Philippines : ne sacrifiez pas la forêt de Palawan !

Femmes en train de planter du riz de montagne © CALG

L’île de Palawan, réserve de biosphère de l’UNESCO, est préservée comme nulle part ailleurs aux Philippines. Elle n’a pourtant jamais été autant menacée, car le gouvernement ouvre ses forêts et la terre des peuples indigènes aux plantations et à l’industrie. Soutenez la lutte des Autochtones contre l’entreprise Lionheart Agrotech.

Appel

Au Président et au ministre de l’Environnement des Philippines et au Gouverneur de Palawan

“Stoppez le pillage de la forêt tropicale et de la terre des Autochtones au sud de Palawan !”

Afficher la lettre de pétition

Palawan abrite de nombreuses espèces animales endémiques qui sont aujourd’hui gravement menacées. Certaines d’entre elles, comme les variantes locales du calao à casque rond, du scandentien et du pangolin figurent sur la Liste rouge des espèces menacées.

L’île est une réserve de biosphère faisant partie du programme MAB de l’UNESCO. Au sud se trouve la terre ancestrale des peuples indigènes appartenant au groupe des Pala’wan. Ceux qui vivent dans les plateaux reculés n’ont pratiquement aucun contact avec le monde extérieur. Ils possèdent une riche tradition de transmission orale et ont une profonde compréhension de la nature.

Malgré cette richesse écologique et culturelle, le ministre de l’environnement philippin a conclu un accord de joint-venture avec Lionheart Agrotech. Les terres cultivées par autochtones et d’autres forêts équatoriales de plaine pourraient être transformées en plantations de cocotiers. 

Selon la Coalition contre l’accaparement des terres (CALG), Lionheart aurait détruit des lieux sacrés appartenant aux peuples indigènes, sans que les communautés concernées n’aient été dédommagées. 

Par ailleurs, l’entreprise s’est introduite dans le paysage protégé du mont Mantalingahan, l’une des dix zones répertoriées par l’Alliance for Zero Extinction aux Philippines et l’une des onze zones clés pour les oiseaux de Palawan. 

Et comme si ça ne suffisait pas, le gouvernement de la province a voté une résolution, qui encourage le développement agricole et industriel dans les terres des peuples indigènes. 

Tout cela se déroule en violation des lois environnementales et en totale contradiction avec les droits des peuples indigènes.

Soutenez la résistance de la population locale en signant notre pétition.

Contexte

Depuis 2007, la nature de Palawan a été gravement endommagée par la culture du palmier à huile.

La Coalition contre l’accaparement des terres (CALG) décrit les dernières évolutions en se basant sur des études réalisées sur place et des entretiens avec des autochtones : au printemps 2016, l’entreprise Lionheart Agrotech a commencé à déboiser des parcelles situées sur le domaine ancestral des tribus Pala’wan de Barangay Ransang (municipalité de Rizal), sans respecter le principe clé du consentement libre, informé et préalable (CLIP / FPIC:  Free prior and informed consent). Les défrichages ont d’abord eu lieu près de la pépinière de l’entreprise, puis se sont étendus à Malutok. Pendant ces travaux, des arbres ont été détruits dans la forêt, mais aussi dans les vergers des indigènes. Des routes ont été construites avec des engins lourds et des semis de cocotiers hybrides ont été plantés à grande échelle. Au cours de ce processus, un lieu de sépulture indigène aurait été nivelé et les os des ancêtres du village dispersés sur le sol. « Simontili », un lieu sacré et bassin versant du Pala’wan dont une partie de la forêt a été défrichée et plantée, n’a manifestement pas été épargné non plus. Lionheart semble également avoir pénétré Purok Pinatubo, qui fait partie de l’aire protégée Mt. Mantalingahan (MMPL). Un autre site indigène à Sitio Pinagkubuwan aurait apparemment été loué illégalement à Lionheaurt par des migrants non autochtones. La forêt et les vergers de la communauté auraient été détruits.

Il est important de souligner que des zones d’une grande valeur écologique, préservées par les peuples indigènes depuis des temps immémoriaux, sont situées à proximité des plantations de Lionheart. L’une d’entre elles est la vallée de Signapan, qui est utilisée par les Tau’t Batu, un sous-groupe des Pala’wan. Cette zone a également été déclarée zone protégée pour la recherche anthropologique et archéologique.

