Ne cautionnez pas les mines de bauxite en Guinée !

Tailleur à Hamdallaye, Guinée Le village coutumier de Hamdallaye est condamné à disparaître à cause d’une mine de bauxite (© Benjamin Moscovici)
110 480 signatures

L’Allemagne satisfait ses besoins en matières premières aux dépens d’autres populations. En se portant garant d’un prêt de 293 millions de dollars pour l’expansion d’une mine de bauxite en Guinée, le gouvernement allemand exacerbe l’accaparement des terres, la destruction de l’environnement et les violations des droits de l’homme.

Mises à jour Appel

À M. Robert Habeck, Ministre fédéral de l'Économie

“L’Allemagne ne doit pas cautionner les projets qui violent les droits de l’homme et les normes environnementales.”

Afficher la lettre de pétition

Le gouvernement fédéral allemand décide, en tant que membre de la Banque mondiale,  de financer la mine de bauxite de Sangarédi des sociétés Rio Tinto et Alcoa. Il se porte également garant des prêts injustes assurant son extension. En raison des conséquences sociales et écologiques désastreuses de la mine, nous lui demandons de se raviser et d’intervenir.

L’Allemagne importe chaque année 2,5 millions de tonnes de bauxite, le minerai permettant la production d’aluminium, dont 93,1% en provenance de la Guinée. Les droits de l’homme sont mis à mal pour que l’industrie (automobile) allemande dispose d’un approvisionnement sûr en matières premières.

La mine de bauxite prive de leurs moyens de subsistance plus de 500 habitants du village de Hamdallaye et de ses environs. Autrefois, les grands arbres entouraient leurs maisons richement décorées. À cause de la mine, ils ont perdu leurs logement, champs et connexion au réseau routier et d’approvisionnement en eau.

Le nouvel emplacement de Hamdallaye, dans la partie déjà exploitée de la mine de bauxite,  est un site non préparé à être habitée et totalement impropre à l’agriculture. Les gens ont été expulsés de leurs logements en pleine crise du Covid. Face à des difficultés ingérables sur un terrain inhospitalier, ils sont menacés par la misère.

Les habitants de douze villages ont déposé une plainte auprès de la Banque mondiale contre l’expansion de la mine de Sangaredi. Malgré la violation des lois nationales et malgré une médiation en cours, les villages ont été déplacés. La Guinée n’est pas un cas isolé : pour l’extraction de matières premières, violation des droits de l’homme et destruction de l’environnement sont monnaie courante.

Merci de signer la pétition commune de FIAN, Powershift et Sauvons la forêt !

Contexte

En 2016, la Compagnie des bauxites de Guinée (CBG) a reçu 823 millions de dollars de la part de bailleurs de fonds internationaux pour l’expansion de sa mine de bauxite près de la ville de Sangaredi. 13 villages sont touchés. La CBG a déjà occupé une grande partie des terres agricoles des communautés. Les habitants affirment ne pas avoir été indemnisés, ou seulement de manière insuffisante. L’exploitation de la bauxite a entraîné la pollution et  l’assèchement d’importantes quantités d’eau, qui ne peuvent plus être utilisées comme eau potable. Conséquence, les communautés ne peuvent plus s’approvisionner en eau en quantité suffisante. Les femmes doivent désormais parcourir de plus longues distances pour aller chercher de l’eau pour leur famille. Les personnes concernées n’ont pas été indemnisées pour cela.

En février 2019, les 13 villages ont porté plainte auprès de la Banque mondiale. Bien que la médiation annoncée ait dû être reportée en raison de la pandémie de Covid, la CBG a procédé en 2020 à la relocalisation forcée du village de Hamdallaye. Le nouveau village a été édifié sur un terrain impropre à l’agriculture. Et c’est seulement sous la pression des organisations non gouvernementales que la CBG y a installé des robinets d’eau publics.

Le gouvernement allemand s’est porté garant d’un prêt de 293 millions de dollars américains de la banque ING-Diba pour l’expansion de la mine de bauxite, par le biais d’une garantie pour crédits non affectés (garantie UFK). La Banque mondiale soutient également l’expansion de la mine avec un prêt de 200 millions de dollars de sa filiale IFC. Les fonds ont été approuvés en dépit du fait que les évaluations d’impact de l’expansion de la mine font apparaître des risques sociaux et environnementaux élevés.

Une partie de la bauxite est exportée vers l’Allemagne et est principalement utilisée à la production de l’aluminium pour l’industrie automobile et la fabrication d’emballages.

La seule matière première économiquement pertinente pour la production d’aluminium est la bauxite. Comme il n’existe pas de gisements importants en Allemagne, la bauxite et les produits d’aluminium transformés sont importés de l’étranger.

Les principaux producteurs de bauxite sont l'Australie, la Chine, la Guinée, le Brésil, l’Inde, la Jamaïque, l’Indonésie et la Fédération de Russie


Données sur la bauxite et l’aluminium en Allemagne

D’après les informations publiées par l'Institut fédéral des géosciences et des ressources naturelles (BGR) : Novembre 2020 : Allemagne - Situation des matières premières 2019.

