vietnam.

Du point de vue de la protection des animaux, l’aquaculture est tout aussi problématique que l’élevage intensif sur terre. Il s’agit d’une pratique industrielle, qui implique une densité d’élevage élevée et donc des poissons stressés. Les animaux sont sujets à différents types de maladies, tels que des infections parasitaires et des blessures aux nageoires. La qualité et le goût de ces animaux n’ont rien à voir avec ceux capturés à l’état sauvage.


Sources et informations supplémentaires

• Étude de la Changing Markets Foundation (avril 2019)  Petits poissons ne deviendront pas grands (Comment l’aquaculture industrielle pille les océans)
• Étude de la Changing Markets Foundation (octobre 2019)  Fishing for Catastrophe
• Article des Échos  L’aquaculture, un danger pour les poissons sauvages
• Article des Échos  La mangrove continue de dépérir
• Dossier de l’association Bloom  De la confiture aux cochons (L’envers du décor de l’aquaculture)
• Rapport de la FAO  The state of world fisheries and aquaculture
• Pétition de Someofus  Supermarkets: Stop Stripping The Oceans Bare
• Article du Heinrich Böll Stiftung  Aquaculture: Are Fish Farms the Future?

Lettre

À Auchan, Casino, Leclerc, Monoprix, Système-U et tout autre supermarché concerné

Madame, Monsieur,

Des poissons, des crustacés et des crevettes provenant de nombreuses fermes d’élevage à travers le monde sont nourris avec des aliments contenant de la farine et de l’huile de poisson issues du pillage des océans.

La fondation néerlandaise Changing Markets démontre que des animaux marins élevés de cette manière sont également proposés dans des supermarchés français.

Nous vous demandons en conséquence d’exclure de la vente les poissons, crevettes et tout autre animal marin issus de fermes aquacoles, où ils sont nourris avec des aliments fabriqués à partir de poissons sauvages. Nous vous exhortons également à garantir une transparence totale sur la chaine d’approvisionnement des poissons et des crevettes issus des fermes d’élevage.

De manière générale, les répercussions écologiques et sociales de l’élevage industriel des animaux marins dans les fermes aquacoles à haute densité sont extrêmement préoccupantes.

Nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de nos respectueuses salutations.

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