Pas d'exploration pétrolière dans la mer aux sept couleurs!

la mer aux sept couleurs
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En Colombie, un consortium de compagnies pétrolières, dont l'une nationale, a obtenu des concessions pour explorer deux gisements de pétrole supposés. Ces sites se trouvent sur le rivage de l'archipel des Caraïbes de San Andrés, Providencia et Santa Catalina, qui fait partie du réseau mondial de l'UNESCO des réserves de biosphère.

Mises à jour Appel

Un consortium de compagnies pétrolières composé de l'espagnole Repsol (à hauteur de 35%), de la compagnie nationale colombienne  Ecopetrol (à hauteur de 50%) et de YPF (à hauteur de 15%) a obtenu des concessions sur deux gisements de pétrole supposés. Situés sur le rivage de l'archipel des Caraïbes de San Andrés, Providencia et Santa Catalina, ces futurs forages menacent un site faisant partie du réseau mondial de l'UNESCO des réserves de biosphère.

L'archipel et la mer environnante, nommée mer aux sept couleurs à cause des multiples coraux lui donnant sept différentes teintes de bleu, composent une réserve de biosphère déclarée par l'UNESCO. Étendue sur 350.000 km carrés, la zone Seaflower a aussi le statut d'Aire marine protégée (AMP), établi par le gouvernement colombien qui a ainsi reconnu la nécessité de protéger l'écosystème et les communautés autochtones de cet archipel, les Raizals.

La dégradation voire la destruction de cet écosystème porterait atteinte aux ressources alimentaires, basées sur la pêche locale, de tous les habitants. Le tourisme, secteur économique le plus important sur les îles, est lui aussi fortement dépendant de la pêche.

L'exploration pétrolière causera de graves dégâts à la vie marine: déversements et fuites de polluants toxiques, forages, pollution sonore (une menace particulièrement importante pour les baleines et les dauphins). Les récifs coraliens jouent un rôle majeur car ils abritent et nourrissent plus d'un quart des espèces marines de la région, protègent les iles des inondations, stabilisent les plages. La catastrophe de l'an dernier dans le golfe du Mexique montre l'importance du risque posé par les forages pétroliers.

L'autorité environnementale de San Andres poursuit en justice l'Agence Nationale des Hydrocarbures (ANH) pour la forcer à stopper l'exploration pétrolière et les plans de forage. En effet les consultations nécessaires et appropriées avec les collectivités locales n'ont pas eu lieu, comme c'est souvent le cas lorsque des sociétés transnationales sont impliquées.

Apportez-votre soutien aux insulaires en signant la lettre ci-dessous qui sera automatiquement envoyée aux membres compétents du gouvernement colombien, à la directrice de l'UNESCO et aux PDG de Repsol et Ecopetrol.

Lettre

À:
M. Juan Manuel SANTOS, Président de la République de Colombie
M. Carlos RODADO NORIEGA, Ministre des Mines et de l’Énergie
Mme Beatriz URIBE BOTERO, Ministre de l’Environnement, du Logement et du Développement territorial
Mme Irina BOKOVA, Directrice générale de l'UNESCO
M. Antoni BRUFAU, PDG de Repsol YPF
M. Javier GUTIÉREZ, PDG de Ecopetrol
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Mesdames, Messieurs,

J'ai été profondément choqué d'apprendre que la société Repsol-YPF et la compagnie pétrolière d'État Ecopetrol détiennent des concessions sur les supposés gisements de pétrole CAYO 1 et CAYO 5 dans le nord de l'archipel de San Andrés, Providencia et Santa Catalina, en Colombie, avec l'intention d'entreprendre l'exploration pétrolière dans cet écosystème fragile des Caraïbes.

Il existe des raisons vitales pour lesquelles ces compagnies pétrolières ne doivent pas procéder à leurs plans, raisons vitales que ni le gouvernement colombien ni l'UNESCO ne doivent négliger:

- L'exploration et l'exploitation pétrolière au cœur d'un écosystème si diversifié est une atrocité. Il affectera négativement ce fragile écosystème et la communauté Raizal, une minorité ethnique s'appuyant fortement sur la pêche artisanale. La région possède un des ensemble de récifs coralliens parmi les mieux conservés et les plus vastes au monde. Elle est également l'un des derniers sites de nidification pour les tortues de mer. En résumé cette zone est le foyer d'au moins 57 espèces de coraux, de 400 espèces de poissons et de 150 espèces d'oiseaux.

- L'archipel fait partie depuis l'an 2000 du Réseau mondial des réserves de biosphère de l'UNESCO. Cette désignation en soi reconnaît l'importance du patrimoine naturel et culturel des îles et appelle pour celles-ci à un processus de développement durable assurant le bien-être de ses habitants. Elle implique également un engagement international visant à protéger ces îles, un engagement que romprait le gouvernement colombien s'il procède à l'exploration pétrolière, cette dernière n'étant pas durable.

- C'est une région à forte biodiversité et à grande valeur écologique pour les communautés locales, raisons pour lesquelles celle zone fait également partie du système mondial d'Aires marines protégées (AMP).

- En tant que signataire de la Convention sur la diversité biologique, la Colombie pourrait, si elle permet l'exploration pétrolière dans cette zone, violer ses engagements internationaux et mettre sérieusement en danger l'ensemble des Caraïbes.

- L'autorité environnementale de l'archipel a déjà intenté un procès pour contester l'octroi des concessions car le droit au consentement libre, préalable et éclairé (FPIC) des communautés locales n'a pas été assuré, comme c'est si souvent le cas lorsque des sociétés transnationales sont impliquées.


Pour toutes ces raisons, je vous demande de stopper sans délai ce plan absurde d'exploration pétrolière dans l'archipel.

J'attends de la part d'Ecopetrop et Repsol-YPF une réponse allant au-delà de la seule présentation d'un rapport de «responsabilité sociale des entreprises», une réponse aux préoccupations spécifiques exprimées dans la présente lettre.

J'attends de la part du gouvernement colombien qu'il agisse pour protéger ses citoyens et son écosystème, qu'il discerne ses ressources naturelles de l'unique finalité commerciale. Le gouvernement doit annuler les contrats d'exploration pétrolière, protéger la mer et ses récifs coralliens.

J'attends de la part de l'UNESCO de s'occuper activement du sort de la réserve de biosphère de Seaflower et de prendre les mesures appropriées pour assurer sa protection, dont celle interdisant l'exploration des combustibles fossiles.

Je vous prie d’agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de ma haute considération.

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