L'huile de palme, une erreur non renouvelable

Un militant écologiste tient dans ses bras un bébé primate victime de la destruction de son habitat naturel La faune des forêts tropicales est menacée par les plantations de palmiers à huile (© Tantyo Bangun)
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L'huile de palme, plus grand danger pour les forêts humides d'Indonésie, cherche à intégrer le marché de l'énergie des États-Unis. Industriels et dirigeants indonésiens font actuellement pression sur l‘Agence de protection de l’environnement US pour que l'huile de palme soit reconnue comme énergie renouvelable. Empêchons-les !

Appel

M. Aaron Levy, Bureau des transports et de la qualité de l'air<br/>Mme Gina McCarthy, administratrice adjointe au bureau de l'air et des radiations<br/>Mme Lisa P. Jackson, administratrice<br/>M. Paul Argyropoulos, conseiller en politiques

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Les forêts tropicales sont le poumon de notre planète et doivent être protégées. L'huile de palme, par les destructions que ses plantations causent sur de vastes zones, est leur plus grande menace en Indonésie. 

Émissions massives de gaz à effet de serre, mort d'innombrables spécimens d'espèces menacées comme l'orang-outan, tel est le sinistre bilan du troisième pollueur et premier producteur mondial d'huile de palme. 

L'EPA freine l'huile de palme

Au début de l'année 2012, en considération de ses normes sur les émissions de gaz à effet de serre, l'Agence de protection de l’environnement des États-Unis (EPA) a décidé de ne pas homologuer l'huile de palme parmi les carburants renouvelables. 

La réaction des industriels de l'huile de palme ne s'est pas fait attendre : engagement de cabinets de lobbying comme Holland & Knight, tentative de discrédit de la décision de l'EPA par des études de complaisances. Car l'enjeu est de taille dans cette affaire : l'accès pour l'huile de palme au colossal marché de l'énergie des États-Unis

La semaine prochaine, une délégation de l'EPA se rendra dans les plantations de palmiers à huile dans la province de Riau sur l'île de Sumatra. Elle rencontrera ensuite M. Gamal Nasir, le ministre indonésien de l'agriculture. 

En revenant sur sa décision, l'EPA ouvrirait la voie à encore plus de déforestation pour l'huile de palme en Indonésie. En la maintenant, elle enverrait un signal fort à ses producteurs industriels. C'est cela que nous souhaitons rappeler à l'EPA avant, pendant et après cette visite. Signez notre pétition !


Contexte

Des chercheurs des université de Yale et de Stanford viennent de rendre publique début octobre une étude sur l'ampleur de la déforestation causée par l'huile de palme. L'expansion des plantations sur l'île de Bornéo occasionnera d'ici 2020 des émissions de gaz à effets de serre supérieures à celle d'une nation industrielle comme le Canada.

La biodiversité est aussi menacée par l'huile de palme. Selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les plantations sont le plus grand danger pour des espèces menacées comme l'orang-outan ou le tigre de Sumatra.

 

Informations supplémentaires

• Notice de l'Agence de protection de l’environnement des États-Unis  EPA Issues Notice of Data Availability Concerning Renewable Fuels Produced from Palm Oil Under the RFS Program 
• Étude universitaire  Stanford researchers show oil palm plantations are clearing carbon-rich tropical forests in Borneo 
• L'excellent blog d'Adrien Gontier  Vivre sans huile de palme
• Article et images sur le sujet  Des forêts tropicales à l'huile de palme
• Article de Boursorama  L'huile de palme, amie de l'environnement ?
• Article de Zonebourse  Huile de palme : Les pays producteurs contestent la remise en question de l’huile de palme comme énergie renouvelable
• Chapitre sur les « biocarburants » du Rapport de l'OCDE et de la FAO  Perspectives agricoles de l'OCDE et de la FAO 2011-2020


Destinataires de la pétition

Agence de protection de l’environnement des États-Unis

U.S. Environmental Protection Agency (EPA) 

Mr Aaron Levy, Office of Transportation and Air Quality, Transportation and Climate Division
1200 Pennsylvania Ave., NW., Washington, DC 20460 (MC:6041A)
Phone number: 202–564–2993; fax number: 202–564–1177
email: levy.aaron@epa.gov

• M. Aaron Levy, Bureau des transports et de la qualité de l'air 
• Mme Gina McCarthy, administratrice adjointe au bureau de l'air et des radiations
• Mme Lisa P. Jackson, administratrice de l'EPA 
• M. Paul Argyropoulos, conseiller en politiques

Lettre

M. Aaron Levy, Bureau des transports et de la qualité de l'air<br/>Mme Gina McCarthy, administratrice adjointe au bureau de l'air et des radiations<br/>Mme Lisa P. Jackson, administratrice<br/>M. Paul Argyropoulos, conseiller en politiques

Madame, Monsieur,

Je suis préoccupé par le fait que les grands industriels de l'huile de palme aient engagé un cabinet de lobbying pour attaquer les conclusions de l'EPA selon lesquelles les « biocarburants » à base de palme ne répondent pas aux normes sur les émissions de gaz à effet de serre des États-Unis d'Amérique. L'EPA avait certes observé que les carburants à base de d'huile de palme émettaient moins de gaz à effet de serre que les carburants fossiles. Néanmoins la différence n'était pas suffisamment grande pour que ceux-ci répondent à la norme sur les carburants renouvelables. Du point de vue climatique, je considère l'huile de palme bien plus nocive que les carburants traditionnels car sa production cause la destruction des forêts tropicales et des tourbières au rôle majeur dans la séquestration du carbone.

