Le "sans huile de palme" progresse en Europe. L’Allemagne à la traîne.

Collage Logos "Sans huile de palme" © frei

9 juil. 2019

L’huile de palme a mauvaise presse en Europe, incitant de nombreux fabricants de produits alimentaires à la remplacer par de l’huile de tournesol ou de promouvoir son absence sur les emballages. L’évolution est plus lente en Allemagne, où le gouvernement finance à coup de millions d’euros l’utilisation d’huile de palme produite de manière soi-disant durable.

Lait pour bébé, chocolat, pâtes à tartiner, biscuits, pâtisseries, muesli, sauces, margarine - de plus en plus de fabricants proposent et promeuvent des produits alimentaires sans huile de palme. 

L’huile de palme est souvent substituée par de l’huile de tournesol et la mention "sans huile de palme" est clairement affichée sur les emballages, à l’aide d’inscriptions, labels ou autres représentations de palmiers à huile et d’orangs-outans.

Il existe déjà une multitude de produits expressément déclarés comme étant sans huile de palme en France, en Autriche, en Italie et en Espagne. Ce phénomène s’étend désormais aussi en Allemagne. Les labels permettent aux clients de s’orienter plus rapidement et plus facilement et de laisser les produits contenant de l’huile de palme sur les étalages des magasins.

Des chaînes de supermarché telles que COOP en Italie et Spar en Autriche et leurs centaines de filiales ont déjà complètement banni l’huile tropicale de leurs marques maison et l’ont remplacée par de l’huile généralement produite localement : surtout de l’huile de tournesol, mais également de l’huile de colza et du beurre.

Certains fabricants comme Ja! Natürlich Naturprodukte Österreich déclarent que leurs produits sont totalement exempts d’huile de palme et justifient leur décision par la déforestation persistante et la disparition de la biodiversité.

Même les multinationales réagissent à la demande et commencent désormais à proposer des marques ou produits sans huile de palme : margarine 100% végétale par Rama, muesli WK Kellogg’s, nouvelles formules de lait infantile par Nestlé…

Sauvons la forêt alerte depuis de nombreuses années sur la destruction des forêts tropicales et les graves violations des droits de l’homme provoquées par l’industrie de l’huile de palme. Nous dénonçons également les conditions de travail catastrophiques qui prévalent dans cette branche.

De nombreux fabricants déclarent également remplacer l’huile de palme pour des raisons sanitaires. L’huile de palme est composée pour moitié d’acides gras saturés, qui sont associés à des maladies cardio-vasculaires. L'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) met en garde contre des concentrations élevées de corps gras nocifs présents dans l’huile de palme raffinée, qui peuvent provoquer des cancers et détruire le patrimoine génétique et les organes.

L’évolution dans l’industrie agroalimentaire européenne se reflète également dans les importations d’huile de palme de l’UE. Tandis que la branche importait encore 5,2 millions de tonnes d’huile de palme en 2013, ce chiffre est passé à 3,8 millions de tonnes en 2017.

En Allemagne, ce phénomène n’en est toutefois qu’à ses balbutiements. Mais cela n’est pas dû à un manque de prise de conscience environnementale ou sanitaire. Le gouvernement fédéral finance depuis des années à coup de millions d’euros de deniers publics des labels promouvant l’huile de palme soi-disant durable ainsi que des groupes d’intérêt liés à l’huile de palme.

Parmi ceux-ci figure le Forum pour une huile de palme durable (FONAP), qui regroupe 48 entreprises, associations ainsi que le ministère fédéral allemand de l’Alimentation et de l’Agriculture (BMEL). « L’objectif est d’augmenter de manière significative et le plus rapidement possible la part d’huile de palme produite de manière durable sur les marchés allemand, autrichien et suisse. »

Dans la mesure où les labels de gestion durable de l’huile de palme, qui existent depuis de nombreuses années, n’ont pas conduit à un recul de la déforestation des forêts tropicales au profit des palmiers à huile ni à une amélioration de la situation des droits de l’homme, la plupart des organisations de protection de l’environnement et de développement considèrent ces initiatives de relations publiques comme une tromperie à l’égard des consommateurs et refusent qu’elles soient financées avec des fonds publics.

Plus d’informations sur notre page thématique consacrée à l’huile de palme.

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