Pas de canne à sucre pour nos voitures !

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Le groupe suisse Addax & Oryx prévoit d’approvisionner le marché européen en éthanol en provenance d’Afrique. Afin de faire rouler nos voitures avec de l’énergie pseudo-verte et de pouvoir atteindre les objectifs nationaux et européens en matière de biocarburants, la population de la Sierra Leone doit faire face à une menace de famine.

Appel

Addax veut planter de la canne à sucre et construire une fabrique d’éthanol dans leur pays. Ce projet à 240 millions d’euros doit être financé par six banques de développement étatiques. Addax Bioenergy est une succursale du groupe Addax & Oryx (Addax & Oryx Group, AOG) dont le siège est à Genève. Le groupe, fondé en 1987, concentre ses activités sur le secteur du pétrole et du gaz, sur les mines d’or ainsi que sur la bioénergie dans les pays subsahariens.

La Sierra Leone est un des pays les plus pauvres du monde. Le PIB est à 332 dollars US par habitant (contre 46 016 dollars US en France), 70% de la population vit dans la pauvreté et doit survivre avec moins de 67 centimes de dollar US par jour. Après des années de guerre civile, le pays ouest-africain essaye de se remettre sur pied et de subvenir aux besoins alimentaires de sa population. D’après les données du Programme Alimentaire Mondial (PAM) des Nations Unies (NU), 51% des personnes souffrent de faim et de dénutrition, l’espérance de vie n’atteint que 34 ans. Presque 500 000 personnes sont sous perfusion des livraisons de nourriture du PAM.

Le projet d’Addax de produire de l’éthanol 15 km à l’ouest de la ville Makeni dans le nord du pays, devrait sensiblement aggraver la situation. 20 000 hectares de terres doivent être pris en bail pour 50 ans en vue d’y planter de la canne à sucre et du manioc, et d’y construire une fabrique à éthanol. Un conseiller spécial du président du pays parle même de 40 000 hectares. Le manioc étant la denrée alimentaire de base en Sierra Leone, un conflit entre pompes à essences et assiettes se fait sentir. En guise de dédommagement, les petits paysans vivant sur ces terres recevront 6 dollars US par hectare et par an. Le projet n’offre également que peu d’opportunités d’emplois, car de grosses machines de récolte remplacent le travail humain. En outre, la culture de canne à sucre et de manioc nécessite de grandes quantités d’eau, c’est pourquoi il sera pompé dans le fleuve Rokel se trouvant à proximité.

Dans ses publicités, Addax soutien vouloir livrer sur le marché européen 90 millions de litres d’éthanol par an. Les objectifs de biocarburants dans l’Union Européenne ont rendu les projets de ce type attractifs et rentables. La Sierre Leone est en outre un pays partenaire de l’Union Européenne et profite ainsi de l’accès libre et sans taxes au marché européen. Les investissions pour ce projet s’élèvent à 240 millions d’euros. D’après ses propres données, Addax travaille main dans la main avec six fond européens de développement et d’investissement. La Banque Européenne d’Investissement (BEI), qui appartient aux membres de l’Union Européenne et travaille selon les priorités fixées par les politiques européennes, envisage également d’investir dans le projet.

S’il vous plait, écrivez à la BEI et aux autres investisseurs européens potentiels et invitez-les à refuser explicitement et sans délai toute sorte de soutien et de financement du projet d’Addax en Sierra Leone.

Pour plus d’information, écoutez également le reportage radio (anglais) mené en Sierra Leone.

Vous trouverez ici une traduction de la lettre.

Contexte

Fonds de développement des infrastructures de l'Afrique émergente (Emerging Africa Infrastructure Fund, EAIF), Royaume-Uni Nick Rouse, Directeur Général, nick.rouse@frontiermarketsfm.com Orli Arav, Chef du projet Finance, orli.arav@frontiermarketsfm.com

FMO, Pays-Bas
Nanno Kleiterp, Directeur Général, n.kleiterp@fmo.nl
Jurgen Rigterink, Directeur des Investissements, j.Rigterink@fmo.nl
Nico Pijl, Directeur Risque & Finance, n.pijl@fmo.nl

Fonds Suédois (Swedfund), Suède Per Juth, Directeur, Développement des Affaires,
Per.Juth.@swedfund.se

