Le chancelier allemand promeut l’exploitation gazière au Nigeria

Un homme se tient debout dans le lit d’une rivière polluée par le pétrole dans le delta du Niger L’extraction d’énergies fossiles détruit les moyens de subsistance des populations locales (© Luka Tomac/Friends of the Earth International)

3 mai 2024

L’engagement du chancelier Olaf Scholz dans l’extraction de gaz naturel au Nigeria est plus fort qu’on ne le pensait. Selon un reportage de la chaîne de télévision publique allemande ARD, il a manifestement soutenu la société Johannes Schuetze AG pour obtenir un accord gazier lors de son voyage en Afrique en octobre 2023.

Avec le soutien du chancelier allemand Olaf Scholz, la société hambourgeoise Johannes Schuetze AG a déjà signé un protocole d’accord avec le Nigeria, portant sur un volume d’échanges de 5 milliards d’euros, et la signature du contrat serait imminente. Les services publics allemands devraient ainsi être approvisionnés en gaz en provenance du Nigeria pendant 12 ans.

Frank Otto, directeur général de Johannes Schuetze Vertriebs AG, a déclaré aux journalistes Alexa Höber et Inge Altemeier dans un reportage de l’émission "Plusminus" de la chaîne de télévision publique allemande ARD  : « C’est moi qui ai informé M. Scholz de notre projet, ce qui fait qu’il le savait naturellement lors de sa visite au Nigeria et qu’il a dit : voilà, nous aimerions acheter du gaz au Nigeria. »

D’après le reportage de "Plusminus", si le gouvernement allemand ne soutient actuellement pas financièrement le contrat gazier, l’engagement du chancelier est néanmoins utile à l’entreprise, même sans argent.

Nnimmo Bassey, chef de l’organisation nigériane de protection de l’environnement HOMEF et lauréat du prix Nobel alternatif, critique avec véhémence l’accord gazier :  « L’Allemagne se présente comme une protectrice du climat, mais en même temps elle investit fortement dans les structures dites coloniales de l’exploitation du gaz en Afrique. »

« Des pays comme l’Allemagne encouragent maintenant à continuer à forer pour le gaz des pays vulnérables qui dépendent d’une nature intacte, bien que cela soit contraire à leurs intérêts, si l’on considère les effets du changement climatique dont souffrent déjà les pays d’Afrique. »

Pour le climat, l’environnement et la population du delta du Niger, l’accord est dévastateur. Il est avancé qu’une grande partie du gaz naturel proviendra de toute façon de puits de pétrole existants, qui est actuellement le plus souvent brûlé à la torche lors de l’extraction, une pratique pourtant illégale en raison de ses conséquences sur la santé et l’environnement. L’utilisation du gaz en Allemagne auraient ainsi des conséquences bénéfiques pour l’environnement et la population du Nigeria, selon Frank Otto.

En réalité, au moins 70% du gaz de Johannes Schuetze AG devra provenir d’un champ gazier nouvellement exploité. En effet, le partenaire commercial nigérian de l’entreprise allemande concède que les quantités du gaz associé, issu de l’exploitation pétrolière, sont bien trop faibles pour respecter les contrats de livraison.

Il faudrait donc établir des nouveaux forages dans le delta du Niger, l’une des régions les plus polluées de la planète qui souffre déjà depuis des décennies de l’exploitation pétrolière et gazière.

Il est toujours possible de signer notre pétition "L’Allemagne doit cesser d’exacerber l’exploitation des énergies fossiles en Afrique !", qui demande au chancelier Olaf Scholz de ne pas soutenir de tels projets.

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