Je ne souhaite pas voir les États-Unis d'Amérique contribuer à la destruction accrue des forêts tropicales, à la perte de la biodiversité, au déplacement des populations autochtones et à la pollution des sources naturelles d'eau. Veuillez donner la primauté aux preuves scientifiques sur les intérêts de l'industrie et ses groupes de pression. Je vous exhorte à motiver votre décision, à savoir si les combustibles à base d'huile de palme répondent aux normes sur les carburants renouvelables des États-Unis d'Amérique, sur des faits objectifs.

Je vous prie d'agréer, Madame, Monsieur, l'expression de mes respectueuses salutations.

L'huile de palme en 5 minutes

Situation actuelle : la forêt tropicale dans les véhicules et les assiettes

Avec 66 millions de tonnes par an, l’huile de palme est l’huile végétale la plus produite de la planète. Un prix particulièrement bas sur le marché mondial et des propriétés convenant particulièrement au processus de transformation industrielle des aliments ont fait que l’huile de palme est présente aujourd’hui dans un produit sur deux dans les supermarchés : pizzas surgelées, biscuits, margarine, crème pour le corps, savon, maquillage, bougies, lessive…

Ce que presque personne ne sait : près de la moitié des importations d’huile de palme dans l’union européenne est consommée sous la forme de biocarburants. La loi de 2009 sur l’incorporation obligatoire d’agrocarburants dans l’essence et le diesel est ainsi une cause majeure de déforestation tropicale.

À ce jour, les plantations d’huile de palme s’étendent sur 27 millions d’hectares à travers le monde, soit un territoire grand comme la Nouvelle-Zélande d’où ont été chassés habitants et animaux pour faire place à un « désert vert ».

Les conséquences : la mort dans le sachet de soupe en poudre

Les palmiers à huile trouvent des conditions optimales de croissance dans les chaudes et humides régions tropicales près de l’Équateur. En Asie du Sud-Est, en Amérique du Sud et en Afrique, d’immenses zones
de forêts tropicales sont défrichées et brûlées, jour après jour, pour faire de la place aux plantations. Ce faisant, de grandes quantités de gaz à effet de serre sont émises dans l’atmosphère. L’Indonésie, premier producteur d’huile de palme de la planète, a ainsi émis plus de gaz à effet de serre que les États-Unis d’Amérique au cours de l’année 2015. Les émissions de CO2 et de méthane rendent les biocarburants à base d’huile de palme trois fois plus nocif pour le climat que les carburants à base de pétrole.

Mais le climat n’est pas le seul touché : avec les arbres disparaissent des espèces rares comme l’orang-outan, l’éléphant pygmée de Bornéo ou le tigre de Sumatra. Paysans et populations autochtones, qui depuis des générations vivent dans la forêt et la préservent, sont souvent brutalement expulsés de leur terres. A ce jour, 700 conflits fonciers en rapport avec l’industrie de l’huile de palme ont été recensés en Indonésie. Et les plantations gérées de « manière durable » ou « bio » ne sont pas exemptes de violations des droits humains de la population.

Nous, consommateurs, en entendons peu parler. Pourtant, notre absorption quotidienne d’huile de palme est nocive pour notre propre santé : l’ huile de palme industrielle raffinée est riche en contaminant génotoxiques et cancérigènes comme l’a alerté l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) au cours de l’été 2016.

La solution : changer radicalement nos modes d’alimentation et de déplacement

Il ne reste plus que 70 000 orangs-outans dans les forêts d’Asie du Sud-Est. La politique européenne de soutien aux biocarburants pousse les grands singes toujours plus au bord de l’extinction : chaque nouvelle plantation de palmier à huile détruit une partie de son habitat naturel. Nous devons faire pression sur les politiques pour aider nos plus proches parents. Mais il existe des pratiques quotidiennes pouvant déjà apporter beaucoup.

Ces conseils simples vous aideront à savoir où l’huile de palme se cache et comment l’éviter :

  1. cuisiner soi-même : biscuits poire - amande - noix de coco ? Pizza pomme de terre romarin ? Transformer soi-même des aliments frais permet d’éviter tous les plats préparés contenant de l’huile de palme de l’industrie agroalimentaire. Les huiles végétales européenne telles que l’huile d’olive, de tournesol ou de colza s’adaptent à quasiment toutes les recettes.
  2. lire les étiquettes : la présence d’huile de palme doit être indiquée sur les emballages alimentaires depuis décembre 2014. Mais pas pour les cosmétiques mais et les produits ménagers où elle se cache sous la forme de termes techniques. Il est très facile de trouver des alternatives sans huile de palme sur internet.
  3. le client est roi : « Quels produits sans huile de palme proposez-vous ? Pourquoi n’utilisez pas des huiles locales ? » Poser de telles questions aux fabricants peut leur faire craindre pour la réputation de leurs produits. La pression publique et la prise de conscience accrue du problème a déjà incité plusieurs producteurs à renoncer à huile de palme.
  4. Signer des pétitions et interpeler les politiques : les pétitions en ligne permettent de faire pression sur les politiques responsables des importations d’huile de palme. Avez-vous déjà signé toutes les pétitions de Sauvons la forêt ?
  5. Se faire entendre : les manifestations et autres actions collectives permettent d’atteindre le public et les médias. Ainsi s’accroît la pression sur les décideurs politiques.
  6. Renoncer à la voiture : il est très facile de réaliser la plupart de nos trajets à pied, à vélo ou avec les transports en commun.
  7. Savoir et faire savoir : les milieux économiques et politiques veulent nous faire croire que les biocarburants sont bons pour le climat ou qu’il est possible de produire de l’huile de palme de manière durable. Sauvonslaforet.org informe sur les conséquences de la culture industrielle de l’huile de palme.

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