Élevage industriel, viande - questions et réponses

Porcs entassés dans un élevage intensif © tierretter.de

Escalope de porc, côte de bœuf, cuisse de poulet… de plus en plus de viande atterrit dans nos assiettes. Les animaux, parqués dans des fermes industrielles où ils sont entassés dans de minuscules cages et engraissés avant d’être abattus, ne sont pas les seuls à en pâtir. Les forêts tropicales sont aussi victimes de notre appétit carnassier.

Quelles quantités de viande, de lait et d’œufs consomme-t-on ?

Au total, 87,5 kg de viande par habitant ont été consommées en France en 2018, en augmentation de 2,9% par rapport à 2017. En Allemagne, la consommation annuelle moyenne par habitant est de 70 kilos de viande, 90 litres de produits laitiers frais (lait, yaourt, glace, etc.) et 223 œufs (également utilisés dans les pâtes). Si on englobe tous les produits animaux, les Allemands utilisent environ 3 millions d’hectares de terre en Amérique du Sud, rien que pour la culture de soja. A cela s’ajoute l’utilisation des pâturages pour la viande de bœuf importée.

Quelles sont les superficies consacrées à l’élevage ?

70 % des terres cultivées et des pâturages dans le monde sont exclusivement dédiées à l’alimentation animale, au prix de la destruction d’immenses zones de forêts tropicales et de prairies.

L’élevage de masse est-il respectueux du climat, comme l’affirment les lobbys ?

Le lobby de l’élevage affirme sur des forums publics que « l’élevage intensif présente un grand potentiel de protection climatique ». Ce système de maltraitance institutionnalisé est même qualifié de « système de fabrication de denrées animales le plus écologique de tous ». La FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) considère que le fait de parquer et d’engraisser des animaux dans un espace réduit présente un « gros potentiel en matière de protection climatique », car les « unités de rendement », à savoir les animaux, assimilent leur alimentation de manière particulièrement efficace et grossissent rapidement. Le profit et la protection du climat iront de pair, assure l’industrie avec contentement. 

Sauvons la forêt voit les choses tout à fait autrement : outre le fait que la protection climatique ne devrait pas justifier la maltraitance animale, l’affirmation des lobbyistes est une aberration totale. Les forêts tropicales, qui constituent de gigantesques puits de carbone, sont déboisées. L’élevage émet par ailleurs de grandes quantités de gaz à effet de serre. Les coûts des mesures permettant de lutter contre le changement climatique pourraient être réduites de 70 %, si la majorité des habitants des pays industriels adoptaient un régime végétarien. Par ailleurs, l’élevage de masse consomme énormément d’énergie pour l’alimentation et l’élevage des animaux, leur transport, leur abattage et leur transformation, ainsi que pour la réfrigération des produits carnés.

Pourquoi le soja joue-t-il un rôle si important dans l’élevage intensif ?

La graine de soja contient une grande quantité de protéines végétales, ainsi que du fer, du magnésium et d’autres substances minérales. Grâce à ces propriétés, elle améliore le potentiel de croissance des animaux. En outre, le soja est disponible à bas prix et en grandes quantités sur le marché mondial. L’utilisation du soja dans l’alimentation animale permet aux fermes industrielles de produire rapidement et à moindres frais de grandes quantités de viande, d’œufs ou de lait en utilisant des hormones et des antibiotiques. Elles génèrent ainsi des bénéfices supplémentaires.

Le « courant vert » produit grâce au biogaz est-il respectueux de l’environnement ?

En Allemagne, l’industrie de l’élevage intensif se fait rémunérer à prix d’or grâce à la loi EEG sur les énergies renouvelables (« Erneuerbare Energien Gesetzes »). La production de biogaz est assurée par d’énormes quantités de fumier et d’excréments générés dans les élevages. Ces déchets organiques sont incinérés dans des installations de biogaz, où ils entraînent des générateurs électriques. Cette énergie produite de manière soi-disant respectueuse du climat est injectée dans le réseau électrique et rémunérée en vertu de la loi sur les énergies renouvelables. En plus de la rémunération de base pouvant atteindre 11,44 centimes par kilowattheure (kWh) d’électricité produit s’ajoutent des primes pour la protection de l’air (1 centime), le lisier (3,92 centimes), la technologie (jusqu’à 3,92 centimes) et le couplage chaleur force (2,94 centimes), ce qui fait un total 23 centimes. La loi EEG finance donc la déforestation de la forêt tropicale, la pollution de l’environnement, le génie génétique, la spoliation des terres et la maltraitance animale. C’est pourquoi le lisier devrait être immédiatement supprimé de la loi allemande sur les énergies renouvelables.

Quels modèles agricoles sont plus pertinents pour l’environnement, les animaux et l’humanité ?

La division des tâches à l’échelle mondiale (usines animales basées en Europe et graines de soja produites en Amérique du Sud) menace la forêt tropicale, la biodiversité, les sols, les droits fonciers, la souveraineté alimentaire de nombreuses personnes ainsi que le climat.

Les élevages devraient être implantés sur des terres agricoles disponibles dans l’environnement immédiat. Offrir aux animaux une alimentation produite localement (idéalement issue de l’agriculture biologique), un espace de vie et un temps de croissance suffisants devrait être une évidence.

Quels modèles alimentaires contribuent à la protection de la forêt tropicale ?

Une alimentation à base de produits végétaux préserve les ressources naturelles, car la production d’une calorie animale nécessite en moyenne sept calories végétales, ce qui constitue un système hautement inefficace. Le bétail mondial consomme à lui seul plus de calories que toute l’humanité (la plupart des pays ayant une alimentation essentiellement végétarienne).

Un Allemand mange en moyenne près de 200 grammes de viande par jour. Pourtant, les experts de la Société allemande de nutrition (Deutsche Gesellschaft für Ernährung DGE) conseillent de manger 300 à 600 grammes de viande par semaine, en fonction de sa corpulence et ses besoins physiques. Pour la plupart d’entre nous, cela correspond à un rôti du dimanche ou une soirée barbecue en été. Nos grands-parents respectaient pourtant ce principe : la viande était considérée comme un mets délicat et la plupart des familles en mangeaient très rarement.

L’élevage de masse est une conséquence directe de la demande. Rien ne changera si nous ne transformons pas nos modes de consommation.

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