Libéria : ne vendez pas vos forêts comme "droit à polluer" pour Dubaï !

Des collaborateurs de la Wild Chimpanzee Foundation (WCF) et des écogardes posent au pied d’un arbre géant dans le parc national de Sapo au Libéria Le parc national de Sapo abrite des arbres géants au Libéria (© Rettet den Regenwald / Mathias Rittgerott) Rivière à l’intérieur du parc national de Sapo Les forêts recouvrent encore une grande partie du Libéria (© Mathias Rittgerott) Chimpanzé dans le parc national de Grebo-Krahn au Libéria Elles sont l’habitat de chimpanzés, dont l’espèce est menacée d’extinction (© WCF) Village au Libéria Beaucoup de gens vivent dans et des forêts... (© Rettet den Regenwald / Mathias Rittgerott) Camions enlisés dans la boue, Liberia ... souvent dans des conditions difficiles (© Mathias Rittgerott)

Le Libéria est sur le point de céder 1 million d’hectares de ses forêts à Blue Carbon. La société basée à Dubaï veut vendre leur préservation comme "crédits carbone" pour compenser les émissions de gaz à effet de serre dans d’autres pays. Mais l’accord proposé menace les droits de la population et ne profite en rien au climat.

Mises à jour Appel

Aux gouvernements du Libéria et des pays du Nord

“Protégez les forêts du Libéria au lieu de les vendre pour "compenser" les dommages climatiques de Dubaï.”

Afficher la lettre de pétition

Le Libéria abrite un trésor que la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest ont perdu depuis longtemps : des forêts tropicales luxuriantes, qui couvrent plus de 4 millions d’hectares et offrent un habitat aux chimpanzés, aux hippopotames nains et aux éléphants. Des centaines de milliers de personnes vivent dans ces zones forestières et en dépendent pour leur subsistance.

Le pays africain subit malheureusement une déforestation à un rythme inégalé. Il ne fait aucun doute que, dans l’intérêt des populations locales, de la nature et du climat, ses forêts doivent être mieux protégées.

C’est exactement ce que promet la société Blue Carbon LLC, basée aux Émirats arabes unis : vendre des "crédits carbone" en échange de la protection des forêts tropicales au Libéria et permettre à ses clients de compenser, sur le papier, leurs émissions nocives pour le climat. Si l’accord de conservation entre Blue Carbon et le gouvernement est conclu, l’entreprise contrôlera pendant 30 ans plus d’un million d’hectares de terres, soit environ 10% du territoire du Libéria.

Les organisations environnementales libériennes et internationales tirent la sonnette d'alarme :

« Le projet d’accord Blue Carbon viole les droits fonciers et lois forestières progressistes du Libéria, qui protègent le consentement libre, préalable et éclairé des communautés. Il promet de priver les communautés d’un million d’hectares de leurs terres coutumières et de leurs moyens de subsistance », déclare Jonathan W. Yiah, coordinateur du programme de gouvernance forestière au Sustainable Development Institute (SDI).

Les compensations et les crédits carbone sont une fausse solution à la crise climatique. Il existe de meilleurs moyens de protéger le climat et les forêts dans le respect des droits des communautés locales.

Demandons au gouvernement du Libéria de suspendre les négociations avec Blue Carbon.

Demandons aux gouvernements des pays du Nord de réduire leurs émissions nocives pour le climat à "zéro réel" et de respecter leurs engagements en faveur de la conservation des forêts et de la nature.

Lancement de la pétition : 07/09/2023

Contexte

Blue Carbon

La société Blue Carbon LLC appartient au cheikh Ahmed Dalmook Al Maktoum, un membre de la famille royale de Dubaï, dont la richesse repose sur les revenus du pétrole et du gaz. Créée il y a un an, elle n’a manifestement pas d’expérience en matière de crédits carbone.

Les Émirats arabes unis accueilleront la COP 28 en novembre et décembre 2023. L’une des principales missions de ce sommet sur le climat est l’opérationnalisation de l’article 6 de l’Accord de Paris, qui définit l’utilisation des crédits carbone.

