Huile de palme, nickel : stop aux violences contre les Mayas au Guatemala !

Un groupe d’intervention de policiers, portant casques de protection et boucliers, avance sur une piste dans une plantation de palmiers à huile Raids, évacuations : les Mayas doivent subir différentes violences policières (© Prensa Comunitaria) Groupe de femmes et d’enfants mayas sont bouleversés et traumatisés dans un village. Au milieu, une femme couvre son visage avec ses deux mains Douleur, peur et indignation après une intervention de la police dans la communauté maya de Chinabal Alto (© Juan Bautista Xol) Un groupe de Mayas proteste (à gauche), tandis que des policiers, d’un groupe d’intervention, équipés de casques de protection et de boucliers avancent sous les palmiers (à droite) Les Mayas sont confrontés aux groupes d’intervention de la police dans les plantations de palmiers à huile (© Prensa Comunitaria)

Les autochtones dénoncent des attaques répétées de la police dans la région du lac Izabal. Ils attribuent ces violences à leurs protestations contre l’accaparement des terres et la pollution de l’environnement par le producteur d’huile de palme NaturAceites et le groupe minier suisse Solway.

Appel

Au Président Bernardo Arévalo, aux députés, au Ministère public et au Tribunal de paix du Guatemala ; aux multinationales Nestlé et Unilever

“Respectez les droits et la sécurité du peuple autochtone Maya Q’eqchi'. Mettez fin aux raids, aux expulsions et à toute autre forme de violence à son encontre.”

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Depuis des mois, des groupes d’intervention de la police mènent régulièrement des raids à l’intérieur des plantations de palmiers à huile près du lac Izabal, au nord-est du Guatemala, et procèdent à des expulsions dans les communautés mayas.

Les témoignages évoquent des personnes souffrant des gaz lacrymogènes, des femmes battues, des vols d’objets et des arrestations arbitraires, dont de mineurs. Une personne aurait été tuée par balle et au moins deux autres auraient été blessées début décembre 2022.

« Ils ont lancé des grenades lacrymogènes pour nous faire fuire et quitter nos maisons », déclarent, indignées et attristées, les femmes mayas de la communauté.

D’autres rapportent : « Ils interviennent comme si nous étions des terroristes. Nous ne sommes pas des terroristes, mais de pauvres indigènes qui n’ont même pas assez de maïs, de haricots ou de piment. »

L’entreprise d’huile de palme NaturAceites serait à l’origine de ces interventions policières, selon les accusations. L’extension des plantations de palmiers à huile viole les droits fonciers des Mayas ; les eaux usées des moulins polluent le lac et leurs moyens de subsistance. NaturAceites, qui vend son huile de palme au Guatemala mais également à des multinationales comme Nestlé et Unilever via des chaînes d’approvisionnement internationales, nie toutes les accusations.

La mine et la fonderie de nickel de l’entreprise suisse Solway Investment Group (SIG) sont également régulièrement citées en rapport avec les conflits fonciers et environnementaux dans la région du lac Izabal.

Des mandats d’arrêt ont été lancés contre une vingtaine de membres de la communauté, dont certains dirigeants du Conseil des Mayas, avec des primes offertes pour leur capture.

Le Conseil des Mayas demande au gouvernement du Guatemala et aux autorités compétentes de mettre fin aux agressions et de clarifier les droits fonciers et environnementaux. Il demande aux acheteurs d’huile de palme de NaturAceites, comme Nestlé et Unilever, de prendre position.

Soutenons leurs revendications !

Contexte

La région du lac Izabal est le théâtre de graves conflits sociaux et environnementaux. Les communautés autochtones mayas demandent à l’État de reconnaître leurs droits fonciers ancestraux, qui sont de plus en plus restreints et affectés par l’expansion des industries agricoles et minières (nickel) ainsi que par la pollution qu’elles génèrent.

NaturAceites

L’entreprise NaturAceites étend ses terres depuis des années. Selon ses propres données, elle produit de l’huile de palme à la fois sur des plantations propres, sur environ 12 000 hectares (ha), et sur d’autres appartenant à des tiers, sur 19 000 ha supplémentaires. Les monocultures de palmiers à huile au sud-ouest du lac Izabal s’étendent jusqu’à la rive et encerclent les villages qui s’y trouvent, comme El Chapin.

Les eaux usées provenant du moulin à huile de palme de NaturAceites contaminent le fragile écosystème de l’eau, causant la mort des poissons et l’invasion d’insectes, dénoncent les habitants. NaturAceites nie les accusations.

Solway Investment Group (SIG)

Le groupe suisse Solway exploite le projet Fenix au Guatemala, sur la rive nord-ouest du lac Izabal, la plus grande mine et fonderie de nickel d’Amérique centrale. La population se plaint de la contamination du lac par les usées et de l’émission massive de particules fines par la mine et les cheminées de l’usine.