La résistance des peuples indigènes a enfin commencé à porter ses fruits après trois ans passés à pétitionner, documenter et sauvegarder des preuves. La commission nationale pour les peuples indigènes (National Commission on Indigenous Peoples NCIP) a constaté que la déclaration d’intention (Memorandum of Understanding MOA) entre l’entreprise et les communautés locales reposait sur une application insuffisante du principe CLIP. La NCIP a retiré à Lionheart la licence (Certificate of Precondition CP), qui lui avait permis d’exercer son activité sur le territoire des indigènes.

En réaction, Lionheart a soumis une demande de réexamen les 1er et 16 juin 2017. La société a demandé à la NCIP de lever l’ordre de suspension et de lui permettre de résoudre le problème en versant la somme requise, dont le montant devait être déterminé par les communautés concernées, conformément à la section 23 des lignes directrices 2012 du CLIP.

La réponse finale de la NCIP confirme que Lionheart devait effectivement payer la caution comme l’exige la loi, mais que cette action n’était pas en soi suffisante pour la reprise des activités. En fait, il a été demandé à Lionheart de déposer une évaluation d’impact environnemental et socioculturel, suivie d’un plan de travail complet qui comprendra, entre autres, le profil du projet et le plan des opérations, l’identification de la zone ciblée, etc. Plus important encore, l’entreprise doit se conformer strictement à toutes les procédures liées aux sections 19-23 des lignes directrices du CLIP 2012.

Selon CALG, Lionheart a alors d’abord cessé ses travaux pendant un mois ou deux lorsque l’ordre de suspension ci-dessus a été émis, mais les a ensuite repris et déboisé de nouvelles zones forestières, dont un site sacré pour les Pala’wan à Dalingding. Lionheart Agrotech affirme vouloir devenir un fournisseur majeur de la filière durable de l’industrie sucrière pour répondre à la demande croissante et en plein développement des marchés de l’alimentation et de l’énergie. Cela pourrait être la raison pour laquelle la société développe ses plantations de cocotiers hybrides à un rythme si alarmant.

Pendant ce temps, le nouveau processus du CLIP, géré par la Commission nationale pour les peuples indigènes (CNPI) et Lionheart, est remis en question par les communautés Pala’wan. Ces dernières lui reprochent de renforcer les divisions plutôt que de construire une unité entre les parties. De plus, l’avocat, qui apporte un soutien juridique aux membres des tribus dans cette affaire, a souligné que la CNPI n’a impliqué aucun chef indigène dans dans les réunions préparatoires. Il est donc peu surprenant que les procédures exactes par lesquelles le processus du CLIP a été mené ne soient pas encore connues et qu’aucun compte-rendu de ce processus ne soit disponible.

Le 29 octobre 2018, Lionheart (dirigé par l’entrepreneur danois Carl Christian Moeller) a signé un accord de joint-venture (Joint Venture Agreement ou JVA) avec le ministère de l’environnement et des ressources naturelles (DENR) pour le développement d’un plan de développement agroforestier et de plantation d’arbres sur 3 500 hectares dans les municipalités de Ransang, Candawaga et Culasian. Il s’agit d’un contrat de 25 ans, renouvelable une fois. Selon l’avocat des populations autochtones, l’accord de JVA a complètement contourné la procédure du CLIP et sa légalité reste donc douteuse. En fait, selon la loi, c’est la Commission nationale des peuples indigènes (CNPI) qui devrait avoir compétence sur le territoire ancestral des Autochtones et non le ministère de l’environnement et des ressources naturelles (DENR) qui a signé l’accord de joint-venture. L’accord de JVA stipule également que les Autochtones seraient payés pour la location de leurs terres, mais ne donne aucune description technique précise sur la délimitation de la zone concernée.

Il semble que Lionheart n’ait jamais cessé ses activités, mis à part pendant une période d’un ou deux mois après l’émission de l’ordre de suspension. Par conséquent, l’entreprise semble avoir complètement ignoré la décision sur l’arrêt de son activité prise en séance plénière par la Commission indigène. En ce qui concerne les populations indigènes, CALG affirme que Lionheart a défriché des forêts et une végétation naturelle qui ont joué un rôle important dans les moyens de subsistance des communautés locales.

Le 29 juillet 2019, une pétition commune pour l’annulation et / ou la révocation de l’accord de joint venture a été soumise par des représentants autochtones au DENR. Depuis lors, aucune réponse officielle n’a été émise par le DENR. En conséquence, les indigènes ont soumis le 16 janvier 2020 une pétition supplémentaire, dans laquelle il était demandé au DENR de répondre enfin à leurs précédentes plaintes contre la délivrance du JVA.