Tableau 1 : volume et provenance de la bauxite et des produits d’aluminium importés en Allemagne (2019)

Matière première Volume d’importation Provenance Part sur volume total importé
Bauxite 2 549 685 t Guinée 93,1%
Alumine 823 580 t Jamaïque 58,9%
Hydroxyde d’aluminium 197 942 t Espagne 1
Irlande 1
40% 
21%
Aluminium brut non allié 723 511 t Russie
Pays-Bas 1
Islande 1
36,7%
15,4%
10,9%
Aluminium brut allié 1 721 291 t Pays-Bas 1
Norvège 1
EAU 1
Grande-Bretagne 1
14,6%
12,9%
12,2%
10,0%

Uniquement pays transformateurs, mais non producteurs

Tableau 2 : Utilisation de l’aluminium en Allemagne (2019)

Secteur Part
Transports 47%
Bâtiment / Construction 14%
Emballages 12%
Biens de consommation 8%
Équipements électriques 7%
Équipements mécaniques 7%
Sidérurgie 5%

Producteurs et transformateurs d’aluminium en Allemagne (2019)

- Trimet Aluminium SE, basé à Essen (Allemagne) et dont les six usines produisent 390 000 tonnes d’aluminium primaire et 230 000 tonnes d’aluminium secondaire.

- le groupe norvégien Norsk Hydro ASA, qui possède la fonderie d’aluminium Rheinwerk à Neuss (capacité de 235 000 t/a d’aluminium primaire, production de 155 000 t) ainsi que de nombreuses usines de transformation à Dormagen, Leipzig (capacité de 100 000 t/a) et Hambourg (aciérie et fonderie d’une capacité de 200 000 t/a)

- Walz- und Schmelzwerk Aluminium Norf GmbH (Alunorf), 1,5 million de t/a de produits laminés, basé près de Neuss et détenu à parts égales par Novelis Deutschland GmbH et Hydro Aluminium Rolled Products.

- Novelis Inc. qui appartient au groupe Aditya Birla, un conglomérat multinational de sociétés dont le siège est à Mumbai, en Inde, exploite la plus grande usine de recyclage d’aluminium au monde à Nachterstedt (Saxe-Anhalt), avec une capacité de production de 400 000 t/a de déchets d’aluminium. 

Lettre

À M. Robert Habeck, Ministre fédéral de l'Économie

Monsieur le Ministre,

en raison des abus flagrants causés par l’expansion de la mine de bauxite de Sangaredi en Guinée et du rôle du gouvernement fédéral allemand, nous vous demandons d’assurer :

1- une indemnisation adéquate pour la population affectée et une connexion au réseau routier et d’approvisionnement en eau,

2- la re-naturalisation du paysage et l’attribution de terres arables aux agriculteurs expropriés,

3- l’exclusion du financement public des entreprises qui violent les droits de l’homme. Cette mesure doit être également inscrite dans la loi relative aux chaînes d’approvisionnement, actuellement en discussion,

4- que les prêts garantis par le gouvernement n’entraînent pas de violations des droits de l’homme. À cette fin, les garanties pour crédits non affectés (garantie UFK) doivent être rendues plus transparentes. Il faut rendre obligatoire le respect des procédures de diligence raisonnable et sanctionner les comportements répréhensibles.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre haute considération.

L’aluminium en 5 minutes

Situation actuelle : l’aluminium, un métal présent au quotidien

Inoxydable, facilement malléable et moitié moins lourd que l’acier mais aussi solide. Grâce à ses qualités, l’aluminium est particulièrement apprécié dans le domaine de la construction et des transports. Près de la moitié de la production mondiale d’aluminium est destinée à ces secteurs. En Allemagne, c’est l’industrie automobile qui est la plus grande consommatrice du léger métal : chaque voiture contient jusqu’à 150 kilogrammes d’aluminium.

Près de 20% de l’aluminium est contenu dans des emballages : ne laissant pas passer la lumière et neutre au niveau du goût, l’aluminium est prisé pour la fabrication de capsules de café, de boîtes de conserve et autres couvercles de yaourts. Il est aussi utilisé comme anti transpirant dans les déodorants et il régule la texture des crèmes. On le retrouve également dans certains médicaments.

La demande d’aluminium a considérablement augmenté ces dernières années, ce qui a eu des conséquences désastreuses.

Les conséquences : l’aluminium ou la mort rouge

L’aluminium est certes le métal le plus présent de l’écorce terrestre mais il n’existe que sous une forme liée. La fabrication du brillant aluminium à partir du minerai de bauxite implique de nombreux problèmes environnementaux :

  1. Déforestation tropicale pour l’extraction de la bauxite
    Une grande part de la bauxite extraite se trouve dans des pays possédant une forêt tropicale. Pour atteindre la fine couche rocheuse située sous la surface de la terre, des arbres sont abattus sur d’immenses surfaces en Australie, en Indonésie, au Brésil et en Guinée. À Porto Trombetas au Brésil, une surface équivalente à 250 terrains de football est déforestée chaque année afin de permettre l’extraction de bauxite.