Cette pollution aurait causé de nombreux cas de maladie chez les habitants et la mort de lamantins, de tortues, de poissons et d’autres animaux dans le lac Izabal. SIG rejette également toutes les accusations.

Informations dans médias locaux

Le collectif indépendant de journalistes et de chercheurs Avispa Midia a rapporté l’évacuation violente par les forces de sécurité de la Police Nationale Civile (PNC) le mardi 6 décembre 2022 :

« NaturAceites, le producteur de palme africain qui commercialise l’huile Capullo, est accusé dans neuf dossiers du ministère guatémaltèque de l’environnement et des ressources naturelles. L’entreprise est également accusée d’avoir causé la mort de centaines de poissons avec les déchets de ses monocultures et de lancer des projets sans étude d’impact environnemental préalable.

La société opère dans les départements d’Izabal, d’Alta Verapaz, de Petén et d’Escuintla ; elle distribue ses produits au Mexique, aux États-Unis et en République dominicaine et fournit des entreprises telles que Nestlé et Unilever. 

Fin 2021, l’état de siège a été déclaré à El Estor après que les autorités aient violemment réprimé les protestations des communautés mayas Q’eqchi' pour empêcher le passage des véhicules transportant du charbon de la compagnie minière Fenix, bien que son exploitation ait été déclarée inconstitutionnelle. »

Source : Article "Guatemala: Mayas en resistencia contra palma africana son atacados por fuerza policial" (6 décembre 2022)


L’agence de presse Prensa Comunitaria Kilómetro 169 cite la présidente du Comité Campesino del Altiplano (CCDA), Úrsula Teyul, qui considère que ce qui s’est passé à Chapín Abajo se répète dans chaque opération d’expulsion : 

« Il y a une violation des droits de toutes les sœurs et de tous les frères qui vivent actuellement cette situation, et pas seulement dans la communauté de Chapín Abajo, mais dans toute la série d’expulsions dans la région Q’eqchi' d’Alta et Baja Verapaz, Petén et Izabal. Nous demandons à la communauté internationale de prendre position et de faire valoir les droits des peuples autochtones. »

Source : Article "El Estor: organizaciones demandan investigación por operativo violento en Chapín Abajo" (7 décembre 2022)

Prensa Comunitaria Kilómetro 169 avait auparavant rapporté l’expulsion de plus de 90 familles de la communauté voisine de Chinebal en novembre 2021. Le récit de ces événements et le contexte lui-même sont effrayants.

Lettre

Au Président Bernardo Arévalo, aux députés, au Ministère public et au Tribunal de paix du Guatemala ; aux multinationales Nestlé et Unilever

Monsieur le Président,
Madame, Monsieur,

Lles informations et les images qui parviennent à l’opinion publique internationale sur les actions violentes des forces de police dans la communauté de Chapín Abajo, à El Estor (Izabal), sont vraiment scandaleuses. La situation des droits humains doit être examinée et respectée de toute urgence au Guatemala.

Des organisations sociales, paysannes et territoriales ont dénoncé les abus d’autorité commis par la police, notamment lors de l’action conjointe du Ministère Public (MP) et de la Police Nationale Civile (PNC) le 6 décembre 2022.

En solidarité avec les communautés Maya-Q’eqchi', nous vous exhortons à :

- mettre fin aux attaques de la police et à la violence,

- respecter les droits du peuple autochtone Maya Q’eqchi' et garantir sa sécurité,

- ouvrir une enquête sur les agissements des policiers qui ont participé à l’opération violente contre les familles à Chapín Abajo,

- arrêter le harcèlement, la criminalisation, l’intimidation et la persécution ; retirer les mandats d’arrêt émis contre les membres de la communauté maya,

- annuler les ordres d’expulsion des communautés comme, entre autres, Chapín Abajo, Santa Rosita, Buena Vista,

- fournir une explication exhaustive sur les motivations de ces actions qui portent atteinte à l’intégrité, à la dignité et aux droits des communautés indigènes,

- légaliser les communautés autochtones mayas et garantir la reconnaissance de leurs droits fonciers ancestraux avec des titres fonciers communautaires,

- promouvoir le développement, la santé, l’éducation et l’intégration des Mayas, ainsi que le respect de leurs communautés,

- protéger l’environnement et les ressources naturelles de manière appropriée.

Nous espérons recevoir très bientôt une réponse de votre part.

Les groupes Unilever et Nestlé seront également informés ce courrier et invités à faire une déclaration.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, Madame, Monsieur, l’expression de notre profond respect.

