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Pépinière des indigènes Gayo de Pining dans l’écosystème de Leuser
Sauvons la forêt et les Tigres de Pining travaillent ensemble à la sauvegarde de l’écosystème de Leuser (© Forum Harimau Pining)
Un homme assis cultive des plants dans une pépinière
Pépinière des indigènes Gayo de Pining dans l’écosystème de Leuser (© Forum Harimau Pining)

Une première récolte pleine d’espoir dans l'écosystème de Leuser

18 mai 2025Il y a trois ans, des autochtones du groupe “Tigres de Pining” commençaient à mettre en terre des plants forestiers, arbres fruitiers et caféiers dans l'écosystème de Leuser. Aujourd’hui, nos partenaires récoltent les premiers fruits et continuent de défendre la forêt tropicale contre les abattages, les mines et les barrages.


« Nous protégeons notre forêt de toutes nos forces, nous la défendons contre les menaces, nous plantons des arbres. Et aujourd’hui, notre pépinière apporte ses premiers fruits », rapporte Usman Ali, membre du projet “Pépinière des Tigres de Pining”.

Le nom "Tigres de Pining" désigne un groupe d’autochtones appartenant au peuple Gayo, originaires du district de Pining, au cœur des montagnes du Leuser, le seul endroit au monde où orangs-outans, éléphants, tigres et rhinocéros partagent le même habitat.

Il y a trois ans, financé grâce à une petite somme provenant de dons faits à Sauvons la forêt, le groupe a commencé à développer une pépinière d’arbres forestiers et fruitiers, de cacao et de café arabica. Réputé pour sa grande qualité, le café des hauts plateaux de Gayo est très apprécié et constitue une source importante de revenus pour la population locale.

« La pépinière est un projet à long terme », explique Usman Ali. « Elle doit profiter à toute la population, en particulier nos enfants et petits-enfants. C’est pourquoi nous espérons continuer à recevoir des dons. »

La pépinière et la replantation en forêt ont pour objectifs de renforcer la communauté indigène dans sa lutte contre la destruction de l’écosystème de Leuser tout en lui permettant de subvenir à ses besoins grâce à la vente de café et de fruits.

Protéger notre forêt tropicale, c’est protéger les populations autochtones et toute notre planète.

Usman Ali, Tigre de Pining

Les Gayo de Pining entretiennent depuis de nombreuses générations une relation étroite avec la forêt. Comme leur survie dépend d’un écosystème sain, les autochtones veillent avec soin à la conservation de la forêt pour les générations futures. Selon le droit autochtone, seule la communauté peut être propriétaire de la forêt, et non les individus. C’est le chef traditionnel (pemangku adat) qui décide de l’utilisation des terres.

Quatre types de zones d’usage traditionnel de la forêt des Gayo

  1. Belang Penjemuren désigne la lisière de la forêt. On y trouve les greniers à riz et les huttes où les jeunes passent la nuit pour protéger les récoltes des animaux sauvages.
  2. Belang Perutemen est la zone de la forêt où la population villageoise est autorisée à prélever du bois d’œuvre ou de chauffage.
  3. Belang Perueren est la zone autorisée aux bœufs et aux buffles d’eau, dans laquelle la cueillette et la culture de denrées alimentaires sont interdites.
  4. Aih Aunen sont des plans d’eau situés à proximité du village, avec des zones de baignade réservées aux femmes et aux hommes.

Les rites et les traditions des Gayo de Pining  sont toujours vivants, malgré les influences de la modernité. Il en va de rituels lors de la plantation et de la récolte du riz, mais aussi de cérémonies sur les tombes des ancêtres et dans des lieux sacrés. Les rites liés à la protection et à l’utilisation de la forêt sont particulièrement importants.

Menaces : coupes rases, exploitation minière et barrages

Il y a plusieurs années, les indigènes de Pining ont décidé collectivement que « la forêt de Pining appartient à sa population autochtone. L’exploitation minière y est interdite à jamais ! » En 2017, les habitants ont empêché la société PT Wayang Mining Gayo d’exploiter la galène, un minerai contenant du plomb et de l’argent.

En 2019, un projet de barrage de la société hongkongaise Kamirzu a pu être bloqué. Sa construction aurait provoqué l’inondation de 4 407 hectares d’une zone forestière abritant des orangs-outans, des tigres et des éléphants ainsi que le village de Lesten. Finalement, la Cour suprême a rejeté le projet au motif que la province ne pouvait accorder une concession de plus de cinq hectares.

Mais en avril 2025, des géologues de la société Kamirzu ont, une nouvelle fois, effectué des relevés sous protection policière.

100 000 hectares de la forêt de Pining sont menacés à cause de ses importantes ressources minières et hydriques. Le gouvernement ne devrait délivrer aucun permis d’exploitation forestière, minière ou hydroélectrique afin protéger ce territoire.

« Le gouvernement ignore notre peuple autochtone Gayo, alors que nous vivions ici bien avant la création de la République d’Indonésie. Les politiques économiques menacent sans cesse notre forêt », déplore Usman Ali.

Le problème majeur est que la forêt est considérée comme un bien public par le gouvernement. Il existe certes un programme permettant aux communautés autochtones d’obtenir la propriété et des droits sur la forêt, mais la procédure administrative et technique est longue et complexe.

La forêt de Pining n’est toujours pas officiellement reconnue comme “forêt indigène” (Hutan Adat en indonésien). Entre-temps, le gouvernement a accordé à Said Muchtar, un ancien combattant pour l’indépendance et étranger à la région, un permis d’exploitation forestière sur 200 hectares.

Les Tigres de Pining ont écrit une lettre (en indonésien) aux autorités et au ministère des Forêts pour protester contre ce nouveau permis d’exploitation forestière, en collaboration avec des groupes environnementaux de la province d’Aceh et Sauvons la forêt.

Poursuite du projet

Les lois traditionnelles comme outil de conservation
Les Tigres de Pining ont pour objectif de protéger de manière durable leur zone forestière, riche en faune et en flore, en s’appuyant sur des règles traditionnelles éprouvées. À cette fin, ils ont élaboré un guide contenant procédures, interdictions et sanctions.

Le statut de “forêt indigène” comme outil juridique
Des progrès importants ont été réalisés dans le processus de reconnaissance de la forêt de Pining comme “forêt indigène” (Hutan Adat). Il manque toutefois encore la confirmation officielle du district de Gayo Lues, concernant 104 454 hectares de forêt, ainsi que l’autorisation du gouvernement à Jakarta.

La pépinière comme outil éducatif
Il est essentiel d’aider les populations villageoises, qui sont très pauvres et qui manquent de connaissances agricoles. La pépinière a aussi pour vocation de servir de lieu d’enseignement. Les plants sont considérés comme des biens transmissibles : à mesure que les plantes poussent, les “emprunteurs” initiaux peuvent transmettre les nouveaux plants à d’autres personnes.


  1. Tigres de Pining

    Le nom complet du groupe autochtone est « Tigres de Pining, Forum des gardiens de la forêt et de la rivière ».

  2. la Cour suprême a rejeté le projet

    Sauvons la forêt a rapporté cette information sur son site indonésien, ainsi que le site d’information environnementale Mongabay sur sa page anglophone : Indonesian court cancels dam project in last stronghold of tigers, rhinos

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