Société Allemande d’Investissement et de Développemet (Deutsche Investitions- und Entwicklungsgesellschaft, DEG)
Bruno Wenn, CEO, bruno.wenn@deginvest.de
Dr. Peter Thimme, Directeur pour l’Environnement et le Développement Durable, thi@deginvest.de

Banque Autrichienne de Développement (OeEB), Autriche
Directeur Général, Mme Andrea Hagmann, Andrea.Hagmann@oe-eb.at
M. Michael Wancata, Michael.Wancata@oe-eb.at

Banque Européenne d’Investissement (BEI) - European Financing Partners (EFP)
Philippe Maystadt, Président du Conseil, p.maystadt@eib.org

Banque Africaine de Développement, Cote d’Ivoire
Donald Kaberuka, Président, d.kaberuka@afdb.org
F.J.M. Perrault, Directeur des Opérations du Département Ouest 2 Région,
f.perrault@afdb.org

Chère Madame, cher Monsieur,

C’est avec la plus grande préoccupation que j’ai appris les accords de financements envisagés concernant un projet de production d’éthanol pour l’export vers le marché européen en Sierra Leone, proposé par Addax Bioenergy, une succursale du groupe suisse Addax-Oryx. La création de 20 000 hectares de plantations de canne à sucre et de manioc et la construction d’une fabrique à éthanol, y compris les infrastructures, sont programmés. Le montant total des investissions s’élève à 240 millions d’euros.

La Sierra Leone est un des pays les plus pauvres du monde. Plus de deux tiers de la population vivent en-dessous du seuil de pauvreté, la moitié des Hommes souffrent de faim et de dénutrition, presque 500 000 personnes reçoivent des livraisons de denrées alimentaires de la part du Programme Alimentaire Mondial (PAM). Afin de pouvoir garantir la production d’éthanol toute l’année, un minimum de 150 tonnes de manioc doit être utilisé tous les ans comme matière première. Le manioc fait partie des aliments de base dans cette région. Ce projet de production d’éthanol entre ainsi en concurrence directe avec l’alimentation de la population locale, et menace directement la souveraineté alimentaire.

Contrairement à ce que prétend Addax, les terres qui seront utilisées pour les plantations ne sont ni non-cultivables ni dégradées, mais sont au contraire des champs fertiles sur lesquels des petits paysans font de l’agriculture durable et produisent de la nourriture pour la population. Contrairement aux monocultures de canne à sucre, les cultures des petits paysans offrent un milieu de vie à de nombreuses espèces animales et végétales.

Ces terres vont être louées pour 50 ans et les petits paysans seront payés en guise de dédommagement, 6 dollars US par hectare et par an. Le projet n’offre également que peu d’opportunités d’emplois, car de grosses machines de récolte remplacent le travail humain. Ce projet ressemble donc à du vol de terrain organisé.

Un autre aspect très critique est l’arrosage des plantations pendant la saison sèche et l’approvisionnement de la fabrique d’éthanol en eau industrielle (non potable). Pour ce faire, l’eau sera prélevée dans le fleuve Rokel. De plus, la production d’éthanol libère de grandes quantités d’eau souillée fortement polluée. La production prévue de 15 MW de courant électrique pour l’alimentation du réseau public ne justifie pas la création de 20 000 hectares de monocultures de canne à sucre.

Addax a certes présenté pour son projet une étude d’impact sur l’environnement de 270 pages, mais le document reste totalement vague concernant les conséquences du projet et les mesures nécessaires à la protection de l’environnement et de la population. Les menaces émanent du projet n’en peuvent être ni évitées ni réduites.

En outre, il est totalement irresponsable qu’Addax fasse la publicité du soutien et de la collaboration de sept instituts de financements sur leur projet (www.addax-oryx.com/AddaxBioenergy/AddaxBioenergy-QuickView-Report-Launch-of-Public-Disclosure-of-ESHIA.pdf, page 5 en bas, image 9) : la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD), la Banque Africaine de Développement, l’Emerging Africa Infrastructure Fund (EAIF) de Grande-Bretagne, Société Allemande d’Investissement et de Développemet (DEG), le FMO aux Pays-Bas, la Banque Autrichienne de Développement (OEB), et le Fond Suédois de Suède. Ceci a manifestement pour but de mimer la sériosité du projet aux instances officielles ainsi qu’à la population locale de la Sierra Leone et de gagner leur approbation.

