Huile de palme : fuite de villageois terrorisés dans la forêt

Chefs traditionels à Lokutu Chefs traditionnels à Lokutu : les Autochtones se plaignent des violences commises par la société de plantation PHC (© RIAO-RDC)

4 oct. 2022

Par crainte d’arrestations arbitraires et de violences, de nombreuses personnes ont fui dans la forêt jouxtant les plantations de l’entreprise d’huile de palme PHC. La population locale subit les conséquences de l’accaparement de ses terres, qui lui a fait perdre ses moyens de subsistance.

Six personnes ont été arrêtées arbitrairement dans la nuit du 24 au 25 septembre à Lokutu et emmenées à la prison centrale de Kisangani, en République démocratique du Congo. Jean François Atuku, de l’organisation de défense des droits humains RIAO-RDC, rapporte qu’une femme enceinte figure parmi les détenus. Onze femmes auraient été violées. Trois d’entre elles auraient fait une fausse couche à la suite de ces viols. Trois personnes auraient par ailleurs été blessées par balles dans le village de Boteka.

Alphonse Mongulu, leader de la communauté de Lokutu qui avait déposé une plainte officielle contre l’entreprise PHC et signalé des menaces à son endroit après chaque réunion, aurait disparu.

« Depuis un certain temps, une semaine déjà, les communautés (...) sont dans la forêt alors qu’une soixantaine de militaires patrouillent et sèment la terreur dans les villages », rapporte Jean François. Les maisons sont « systématiquement pillées ».

Dans une interview à la radio, le pasteur local a rapporté que des soldats patrouillent dans les villages et forcent les portes des habitants à la recherche de noix de palme provenant de la plantation. Une grande partie de la population, dont les ancêtres ont été spoliés de leur forêt pour la culture industrielle d’huile de palme, vit dans la plus grande pauvreté et récolterait des fruits en cachette. 

En juillet, un inconnu s’était posé en hélicoptère près du village de Yaelambo. Il aurait manipulé du matériel inconnu à proximité de la forêt et ensuite disparu, poursuit Jean François. Les habitants, effrayés, n’osent plus depuis aller dans la forêt pour chasser, pêcher et cultiver leurs champs. La sécurité alimentaire de la population est en danger.

Selon Jean François, les actes de violence suivent certains mécanismes : des militaires « armés jusqu’aux dents », des policiers et des agents de sécurité de l’entreprise arrivent dans les villages dans des pick-up de PHC. « Les plus résistants sont emmenés la nuit dans la forêt à deux ou trois kilomètres de chez-eux, où ils subissent toutes sortes d’intimidations (tirs à balles réelles, tortures, bastonnade et autres formes des traitements cruels, inhumains et dégradants. »

Plusieurs communautés demandent à PHC et à ses financiers de respecter les droits des populations locales. La procédure de médiation de la société publique allemande de développement DEG (Deutsche Entwicklungsgesellschaft), qui a investi plusieurs millions dans les plantations de l’entreprise, joue un rôle important à cet égard. La dernière vague de violence montre toutefois qu’aucune issue au conflit n’est en vue.

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