Comme si les choses n’étaient pas assez compliquées en l’état, le gouverneur de Palawan a récemment signé et approuvé la résolution n° 14509, soutenant l’adoption du projet de loi n°675 de la Chambre des représentants, qui déclare certaines parcelles du domaine public situées à Barangays Bunog, Iraan, Punta Baja, Campong Ulay, Ransang (municipalité de Rizal) comme terres aliénables et disponibles, ouvrant ainsi la voie à leur distribution à des fins agricoles, commerciales, résidentielles et industrielles. La résolution a été adoptée le 10 septembre 2019 et elle représente un coup très sévère porté à la durabilité écologique ainsi qu’à l’intégrité des domaines ancestraux de centaines de communautés autochtones, qui utilisent ces zones de manière durable depuis des temps immémoriaux.

Pendant ce temps, la Coalition contre l’accaparement des terres (CALG), qui soutient depuis le début la lutte des communautés indigènes contre Lionheart, s’efforce de faire en sorte que les Pala’wan de Ransang, Candawaga et Culasian reçoivent des titres fonciers de propriété sur leur territoire ancestral (Certificates of Ancestral Land Titles - CADTs). Ce processus devrait aboutir à la reconnaissance juridique et à la délimitation des territoires indigènes des Pala’wan à Rizal, et fournir aux peuples autochtones l’instrument juridique le plus solide pour défendre leurs terres et leurs ressources.


Informations supplémentaires

• Sauvons la forêt  Nous avons besoin de notre forêt, pas de l’huile de palme !

• Mongabay  On a Philippine island, indigenous groups take the fight to big palm oil

• Earthsight  Oil palm expansion in the Philippines leading to illegal deforestation and rights abuses


Destinataires de la pétition

En plus de signer la pétition, il vous est possible de contacter directement ses destinataires :

M. Rodrigo Roa Duterte, Président de la République des Philippines
M. Roy A. Cimatu, Ministre de l’environnement des Philippines
M. Jose Alvarez, Gouverneur de la province de Palawan

Ambassade des Philippines
45, rue du Ranelagh
75016 Paris
Tel : +33 (0)1 44 14 57 00
Courriel : paris.pe@dfa.gov.ph 

Lettre

Au Président et au ministre de l’Environnement des Philippines et au Gouverneur de Palawan

Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Gouverneur,

Je vous écris pour exprimer mon soutien aux peuples indigènes de Palawan vivant à Ransang, Candawaga et Culasian.

Je vous exhorte à :

- annuler l’accord de joint-venture entre la société Lionheart Agrotech et le Département de l’environnement et des ressources naturelles, qui a manifestement été conclu sans le consentement libre, informé et préalable (CLIP) des communautés indigènes locales,

- mettre fin à toutes les activités exercées par Lionheart sur les terres ancestrales des peuples indigènes de Pala’wan, dont une usine de transformation de noix de coco,

- réaliser une étude approfondie des éventuelles irrégularités commises lors du processus CLIP par Lionhearts et traduire les responsables en justice,

- trouver des formes appropriées de dédommagement pour les éventuelles atteintes à l’environnement causées par Lionheart et les conséquences sociales qui en découlent, notamment pour les peuples indigènes de Barangays Ransang, Candawaga et Culasian,

- retirer la loi House Bill no. 675, qui constitue une menace sérieuse pour l’équilibre écologique et l’intégrité culturelle des peuples indigènes de Barangays Bunog, Iraan, Punta Baja, Campung Ulay et Ransan à Rizal.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, Monsieur le Gouverneur, l’expression de mon profond respect.

L'huile de palme en 5 minutes

Situation actuelle : la forêt tropicale dans les véhicules et les assiettes

Avec 66 millions de tonnes par an, l’huile de palme est l’huile végétale la plus produite de la planète. Un prix particulièrement bas sur le marché mondial et des propriétés convenant particulièrement au processus de transformation industrielle des aliments ont fait que l’huile de palme est présente aujourd’hui dans un produit sur deux dans les supermarchés : pizzas surgelées, biscuits, margarine, crème pour le corps, savon, maquillage, bougies, lessive…

Ce que presque personne ne sait : près de la moitié des importations d’huile de palme dans l’union européenne est consommée sous la forme de biocarburants. La loi de 2009 sur l’incorporation obligatoire d’agrocarburants dans l’essence et le diesel est ainsi une cause majeure de déforestation tropicale.