L'huile de palme en 5 minutes

Situation actuelle : la forêt tropicale dans les véhicules et les assiettes

Avec 66 millions de tonnes par an, l’huile de palme est l’huile végétale la plus produite de la planète. Un prix particulièrement bas sur le marché mondial et des propriétés convenant particulièrement au processus de transformation industrielle des aliments ont fait que l’huile de palme est présente aujourd’hui dans un produit sur deux dans les supermarchés : pizzas surgelées, biscuits, margarine, crème pour le corps, savon, maquillage, bougies, lessive…

Ce que presque personne ne sait : près de la moitié des importations d’huile de palme dans l’union européenne est consommée sous la forme de biocarburants. La loi de 2009 sur l’incorporation obligatoire d’agrocarburants dans l’essence et le diesel est ainsi une cause majeure de déforestation tropicale.

À ce jour, les plantations d’huile de palme s’étendent sur 27 millions d’hectares à travers le monde, soit un territoire grand comme la Nouvelle-Zélande d’où ont été chassés habitants et animaux pour faire place à un « désert vert ».

Les conséquences : la mort dans le sachet de soupe en poudre

Les palmiers à huile trouvent des conditions optimales de croissance dans les chaudes et humides régions tropicales près de l’Équateur. En Asie du Sud-Est, en Amérique du Sud et en Afrique, d’immenses zones
de forêts tropicales sont défrichées et brûlées, jour après jour, pour faire de la place aux plantations. Ce faisant, de grandes quantités de gaz à effet de serre sont émises dans l’atmosphère. L’Indonésie, premier producteur d’huile de palme de la planète, a ainsi émis plus de gaz à effet de serre que les États-Unis d’Amérique au cours de l’année 2015. Les émissions de CO2 et de méthane rendent les biocarburants à base d’huile de palme trois fois plus nocif pour le climat que les carburants à base de pétrole.

Mais le climat n’est pas le seul touché : avec les arbres disparaissent des espèces rares comme l’orang-outan, l’éléphant pygmée de Bornéo ou le tigre de Sumatra. Paysans et populations autochtones, qui depuis des générations vivent dans la forêt et la préservent, sont souvent brutalement expulsés de leur terres. A ce jour, 700 conflits fonciers en rapport avec l’industrie de l’huile de palme ont été recensés en Indonésie. Et les plantations gérées de « manière durable » ou « bio » ne sont pas exemptes de violations des droits humains de la population.

Nous, consommateurs, en entendons peu parler. Pourtant, notre absorption quotidienne d’huile de palme est nocive pour notre propre santé : l’ huile de palme industrielle raffinée est riche en contaminant génotoxiques et cancérigènes comme l’a alerté l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) au cours de l’été 2016.

La solution : changer radicalement nos modes d’alimentation et de déplacement

Il ne reste plus que 70 000 orangs-outans dans les forêts d’Asie du Sud-Est. La politique européenne de soutien aux biocarburants pousse les grands singes toujours plus au bord de l’extinction : chaque nouvelle plantation de palmier à huile détruit une partie de son habitat naturel. Nous devons faire pression sur les politiques pour aider nos plus proches parents. Mais il existe des pratiques quotidiennes pouvant déjà apporter beaucoup.

Ces conseils simples vous aideront à savoir où l’huile de palme se cache et comment l’éviter :

  1. cuisiner soi-même : biscuits poire - amande - noix de coco ? Pizza pomme de terre romarin ? Transformer soi-même des aliments frais permet d’éviter tous les plats préparés contenant de l’huile de palme de l’industrie agroalimentaire. Les huiles végétales européenne telles que l’huile d’olive, de tournesol ou de colza s’adaptent à quasiment toutes les recettes.
  2. lire les étiquettes : la présence d’huile de palme doit être indiquée sur les emballages alimentaires depuis décembre 2014. Mais pas pour les cosmétiques mais et les produits ménagers où elle se cache sous la forme de termes techniques. Il est très facile de trouver des alternatives sans huile de palme sur internet.
  3. le client est roi : « Quels produits sans huile de palme proposez-vous ? Pourquoi n’utilisez pas des huiles locales ? » Poser de telles questions aux fabricants peut leur faire craindre pour la réputation de leurs produits. La pression publique et la prise de conscience accrue du problème a déjà incité plusieurs producteurs à renoncer à huile de palme.
  4. Signer des pétitions et interpeler les politiques : les pétitions en ligne permettent de faire pression sur les politiques responsables des importations d’huile de palme. Avez-vous déjà signé toutes les pétitions de Sauvons la forêt ?
  5. Se faire entendre : les manifestations et autres actions collectives permettent d’atteindre le public et les médias. Ainsi s’accroît la pression sur les décideurs politiques.
  6. Renoncer à la voiture : il est très facile de réaliser la plupart de nos trajets à pied, à vélo ou avec les transports en commun.
  7. Savoir et faire savoir : les milieux économiques et politiques veulent nous faire croire que les biocarburants sont bons pour le climat ou qu’il est possible de produire de l’huile de palme de manière durable. Sauvonslaforet.org informe sur les conséquences de la culture industrielle de l’huile de palme.

Plus d’informations

Cette pétition est également disponible en :

67 012 signatures

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