Bois-énergie : l’UE doit protéger les forêts au lieu de les brûler

Photomontage Bioenergie © shutterstock.com + istockphoto.com - Collage RdR
92 462 signatures

La transition vers les énergies renouvelables est urgente à mettre en œuvre. Mais brûler des arbres et forêts entières dans des grandes centrales électriques n’est ni neutre pour le climat ni écologique. Demandons la suppression du bois-énergie des objectifs de l’UE en matière d’énergies renouvelables et de ses importantes subventions.

Mises à jour Appel

Au vice-président exécutif de la Commission Européenne, Frans Timmermans, et aux gouvernements des États-membres de l'UE

“La combustion massive de bois de forêt doit être supprimée des objectifs de l’UE en matière d’énergies renouvelables et ne plus être subventionnée par millards.”

Afficher la lettre de pétition

À l’heure où nous écrivons, les décideurs politiques de l’UE prennent des décisions critiques quant à notre réponse aux crises du climat et de la biodiversité, sur la façon dont nous produisons de l’énergie et protégeons la nature. Ces décisions auront des conséquences pour des décennies.

Le moment est venu de dire aux responsables de l’UE que brûler du bois comme combustible est une catastrophe pour les forêts et le climat, et que ce n’est pas ce que les gens veulent comme « énergie renouvelable ».

La quantité de bois brûlé pour la production d’électricité et de chauffage a considérablement augmenté depuis que l’UE a commencé à l’intégrer dans ses objectifs d’énergies renouvelables. Dans l’UE, plus d'un tiers de l’énergie ‘renouvelable’ provient désormais de la combustion du bois, dont une grande partie provient directement des forêts.

La pauvreté énergétique est un grave problème dans l’UE, et de nombreuses personnes dépendent du bois de chauffage pour leurs besoins. Par conséquent, cette pétition n’est généralement pas dirigée contre le bois en tant que source d’énergie.

Cependant, les lucratives subventions accordées à la biomasse au titre des énergies renouvelables causent une recrudescence des abattages d’arbres, ce qui accroît les émissions de CO2 et dégrade les écosystèmes forestiers. L’impact sur les émissions de gaz à effet de serre est aggravé parce que la combustion du bois absorbe de précieux financements publics.

Signez la présente pétition, soutenue par 86 ONG, pour que l’énergie obtenue en brûlant du bois de forêt ne soit plus prise en compte dans les calculs des objectifs d’énergies renouvelables ni subventionnée.

Contexte

Nos forêts nous fournissent de l’air frais et de l’eau propre, et contribuent à réguler le cycle des précipitations. Elles stockent le carbone, limitent les effets dangereux du dérèglement climatique pour les populations locales, et sont des sanctuaires pour un nombre incalculable d’espèces végétales et animales.

Le pillage des forêts comme source de combustible ne peut pas être considéré comme une source d’énergie renouvelable car met en péril les fonctions et les services fournis par les forêts. Les conseillers scientifiques de la Commission européenne ont récemment constaté que l’UE perd ses forêts rapidement, en partie à cause de l’augmentation des abattages pour le bois de chauffage. 

Mais les forêts de l’UE ne sont pas les seules à souffrir. L’UE importe de plus en plus de bois de chauffage des États-Unis, du Canada, de la Russie, d’Ukraine et même du Brésil. Rien qu’en Amérique du Nord, l’industrie des granulés de bois (“pellets”) consomme des millions de tonnes d’arbres par an. C’est pourquoi 86 ONG environnementales du monde entier soutiennent cette pétition.

Les consommateurs et les contribuables européens paient pour ces dégâts aux forêts, au climat et à la qualité de l’air via des subventions pour les énergies renouvelables censées soutenir les énergies "propres et vertes". Rien qu’en 2017, les citoyens de 15 États-membres de l’UE ont versé plus de 6,5 milliards d’euros en subventions pour le bois-énergie, et le chiffre total pour l’ensemble de l’UE est bien plus élevé.

Brûler de la biomasse n’a pas seulement un impact sur les forêts et le climat: sur notre santé aussi. Brûler du bois est une source majeure de pollution atmosphérique, qui tue déjà plus de 1000 personnes par jour dans l’UE.