À ce jour, les plantations d’huile de palme s’étendent sur 27 millions d’hectares à travers le monde, soit un territoire grand comme la Nouvelle-Zélande d’où ont été chassés habitants et animaux pour faire place à un « désert vert ».

Les conséquences : la mort dans le sachet de soupe en poudre

Les palmiers à huile trouvent des conditions optimales de croissance dans les chaudes et humides régions tropicales près de l’Équateur. En Asie du Sud-Est, en Amérique du Sud et en Afrique, d’immenses zones
de forêts tropicales sont défrichées et brûlées, jour après jour, pour faire de la place aux plantations. Ce faisant, de grandes quantités de gaz à effet de serre sont émises dans l’atmosphère. L’Indonésie, premier producteur d’huile de palme de la planète, a ainsi émis plus de gaz à effet de serre que les États-Unis d’Amérique au cours de l’année 2015. Les émissions de CO2 et de méthane rendent les biocarburants à base d’huile de palme trois fois plus nocif pour le climat que les carburants à base de pétrole.

Mais le climat n’est pas le seul touché : avec les arbres disparaissent des espèces rares comme l’orang-outan, l’éléphant pygmée de Bornéo ou le tigre de Sumatra. Paysans et populations autochtones, qui depuis des générations vivent dans la forêt et la préservent, sont souvent brutalement expulsés de leur terres. A ce jour, 700 conflits fonciers en rapport avec l’industrie de l’huile de palme ont été recensés en Indonésie. Et les plantations gérées de « manière durable » ou « bio » ne sont pas exemptes de violations des droits humains de la population.

Nous, consommateurs, en entendons peu parler. Pourtant, notre absorption quotidienne d’huile de palme est nocive pour notre propre santé : l’ huile de palme industrielle raffinée est riche en contaminant génotoxiques et cancérigènes comme l’a alerté l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) au cours de l’été 2016.

La solution : changer radicalement nos modes d’alimentation et de déplacement

Il ne reste plus que 70 000 orangs-outans dans les forêts d’Asie du Sud-Est. La politique européenne de soutien aux biocarburants pousse les grands singes toujours plus au bord de l’extinction : chaque nouvelle plantation de palmier à huile détruit une partie de son habitat naturel. Nous devons faire pression sur les politiques pour aider nos plus proches parents. Mais il existe des pratiques quotidiennes pouvant déjà apporter beaucoup.

Ces conseils simples vous aideront à savoir où l’huile de palme se cache et comment l’éviter :

  1. cuisiner soi-même : biscuits poire - amande - noix de coco ? Pizza pomme de terre romarin ? Transformer soi-même des aliments frais permet d’éviter tous les plats préparés contenant de l’huile de palme de l’industrie agroalimentaire. Les huiles végétales européenne telles que l’huile d’olive, de tournesol ou de colza s’adaptent à quasiment toutes les recettes.
  2. lire les étiquettes : la présence d’huile de palme doit être indiquée sur les emballages alimentaires depuis décembre 2014. Mais pas pour les cosmétiques mais et les produits ménagers où elle se cache sous la forme de termes techniques. Il est très facile de trouver des alternatives sans huile de palme sur internet.
  3. le client est roi : « Quels produits sans huile de palme proposez-vous ? Pourquoi n’utilisez pas des huiles locales ? » Poser de telles questions aux fabricants peut leur faire craindre pour la réputation de leurs produits. La pression publique et la prise de conscience accrue du problème a déjà incité plusieurs producteurs à renoncer à huile de palme.
  4. Signer des pétitions et interpeler les politiques : les pétitions en ligne permettent de faire pression sur les politiques responsables des importations d’huile de palme. Avez-vous déjà signé toutes les pétitions de Sauvons la forêt ?
  5. Se faire entendre : les manifestations et autres actions collectives permettent d’atteindre le public et les médias. Ainsi s’accroît la pression sur les décideurs politiques.
  6. Renoncer à la voiture : il est très facile de réaliser la plupart de nos trajets à pied, à vélo ou avec les transports en commun.
  7. Savoir et faire savoir : les milieux économiques et politiques veulent nous faire croire que les biocarburants sont bons pour le climat ou qu’il est possible de produire de l’huile de palme de manière durable. Sauvonslaforet.org informe sur les conséquences de la culture industrielle de l’huile de palme.

Plus d’informations

Cette pétition est également disponible en :

131 500 signatures

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