Stoppons une nouvelle mine d’or en Amazonie péruvienne

La forêt amazonienne et une cabane en bois se reflètent dans l’eau du fleuve Yanayacu au Pérou © Jesse Kraft/123RF.com Capture d'écran d'un article de presse sur une exposition consacrées aux Shawis Photo issue d'un article de presse consacré aux traditions du peuple Shawi (© RdR-Screenshot)
204 785 signatures

La ruée vers l’or pourrait faire de nouveaux ravages au Pérou. Pour permettre à une entreprise canadienne d’exploiter en forêt amazonienne, des fonctionnaires ont déclaré une zone non boisée et inhabitée. Les indigènes Shawi, dont le mode de vie a permis de préserver ce territoire, sont indignés. Aidons-les à sauver leur forêt !

Appel

Au président de la république du Pérou

“Merci d’annuler les concessions minières octroyées pour l’exploitation de l’or et du cuivre dans la forêt tropicale du peuple Shawi.”

Afficher la lettre de pétition

Scandaleux et sans précédent : 8.900 hectares de forêt tropicale situés en Amazonie péruvienne ont été déclarés « zone non boisée et non peuplée » par les autorités, et ce afin d’attribuer des concessions minières d’or et de cuivre à une compagnie minière canadienne. Les autorités bafouent les droits fonciers existants ainsi que les lois relatives à la protection de la nature.

Cette forêt tropicale est habitée par les indigènes du peuple Shawi depuis des générations. Les fonctionnaires feignent d’ignorer leur existence et leurs droits fonciers. Le Ministère de l’Énergie et des Mines ainsi que l’Institut Géologique Minier et Métallurgique (INGEMMET) ont encouragé l’attribution de concessions à l’insu des habitants. Cette forêt vierge qui soi-disant n’existe pas est située dans le district de Balsapuerto dans la Province d’Alto Amazonas.

Le bénéficiaire des droits d’exploitation est l’entreprise Minerales Camino Real Perú SAC, une filiale de l’entreprise canadienne Royal Road Minerals Limited.

Des organisations indigènes ont fermement condamné cette procédure allant à l’encontre du droit péruvien et du droit international en vigueur. Les fondements de l’autorisation sont absurdes et contradictoires. Aucune étude d’impact environnemental n’a été réalisée et les membres de la communauté Shawi n’ont pas été consultés.

Les indigènes ne sont pas les seuls à avoir besoin de la forêt pour vivre. La préservation de la nature est également indispensable aux 60.000 habitants de la ville de Yurimaguas. Les concessions sont situées au pied des Andes, berceau des fleuves Cachiyacu, Armanayacu et Yanayacu qui se jettent dans le fleuve Paranapura et le fleuve Huallaga. Ce dernier approvisionne la ville en eau potable et ne doit pas être pollué par l’exploitation aurifère.

Contexte

Les requérants sont les organisations indigènes ORDEPIA (Organización de Pueblos Indígenas de Alto Amazonas), CORPI (Coordinadora Regional de los Pueblos Indígenas de San Lorenzo), FECONACHA (Federación de Comunidades Nativas Chayawitas) ainsi que les organisations de développement Frente de Defensa y Desarrollo de Alto Amazonas - FREDESAA, el Frente Amplio de Asentamientos Humanos de la ciudad de Yurimaguas ; la commune Balsapuerto et le vicariat ecclésiastique Pastoral de la Tierra del Vicariato Apostólico de Yurimaguas.

 

Sources et informations supplémentaires (en espagnol)

 

Destinataire de la pétition

En plus de signer la pétition, il vous est possible de contacter directement son destinataire :

  • M. Martín Vizcarra, Président de la République du Pérou

Ambassade du Pérou
50, avenue Kléber
75116 Paris
Tel : +33 (0)1 53 70 42 00
Courriel : perou.ambassade@amb-perou.fr

Lettre

Au président de la république du Pérou

Monsieur le Président,

Des organisations indigènes et d’autres organisations telles que la Pastoral de la Tierra du vicariat apostolique de Yurimaguas exigent que vous annuliez l’attribution des concessions minières d’or et de cuivre dans les régions indigènes de Balsapuerto.

Les rapports officiels ne sont pas actuels. Ils comportent des contradictions, des inexactitudes et nient l’existence des forêts tropicales et des Shawi, dont les terres ancestrales sont désormais occupées par les concessions.

Le maire de Balsapuerto et les communautés indigènes demandent une rencontre avec vous et votre Premier Ministre afin de mettre en œuvre l’annulation des concessions minières.

Parallèlement, il est urgent de lutter contre les pénuries chroniques d’eau potable dans la zone supérieure de la région amazonienne, un problème que le projet minier viendrait encore aggraver.

La protection et la préservation de ces forêts sont très importantes pour les populations indigènes. Elles déclarent vouloir défendre leur territoire au péril de leur vie. Nous vous demandons donc d’annuler sans plus attendre les concessions minières et de contribuer à la préservation de cet important patrimoine naturel.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre très haute considération.

L'or en 5 minutes

Situation actuelle : l’or sale

 

On trouve de l’or presque partout dans le monde. L’extraction de l’or est particulièrement massive sur l’île de Lihir au nord-ouest de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, où environ 75 kilos d’or sont extraits chaque jour. En comparaison internationale, la Chine est le pays qui extrait le plus d’or en 2016 avec 455 tonnes, soit environ 13 % de la production mondiale.