Lettre

Au vice-président exécutif de la Commission Européenne, Frans Timmermans, et aux gouvernements des États-membres de l'UE

Monsieur le vice-président Timmermans,
Madame la ministre, Monsieur le ministre,

Préserver la nature et éviter les pires effets du changement climatique nécessite un engagement sans précédent pour protéger et restaurer les forêts naturelles.

Pourtant, les dirigeants européens sapent nos efforts pour protéger nos forêts et la planète. Comment? La politique de l’UE cause une recrudescence de l’exploitation forestière, et des émissions de gaz à effet de serre associées, en prétendant que brûler du bois de forêt serait une source d’énergie renouvelable "zéro carbone".

Raser et brûler les forêts est néfaste pour le climat, la santé humaine et les plantes et les animaux qui y vivent. Pourtant, chaque année, l’UE devient davantage dépendante du bois-énergie pour atteindre ses objectifs en matière d’énergies renouvelables, et les consommateurs doivent chaque année verser des milliards de subventions à cette escroquerie climatique.

Un tel prix à payer est inacceptable.

Nous demandons donc aux décideurs politiques et aux États-membres de l’UE de :

- Mettre fin aux subventions et autres incitations à brûler du bois de forêt, et réorienter ces moyens vers l’efficacité énergétique et les sources réelles d’énergie renouvelable à faibles émissions

- Exclure l’énergie obtenue en brûlant du bois de forêt des calculs pour atteindre les objectifs d’énergies renouvelables

- Donner la priorité à la protection et la restauration des forêts, et veiller à ce que toutes les politiques de l’UE préservent notre santé, le climat et la biodiversité

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le vice-président Timmermans, Madame la ministre, Monsieur le ministre, l’expression de notre haute considération.

Les biocarburants en 5 minutes

Expropriations, déforestation dans les régions tropicales et hausse du prix des denrées alimentaires : la production de bioéthanol et de biodiesel pose de nombreux problèmes pour l’être humain et l’environnement.

Les coûts de production étant plus élevés chez nous et les terres agricoles plus rares, des matières premières telles que l’huile de palme, l’huile de soja et le « bioéthanol » sont importés en masse d’outre-mer et incorporés au carburant fossile. Des écosystèmes naturels sont sacrifiés à ces carburants pour faire de la place aux plantations de palmiers à huile, de soja et de canne à sucre. La destruction des forêts tropicales accroît le réchauffement climatique dû aux grosses quantités de CO2 relâchées dans l’atmosphère.

Comme des millions d’hectares de champs sont désormais occupés par des cultures de plantes énergétiques et ne peuvent donc plus servir à la production de denrées alimentaires et d’aliments pour animaux, l’offre de denrées alimentaires s’amenuise et les prix augmentent. De plus, le biocarburant est presque exclusivement fabriqué à partir de plantes alimentaires.

Sauvons la forêt mène des actions de sensibilisation à ce sujet. Elle demande à l’Union européenne et à ses États membres de mettre fin à cette politique énergétique dévastatrice.


Glossaire

Agrocarburants / biocarburants : carburants tels que le biodiesel et le bioéthanol fabriqués à partir de denrées alimentaires pour les moteurs à combustion. Ceux-ci sont incorporés au carburant fossile vendu dans les stations-services comme prescrit par la loi.

Biocombustibles : combustibles produits à partir de la biomasse tels que le bois, les copeaux de bois, les granulés de bois, l’huile de palme et la liqueur noire issue de l’industrie de la cellulose. Ils sont utilisés dans les fours, cheminées, installations de chauffage et centrales électriques ou de cogénération pour produire de l’électricité et du chauffage.

Biodiesel (ester méthylique d’acides gras - EMAG) : carburant obtenu par transestérification d’huiles végétales comme le colza, l’huile de palme et le soja.

Changement d’affectation des sols indirect (CASI) : phénomène d’accaparement de terres jusque-là dédiées à la production de denrées alimentaires et d’aliments pour animaux pour la culture de plantes énergétiques.

Huile végétales hydrogénées (Hydrotreated Vegetable Oils - HVO) : huiles végétales transformées en biocarburant par réaction catalytique avec l’hydrogène (hydrogénation). En pratique, c’est principalement l’huile de palme qui est utilisée.

RED : la directive sur les énergies renouvelables de l’Union Européenne (Renewable Energy Directive – RED, 2009/28/EG) prévoit de couvrir au moins 10% des besoins en carburant dans le secteur des transports via des énergies renouvelables d’ici à 2020.

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