Sauvons la forêt de l'Alto Purús au Pérou

Tamarins sauteurs de l'Alto Purús © Stiftung Papiliorama (Schweiz) / Thomas Rawyler
38 866 signatures

Une route devant relier les villes de Puerto Esperanza et d'Iñapari doit être construite en plein coeur du parc national de l'Alto Purús au Pérou. Sa forêt tropicale encore intacte et en grande partie inaccessible, son riche écosystème et ses tribus isolées sont menacés de disparitions. Aidons à préserver parc national de l'Alto Purús 

Appel

Le Pérou se situe à la deuxième place en terme de surface de forêts tropicales en Amérique du Sud. La pression que connait l'Amazonie y est palpable : mines, exploration pétrolière et projets d'infrastructures constituent les plus grandes menaces pour ses écosystèmes sensibles. Même les parcs protégés sont dans le viseur des intérêts économiques. Ainsi une partie d'une route projetée devant relier le Brésil au Pérou, pour faciliter le transit de marchandises, traverserait le parc national de l'Alto Purús, un point chaud de biodiversité en grande partie intact au Pérou. Sur les 86 espèces de mammifères qu'on lui connait, 21 sont inscrites sur la liste rouge des espèces menacées. De plus, le parc est habité par deux tribus indiennes isolées. Les groupes de protection de l'environnement et scientifiques du pays considèrent qu'une route au travers du parc national anéantirait sa diversité naturelle et culturelle.

Suite

Soutenez les organisations écologistes et indigènes péruviennes dans leur lutte pour la préservation du parc national de l'Alto Purús. Veuillez signer la pétition adressée au président du Pérou pour lui demander de respecter les lois nationales et internationales.

Contexte

Une route pour les intérêts économiques de quelques-uns

Il ne faut pas se tromper sur les richesses qui doivent être exploitées grâce à la nouvelle route. Ainsi, le rapport de projet explicite sans tabous : « Avant toutes choses la forêt tropicale comme source de production de bois et la possibilité de l'élevage à grande échelle ». Le but de la construction de la route est on ne peut plus clair : pouvoir développer économiquement les zones inaccessibles de l'Amazonie. Devant relier les villes péruviennes de Puerto Esperanza (Madre de Dios) et Iñapari (Ucayali), la nouvelle route fait partie d'un vaste projet d'infrastructures dans toute l'Amérique du Sud. Ce dernier, nommé IIRSA, est un programme de mise en réseau des différents moyens de communications et de transport en Amérique latine visant à promouvoir les échanges commerciaux et faciliter l'exportation. La route problématique traversant le parc national de l'Alto Purús est un tronçon de l'axe interocéanique central (Bolivie, Brésil, Chili, Paraguay et Pérou) de l'IIRSA, destiné à relier le Brésil à la côte pacifique du Pérou sur long terme. Un partisan local de cette route à travers l'Alto Purús est l'église catholique de Párroco car elle la voit comme source de « libération » pour les groupes indigènes volontairement isolés.

Alto Purús - Ressources naturelles au delà des frontières

Si la route venait à être construite, elle couperait en deux l'un des plus grands parcs naturels du Pérou. Une zone de 2,74 millions d'hectares est protégée légalement depuis 2004. Lié à d'autres parcs naturels au Brésil et en Bolivie, l'Alto Purús fait partie d'un des plus grand réseaux d'aires naturelles protégées à travers l'Amazonie. De grandes zones du parc de l'Alto Purús sont uniquement accessibles par les airs, raison pour laquelle son écosystème à la très riche biodiversité est en grande partie intact. Il abrite certaines espèces rares et menacées telles la loutre géante, le jaguar et l'atèle noir (ou singe araignée - Ateles paniscus). A ce jour, les chercheurs y ont découvert 86 espèces de mammifères et 510 d'oiseaux. Les scientifiques mettent en garde sur les conséquences de la construction d'une route à travers l'Alto Purús, car elle amènerait inévitablement coupes de bois illégales et braconnage sur une grande partie du parc. Des études montrent que dans les faits une bande d'au moins 50 kilomètres de forêt est défrichée de chaque côté des routes en construction en Amazonie. Ce serait un développement catastrophique pour l'écosystème de l'Alto Purús.