En 2016, 47,4 % du métal précieux a été transformé en bijoux ; 7,5 % de l’or extrait a été utilisé dans l’industrie électronique pour fabriquer entre autres des téléphones et des ordinateurs portables. Le reste est détenu par des banques centrales ou des investisseurs privés sous forme de réserve et à des fins spéculatives. La Banque centrale américaine possède de loin le plus grand stock d’or mondial avec 8 133,5 tonnes. La Banque fédérale d’Allemagne arrive en seconde position avec 3 377,9 tonnes d’or.

L’or peut être présent sous forme de dépôts alluvionnaires granuleux (pépites), qui sont séparés mécaniquement du substrat venant du sol. Mais le métal précieux est le plus souvent présent en quantités infimes dans la structure réticulaire des minéraux rocheux. Les orpailleurs doivent utiliser du cyanure et du mercure pour extraire et lier la poussière d’or.

L’exploitation aurifère industrielle a recours au cyanure et à la soude caustique, un procédé extrêmement nocif pour l’environnement. L’extraction d’une tonne d’or nécessite 150 tonnes de cyanure en moyenne. À titre de comparaison, quelques millilitres de cette substance sont déjà mortels pour l’homme.

Le procédé à base de mercure est souvent utilisé par les petits orpailleurs. Les minerais contenant de l’or sont d’abord passés au tamis pendant des heures dans l’eau, jusqu’à ce que la poussière d’or soit concentrée dans le dépôt. Cette boue rocheuse contenant de l’or est ensuite mélangée à du mercure, qui forme un alliage liquide (amalgame) avec l’or. Cet alliage est ensuite chauffé. Le métal lourd toxique s’évapore, ne laissant que de l’or pur. Dans les petites mines artisanales, on cherche souvent en vain des équipements de protection contre la neurotoxine ou des dispositifs permettant de récupérer le mercure s’évaporant. Le métal précieux profite surtout aux bailleurs, aux entreprises de transport et aux distributeurs de produits chimiques. Les hommes et la nature souffrent de l’exploitation aurifère.

Les conséquences : des forêts tropicales à la riche biodiversité transformées en déserts toxiques

 

Le cyanure et le mercure contaminent les sols et les nappes phréatiques à jamais. Mêmes lorsque les mines d’or sont fermées, les gravats traités au cyanure émettent des acides sulfuriques toxiques pendant des décennies.

L’extraction aurifère industrielle nécessite par ailleurs des quantités d’eau astronomiques. En moyenne, 140 000 litres d’eau par heure sont nécessaires, ce qui correspond à la consommation d’eau annuelle d’un foyer de trois personnes (en Allemagne). L’eau contaminée est stockée dans des bassins de rétention recouverts d’un film étanche puis partiellement retraitée. De fortes pluies susceptibles de provoquer des débordements ou des ruptures de digues et des micro-perforations pouvant endommager le film constituent de grands risques environnementaux. Les ruptures de digues sont fréquentes. En 2000, des boues contenant des métaux lourds ont contaminé la Tisza, le plus grand affluent du Danube, en Roumanie. Toute forme de vie a été détruite dans les cours d’eau. La charge polluante a été détectée jusque dans le Danube, pourtant éloigné de plusieurs centaines de kilomètres.

A cela s’ajoute l’abattage d’arbres géants dans les forêts vierges. Des pelleteuses creusent la terre, laissant derrière elles des paysages lunaires. 1 000 kilos de déchets toxiques et de déblais sont produits pour obtenir seulement 0,24 gramme d’or. Une bague en or produit à elle seule 20 tonnes de déchets hautement toxiques.

L’organisation des droits de l’homme Human Rights Watch signale aussi que le travail des enfants est largement répandu dans le secteur aurifère. Les enfants sont envoyés dans des puits étroits et lavent le minerai contenant de l’or à mains nues dans des mélanges à base de mercure.

La solution : 4 règles d’or pour protéger les hommes et la nature

Mon bijou en or a-t-il lui aussi été fabriqué dans des conditions inhumaines et préjudiciables pour l’environnement ? Il est extrêmement difficile de suivre la trace de l’or en raison de la multiplicité des acteurs impliqués. Les raffineries d’or, qui se trouvent principalement en Suisse et représentent 70 % de la production mondiale, indiquent utiliser des matières premières fournies par des revendeurs certifiés. Mais si l’on y regarde de plus près, on s’aperçoit que de nombreux vendeurs réalisent des transactions fictives avec de fausses adresses (nous vous recommandons de visionner le reportage suivant : « L’or sale d’Amazonie française »).

Nous sommes également responsables de ces conséquences désastreuses. Alors, que pouvons-nous faire à notre échelle pour changer cela ?

  • Repenser la consommation: a-t-on vraiment besoin d’un nouveau smartphone chaque année ? Utilisez vos appareils électroniques (téléphones et ordinateurs portables) aussi longtemps que possible. Lorsque votre appareil ne fonctionne plus, vous pouvez vous en séparer en veillant à le déposer dans un point de recyclage. Saviez-vous que, selon les calculs de l’ONU, l’or contenu dans seulement 49 portables correspond à une tonne de minerai d’or ?
  • Transformez vos bijoux : vous pouvez facilement transformer en or vos bijoux démodés ou qui ne seraient plus à votre goût. La forêt tropicale vous en sera reconnaissante.
  • L’or n’est pas un bon investissement : l’or est-il vraiment un placement sûr en cas de crises financières ? Les experts le déconseillent. Et en plus, l’or n’est pas un placement financier éthique et responsable.
  • Partagez vos connaissances : alertez l’opinion sur l’usage de produits toxiques pour l’environnement dans les mines à ciel ouvert, la destruction de la nature et les conditions de travail inhumaines qui y prévalent. Vous pouvez également envoyer un signal fort et soutenir notre travail en signant nos pétitions comme « Président Macron : Non à la mine d’or industrielle en Guyane ! »

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