Je voudrais pour cela vous prier de refuser explicitement et sans délai toute sorte de soutien et de financement du projet. Une participation à ce projet contredit les objectifs de vos organisations : vous n’allez pas combattre la pauvreté en Sierra Leone, mais au contraire l’aggraver.

Je vous prie d’accepter, Madame, Monsieur, mes sentiments les plus distingués.

Lettre

Emerging Africa Infrastructure Fund (EAIF), UK
Nick Rouse, Managing Director, nick.rouse@frontiermarketsfm.com
Orli Arav, Head of Project Finance, orli.arav@frontiermarketsfm.com

FMO, Netherlands
Nanno Kleiterp, CEO, n.kleiterp@fmo.nl
Jurgen Rigterink, Chief Investment Officer, j.Rigterink@fmo.nl
Nico Pijl, Chief Risk & Finance Officer, n.pijl@fmo.nl

Swedfund, Sweden
Per Juth, Director, Business Development, Per.Juth.@swedfund.se

German Investment and Development Fund (DEG)
Bruno Wenn, CEO, bruno.wenn@deginvest.de
Dr. Peter Thimme, Manager for Environment and Sustainable Development, thi@deginvest.de

Austrian Development Bank (OeEB), Austria
CEO, Mrs Andrea Hagmann, Andrea.Hagmann@oe-eb.at
Mr Michael Wancata, Michael.Wancata@oe-eb.at

European Financing Partners (EFP) - European Investment Bank (EIB)
Philippe Maystadt, President of the Board, p.maystadt@eib.org

African Development Bank, Cote d’Ivoire
Donald Kaberuka, President, d.kaberuka@afdb.org
F.J.M. Perrault, Director Operations Department West 2 Region, f.perrault@afdb.org


Dear Sir/Madam,

I am, deeply concerned about the investment deals currently being considered for an ethanol project in Sierra Leone, proposed by Addax Bioenergy, a subsidiary of the Swiss Addax-Oryx Group. 20,000 hectares of sugar cane and cassava plantations for ethanol as well the construction of an ethanol refinery are planned. The total investment would be for £210 million (240 million Euros).

Sierra Leone is one of the world’s poorest countries. More than two thirds of the population live in absolute poverty, 50% suffer from hunger and malnutrition, nearly half a million people depend on food aid from the World Food Programme. In order to guarantee consistent ethanol production, at cassava, the staple food in the region, is to be turned into agrofuel during at least 150 days a year. The ethanol project thus directly competes with people’s need for food and threatens their food security and food sovereignty.

Contrary to Addax’s claims, the land which is to be converted to plantations is neither infertile nor degraded. It is fertile farmland on which small farmers practice sustainable agriculture and produce food for the local population. Contrary to sugar cane monocultures, the current farming system provides habitat for numerous plant and animal species.

The land is to be leased for fifty years and small farmers are to be paid minimal companesation of $6 per hectare per year. The sugar cane harvest is to be mechanised, which will minimize the number of jobs. In no way will there be compensation for the loss of people’s land and livelihoods. The project thus resembles an organised land grab.

Another serious concern is the requirement for water both for irrigation during the dry season and for the refinery. This is to be taken from the Rokel River. Furthermore, ethanol refining produces large quantities of highly polluted water, called vinasse. The 15 MW of electricity to be provided to households and industry in Sierra Leone does not in any way justify the conversion of 20,000 hectares of land to sugar cane monocultures.

Although Addax has provided a 270 pages long Environmental Impact Assessment, that document contains only vague information about the project impacts and the necessary measures for the protection of communities and the environment. The loss of people’s livelihoods and food production are unavoidable.

It is irresponsible that Addax speaks about seven public-private development and investment funds which collaborate with and support the project
(www.addax-oryx.com/AddaxBioenergy/AddaxBioenergy-QuickView-Report-Launch-of-Public-Disclosure-of-ESHIA.pdf, page 5 unten, image 9): The European Development Bank (EFP-EIB), the African Development Bank (AfDB), the German Investment and Development Fund (DEG), the UK-based Emerging Africa Infrastructure Fund (EAIF), FMO in the Netherlands, the Austrian Development Bank (OEB), and Swedfund in Sweden. Those claims help to make the project looks respectable amongst policy makers in Sierra Leone and to wind their support.

I therefore urge you to immediately an unequivocally reject any type of support or investment for the project, which would contradict your organization’s aims because the project will worsen, not alleviate poverty in Sierra Leone.

Yours faithfully,

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