Diversité culturelle dans le parc national de l'Alto Purús

La population de la province de Purús est composée à plus de 85 % d'indigènes autochtones vivant en tribus. Juni kuin, Sharanahua, Culina et autres tribus rejettent en majorité la construction d'une route sur leurs territoires. Flora, de l'organisation faîtière FECONAPU explique : « Nous ne croyons pas aux promesses de progrès du gouvernement. La route apportera avec elle plus de pauvreté, plus de colons et la destruction de la nature ». Deux tribus d'indigènes vivant en isolement volontaire, les Mashco Piros et Curanjeños, voient leur existence directement menacée. Théoriquement, la population a la loi de son côté puisque qu'en septembre 2011 le gouvernement du Pérou a transposé au niveau national la « loi de consultation préalable » issue de la Convention 169 de l'Organisation internationale du travail relative aux peuples indigènes et tribaux. Ainsi, au Pérou tout projet économique doit recevoir le consentement des populations concernées. Ce qui n'est pas le cas. De plus, le parc national jouit de protections légales. Flora continue : « Le germe du développement se trouve dans notre créativité, ce que nous construisons pour les générations futures et dans une approche responsable de la faune et de la flore, de la biodiversité. La forêt c'est la vie. »

Déclaration originale de la FECONAPU


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Informations supplémentaires

Français
Article de L'express Pérou: la tribu isolée qui veut vivre en paix
Article de Survival Le Pérou adopte une loi ‘historique’ sur les droits indigènes
Article du Journal de la société des américanistes Vivre isolé pour rester en vie : la frontière Pérou-Brésil

Anglais
Article du Guardian Peru struggles to keep outsiders away from uncontacted Amazon tribe

Espagnol
Dossier de ICAA Amazonía Peruana en 2021
Site web de l'IIRSA

Lettre

À:
M. Ollanta Humala, Président de la République du Pérou

En copie à :
M. Oscar Valdés, Premier ministre de la République du Pérou
Premierminister, Sr. Oscar Valdés
M. Daniel Fernando Abugattás Majluf, Président du Congrès
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Objet: Pas de route dans le parc national de l'Alto Purús
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Monsieur le Président,

Je vous écris pour vous faire part de mon inquiétude relative à la préservation écologique du parc national de l'Alto Purús. Par la présente lettre, j'exprime mon soutien aux revendications de la population indigène de la province de Purús représentée par l'organisation faîtière FECONAPU. Je vous exhorte à empêcher la construction d'une route à travers le parc national, à vous engager pour la préservation de l'écosystème et des communautés autochtones de l'Alto Purús. Par votre transposition au niveau national la « loi de consultation préalable » issue de la Convention 169 de l'OIT, vous avez fait montre de respect pour la culture des peuples autochtones du Pérou en légiférant sur leur droit à l'auto- et co-détermination. Il semble logique que cette nouvelle loi soit mise en pratique.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mon profond respect.

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Déclaration de la FECONAPU

Les communautés indigènes de la province de Purús, réunies dans la Federacion de Comunidades de la Provincia de Purús (FECONAPU), sont décidées à défendre leur territoire, la réserve de Mashco Piro, et rejettent la construction d'une route !

1. Les tribus Cashinahua, Sharanahua, Culina, Chaninahua, Mastanahua et Amahuaca vivent depuis la nuit de temps sur le territoire nommé actuellement province de Purús. Nous nous considérons comme les gardiens de la forêt amazonienne dans cette zone de grande diversité biologique et culturelle.

2. Ce territoire est aussi celui de nos frères « Mashco Piro » qui ont choisi librement de vivre en isolation comme tribu autonome.

3. En 2005, le gouvernement a mis en place le Parc national de l'Alto Purús et la réserve de « Mashco Piro » avec la participation et la consultation de la population autochtone. Depuis, nous nous battons pour le maintien de nos droits et pour la protection du pays.

4. Il existe une pression permanente de la part de l'église de Párroco pour la construction de cette route car selon elle, celle-ci résoudrait « la situation problématique des peuples vivant isolés dans la province de Purús dans la région d'Ucayali ».

5. Lors de ses 3èmes et 4èmes assemblées générales de 2005 et 2007, la FECONAPU a décidé de défendre les territoires indigènes et la réserve des « Mashco Piro ». Elle s'est prononcée contre la construction de la route envisagée. Ces décisions de leurs mandataire sont à considérer comme celle des populations indigènes de la province de Purús.

6. Nous rejetons la construction de la route pour les raisons suivantes, car celle-ci signifierait :
- la perte de services environnementaux comme l'eau propre et le microclimat naturel,
- la perte de la sécurité alimentaire (viande, poisson, fruits, etc.), en particulier pour les tribus vivant en isolement volontaire,
- la perte des réserves territoriales des tribus isolées, dont l'existence a été établie et dont nous devons respecter la culture et le choix,
- la perte de la biodiversité, ce qui signifie aussi la perte scientifique en vue de l'acquisition de connaissances en médecine et dans d'autres disciplines résultant de l'étude de cet écosystème,
- la possible invasion de nos territoires par des colons.

7. Par conséquent, nous demandons à nos frères de se garder de toute tentative de mettre en oeuvre des projets routiers qui ne respecteraient pas nos droits. Maintenant plus que jamais, la loi de consultation et de consentement préalable impose aux pouvoirs publics de nous impliquer dans ses prises de décisions.


Puerto Esperanza, Purús, 15 novembre 2011


Déclaration signée par les représentants de l'ECOPURÚS, de la FECONAPU, et les présidents du comité de gestion du parc national de l'Alto Purís (PNAP)

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