Un scénario totalement absurde

Les EAU, par le biais de leur propre système de crédits carbone conclu par Blue Carbon au Libéria, pourraient maintenir leurs émissions d’origines fossiles en les compensant sur le papier. Ils seraient ainsi en mesure de respecter leurs engagements en matière de climat alors que le Libéria, dont les émissions sont infimes en comparaison, n’y parviendrait probablement pas !

Blue Carbon a également signé plusieurs protocoles d’accords similaires avec les gouvernements de Papouasie-Nouvelle-Guinée, Tanzanie, Zambie, en plus du Zimbabwe et peut-être de l'Angola.


Sources et informations supplémentaires

Lettre

Aux gouvernements du Libéria et des pays du Nord

Madame, Monsieur,

Le monde souffre d’une crise climatique mondiale. Les canicules, les sécheresses, les inondations et les tempêtes ne sont que quelques-unes des catastrophes qui font des milliers de victimes et dévastent de vastes régions.

Les crédits carbone et autres mécanismes visant à compenser les émissions de gaz à effet de serre dues à la combustion d’énergies fossiles sont une fausse solution pour lutter contre cette crise existentielle. Ils permettent aux pollueurs de continuer à nuire au climat et transfèrent la charge de la lutte contre le changement climatique sur les pays qui en sont le moins responsables.

L’accord que le gouvernement du Libéria est sur le point de signer avec la société Blue Carbon LLC, basée aux Émirats arabes unis, en est un parfait exemple : il menace les droits fonciers et les moyens de subsistance de la population locale et réduit la capacité du pays africain à respecter ses propres engagements en matière de protection du climat et de la biodiversité.

Les forêts du Libéria sont déboisées à un rythme sans précédent et il ne fait aucun doute qu’elles doivent être mieux protégées. Mais il est très incertain que l’accord proposé avec Blue Carbon y contribue de manière crédible.

Nous exhortons en conséquence le gouvernement du Libéria à :

- suspendre les négociations avec Blue Carbon,

- rendre accessible au public tous les documents pertinents,

- garantir que les mécanismes de compensation respectent les droits fonciers et les moyens de subsistance des communautés concernées. Il s’agit notamment de la loi nationale sur la réforme forestière (National Forestry Reform Law - 2006), de la loi sur les droits communautaires sur les terres forestières (Community Rights Law with Respect to Forest Lands -2009) et de la loi sur les droits fonciers (Land Rights Law - 2018) ; respecter en particulier les principes du consentement libre, préalable et éclairé (CLIP) et les intérêts des populations locales,

- évaluer si les mécanismes de crédit carbone limitent ou favorisent la capacité du Libéria à atteindre ses propres objectifs climatiques.

Nous demandons aux gouvernements des pays du Nord de :

- assumer votre responsabilité en tant que pays les plus responsables de la crise climatique, par la réduction de vos émissions à "zéro réel" et non à "zéro net" par le biais de compensations et de crédits carbone,

- veiller à ce que la protection des forêts au Libéria et dans d’autres pays reçoive les ressources financières nécessaires. Les fonds ne doivent pas provenir de mécanismes basés sur le marché tels que les crédits carbone mais, par exemple, de frais et de taxes sur les transactions financières internationales ou de la suppression des subventions nuisibles,

- respecter vos engagements pour aider les pays concernés à protéger leurs forêts tropicales, le climat et la biodiversité.

Nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de notre profond respect.

Mises à jour Footnotes

accord de conservation

Le "conservation agreement"a été négocié en secret et le protocole d’accord signé le 25 mars 2023. Des sources gouvernementales ont divulgué l’information aux écologistes juste avant que le gouvernement ne lance des consultations au début du mois d’août.


SDI

L’organisation de protection de l’environnement SDI est basée à Monrovia, la capitale du Libéria. Elle est l’une des sept organisations non gouvernementales du Mécanisme indépendant de coordination de la surveillance des forêts (IFMCM - Independent Forest Monitoring Coordination Mechanism).

Cette pétition est également disponible en :

66 771 signatures

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