Huile de palme : remise de la pétition contre l’APEG

Des activistes manifestent à Bruxelles lors de la remise de la pétition contre l’accord de libre échange APEG à la Commission européenne Sauvons la forêt avec d'autres ONGs demandent à l'UE d’interdire le libre-échange avec l’huile de palme (© Marianne Klute)

13 juil. 2018

172 000 signataires demandent que l’huile de palme soit exclue de l’accord de libre-échange entre l’UE et l’Indonésie – en vain jusqu’ici. Mais nous ne baissons pas les bras et continuerons à nous battre jusqu’à ce que cet accord dangereux pour l’homme comme pour la nature soit retiré de la table des négociations.

Le cinquième cycle de négociations sur l’APEG, l’accord de libre-échange entre l’UE et l’Indonésie, s’est déroulé du 9 au 13 juillet à Bruxelles. Sauvons la forêt et un groupe d’organisations indonésiennes et européennes ont accompagné les négociations en fournissant des informations et en menant des entretiens avec les lobbies.

Le 11 juillet 2018, nous avons remis à la Commission européenne une pétition réunissant plus de 170 000 signatures en présence de représentants de la Coalition des pêcheurs et des communautés côtières d’Indonésie (KIARA), d’Indonesia for Global Justice (IGJ), de Friends of the Earth Europe (FoEE) et du réseau belge 11.11.11.

Nous avons lancé cette pétition à la demande d’ONG indonésiennes, qui exigent la prise de mesures effectives avant même de parler de libre-échange. Parmi celles-ci figurent un moratorium pour de nouvelles plantations, notamment dans les zones forestières et les tourbières, ainsi que des solutions aux nombreux conflits fonciers.

Lors de notre entretien avec le bureau de la Commissaire Malström, nous avons émis des mises en garde contre les conséquences négatives de l’APEG sur les sites naturels de l’Indonésie et ses habitants. L’APEG doit en effet faciliter le commerce et l’importation d’huile de palme. L’huile de palme détruit non seulement les forêts tropicales, mais aussi les côtes. « 50 % des forêts de mangroves et des forêts côtières ont disparu au cours des dernières années – au profit de l’huile de palme », explique Parid Ridwanudin de KIARA.

La Commission européenne estime que les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC9 doivent être respectées et que l’huile de palme ne doit pas être exclue de l’accord. Elle pense pouvoir régler les problèmes environnementaux et sociaux en introduisant un certificat de « durabilité ».

Mais le libre-échange avec l’huile de palme n’est qu’un des nombreux risques que l’APEG fait courir à la population indonésienne et la nature du pays.

« L’APEG va compliquer l’accès aux médicaments », explique Rachmi Hertanti de l’association Indonesia for Global Justice. Parid Ridwanudin a également mis en garde contre les zones industrielles, au sein desquelles les droits civils et politiques sont bafoués. Les grèves y sont interdites. Les ouvriers et les entreprises doivent se préparer à travailler dans une région sinistrée, dans laquelle ils devront se soumettre aux caprices de la police.

Des défenseurs de l’environnement et des militants des droits de l’homme exigent la fin des négociations sur l’APEG, car « les améliorations obtenues dans l’accord ne traitent pas les problèmes en profondeur », selon Rachmi Hertanti. Et Parid Ridwanudin redoute que « l’APEG offre de nouvelles possibilités d’enrichissement aux militaires, aux policiers et aux hommes politiques ».

« Sur place, la réalité est brutale et le développement durable est un mot étranger. La Commission européenne doit prendre conscience que l’APEG encourage la déforestation, la violence et l’appauvrissement », explique Marianne Klute de Sauvons la forêt.

La Commission européenne veut uniquement s’assurer que l’Indonésie accepte l’APEG. Le projet de l’accord contient seulement des réglementations relatives au commerce. Des domaines aussi importants que l’environnement, l’agriculture, les changements d’affectation des sols, la pêche, le tourisme ou les droits des ouvriers brillent par leur absence.

Fabian Flues de FoEE fait part d’un autre problème : « Les négociations ont lieu à huis clos et leur déroulement n’est pas transparent ».

Nous allons continuer à collecter des signatures et les faire parvenir à la délégation indonésienne et au gouvernement indonésien. Nous ne lâcherons pas le morceau tant que la Commission européenne ne respectera pas ses propres critères en matière de commerce international : garantir les droits de l’homme, favoriser la préservation des écosystèmes et réduire les disparités relatives au niveau de vie. L’UE s’y est pourtant engagée dans ses objectifs de développement durable.

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