  2. Déchets toxiques
    L’aluminium est extrait de la bauxite grâce à des procédés chimiques lourds. Pour une tonne d’aluminium, on provoque jusqu’à quatre tonnes de boues rouges (en raison de leur teneur élevée en fer) nocives. Elles sont stockées dans de vastes bassins et souvent des fuites ou des ruptures de digues provoquent l’inondation de villages entiers par les masses de boues corrosives. Des métaux lourds toxiques tel que le plomb, le cadmium et le mercure transforment des fleuves en zones mortelles toxiques. Même en dehors de tout accident, la pénétration de substances toxiques pour l’environnement dans l’air, les sols et les eaux a de graves conséquences : les personnes qui vivent à proximité des usines d’aluminium se plaignent de la pollution de l’eau, de maladies de peau et de la mort des poissons.

  3. Forte consommation d’énergie lors de la transformation
    La production d’une tonne d’aluminium nécessite 15 mégawatts-heure, soit la consommation d’un foyer de 2 personnes pendant cinq ans. L’énergivore production d’aluminium est uniquement rentable avec la mise à disposition d’une grande quantité d’électricité et à très bas prix. Au Brésil par exemple, on construit de gigantesques barrages hydroélectriques et les terres des communautés indigènes sont inondées.

Les conséquences négatives de ce métal ne concernent pas seulement les pays où a lieu sa production. L’aluminium menace également notre santé dans des produits quotidiens : des sels se dégageant des feuilles d’aluminium et des éléments en aluminium présents dans les déodorants et les médicaments peuvent s’accumuler dans notre corps, et ils sont soupçonnés de déclencher le cancer et la maladie d’Alzheimer.

La solution : bon sans emballage

L’aluminium est partout dans notre vie quotidienne. Sa production a augmenté de près de 60% entre 2009 et 2016 pour passer à 58,3 millions de tonnes par an et elle est surtout destinée à des produits de consommation courante. Le potentiel d’économie en est d’autant plus important.

  1. Fait maison et intelligemment emballé : l’aluminium est souvent présent dans les emballages de la nourriture qu’on mange en chemin. Sandwichs végétariens et autres barres de müsli ne sont pas exemptés. Avec un peu d’organisation, il est tout à fait possible de préparer des collations pour le bureau ou l’école à la maison. On peut utiliser des récipients réutilisables pour transporter nos aliments (tupperwares, …) et boissons (gourdes, bouteilles recyclables, …). Cela permet d’économiser beaucoup de déchets d’emballage.

  2. Du café sans capsules : un kilo de café en dosettes coûte jusqu’à 80 € pour le consommateur. Un plaisir onéreux qui coûte cher aussi à l’environnement. Jusqu’à trois grammes d’emballage sont nécessaires pour six à sept grammes de café. En France, Nespresso a vendu 1,85 milliard de capsules au cours de la seule année 2014. Il est beaucoup moins cher et bien meilleur pour l’environnement d’utiliser une cafetière à piston ou une machine à espresso en acier inoxydable, voire une machine automatique pour les gros consommateurs.

  3. Une deuxième vie : les emballages en aluminium ne peuvent pas toujours être évités. Mais théoriquement la matière première qu’on trouve dans les emballages de médicaments et autres peut être indéfiniment réutilisée si chacun de nous trie correctement ses déchets.

  4. Conserver plus longtemps au lieu que jeter : boîtiers d’ordinateurs, étagères en aluminium, barres de tapis – l’aluminium est présent dans de nombreux objets ménagers. Lorsque nous investissons dans des produits de qualité et les utilisons aussi longtemps que possible, nous réduisons notre consommation d’aluminium.

  5. Se déplacer sans voiture : les jusqu’à 150 kilogrammes d’aluminium que contient une voiture peuvent être un bon argument pour ne pas acheter une nouvelle voiture et préférer utiliser le vélo, le bus et le train.

  6. En bonne santé sans aluminium : pour préserver sa santé, il est conseillé d’utiliser des produits cosmétiques naturels sans aluminium et de choisir un déodorant sans sels d’aluminium (par exemple sur une base de soude). Les pharmaciens peuvent souvent recommander des alternatives aux médicaments contenant de l’aluminium (par exemple contre les brûlures d’estomac). L’institut fédéral allemand d’évaluation des risques prévient qu’il ne faut en aucun cas placer des aliments acides dans une feuille d’aluminium : des sels d’aluminiums toxiques seraient susceptibles de passer dans les aliments.

  7. diffuser les informations et faire entendre sa voix : notre association s’efforce de montrer le rapport existant entre les capsules de café et la destruction de la forêt tropicale sur sa page internet. La diffusion de ces informations sur les dangers liés à l’aluminium est essentielle. Les entreprises pourraient être amenées à réfléchir si la demande de produits contenant de l’aluminium baisse. Les pétitions en ligne constituent un autre outil de pression. Merci donc de les signer et de les partager…

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