Huile de palme : la misère imposée aux autochtones

Deux femmes autochtones et leurs enfants nous regardent avec inquiétude « La forêt est l'avenir de nos enfants. Les plantations de palmiers à huile nous rendent pauvres » (© Dario Novellino)
106 585 signatures

Le gouvernement des Philippines prévoit l'expansion à grande échelle des plantations de palmiers à huile sur les îles de Mindanao et de Palawan, une Réserve de biosphère de l'UNESCO. Les populations autochtones et leur réseau ALDAW luttent pour préserver les terres et forêts dont elles dépendent. Soutenons leur pétition !

Appel

Président de la République des Philippines, Gouverneurs de Palawan et de Mindanao - copie à l'UNESCO

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Afficher la lettre de pétition

« L'expansion des plantations de palmiers à huile est une tragédie pour nous. En détruisant nos terres ancestrales et les forêts, celles-ci nous plongent dans la misère » raconte Artiso Mandawa du réseau autochtone ALDAW à Palawan.

Les plantations de palmiers à huile s'étendent déjà sur 50.000 ha aux Philippines. Selon le Plan national de développement, qui a pour objectifs de réduire les importations d'huiles alimentaires et d'éradiquer la pauvreté, 304.000 ha de terres supplémentaires sont susceptibles d'être converties en plantations. Aux yeux des décideurs politiques, ces terres sont « incultes » ou « sous-exploitées ».

Ce que le projet du gouvernement daigne mentionner, c'est que ces terres « incultes » appartiennent en fait aux populations autochtones qui y cultivent riz, légumes, fruits et plantes médicinales, les forêts et rivières avoisinantes les approvisionnant en matériaux de construction et en eau propre.

« Quand ils prennent nos terres, laissent nos familles mourir de faim et violent nos droits, nous n'avons d'autre choix que de lutter » explique Rubenson Batuto, un indigène du peuple Higaonon à Mindanao. « Nous avons un droit sur nos terres en tant que peuple autochtone même si celui-ci nous est dénié jusqu'à ce jour ».

Grâce à leur mode de vie, les peuples indigènes ont su préserver la biodiversité unique de leurs terres ancestrales. Les forêts pluviales et mangroves abritent 49 espèces animales et 56 espèces végétales menacées d'extinction comme le Crocodile des Philippines. En 1990, l'UNESCO a classé l'intégralité de l‘île de Palawan comme réserve de biosphère.

Signons la pétition d'ALDAW pour demander aux autorités philippines d'abandonner leurs plans d'expansion des plantations de palmier à huile et de garantir les droits des populations autochtones.

 

Contexte

 

Informations supplémentaires en anglais

Rapport en deux parties d'ALDAW : The Palawan Oil Palm Geotagged Report 2013

• Partie 1 : The environmental and social impact of oil palm expansion on Palawan UNESCO Man & Biosphere Reserve (The Philippines)

• Partie 2 : Samples of geocoded photos of oil palm locations and impacted areas

• Vidéo (17min39s) d'ALDAW  Oil palm agression on Palawan UNESCO Man & Biosphere reserve

 

Destinataires de la pétition

En plus de signer la pétition, il vous est possible de contacter directement ses destinataires :

 
• M. Benigno Aquino, Président de la République des Philippines
• M. Baham Mitra, Gouverneur de la Province de Palawan
• Gouverneurs des provinces de l'île de Mindanao
 
Ambassade de la République des Philippines en France
4, Hameau de Boulainvilliers / 45, rue du Ranelagh
75016 Paris
Tél : 01 44 14 57 00
Fax : 01 46 47 56 00

Email : ambaphilparis@wanadoo.fr

 

Une copie de la lettre de pétition est destinée à :
• Mme Irina Bokova, Directrice générale de l'UNESCO
 
Siège de l'UNESCO
7, place de Fontenoy
75352 Paris 07 SP, France
Tel : 01 45 68 19 19
Fax : 01 45 68 55 21

Courriel : i.bokova@unesco.org

 

Lettre

Président de la République des Philippines, Gouverneurs de Palawan et de Mindanao - copie à l'UNESCO

Monsieur le Président,
Monsieur le gouverneur,

Je souhaite vous faire part de ma plus vive inquiétude concernant les plans d'expansion des plantations de palmier à huile aux Philippines, en particulier à Mindanao et à Palawan.

Les monocultures industrielles ne contribuent pas à la prospérité des populations autochtones. Au contraire, elles anéantissent les moyens de subsistance de celles-ci. Elles détruisent aussi la biodiversité unique de la Réserve de biosphère de l'UNESCO qu'est Palawan et les forêts restantes de Mindanao.

Je soutiens en conséquence les revendications du réseau autochtone ALDAW :

- respect des droits humains et fonciers des populations autochtones et des paysans

- restitution aux paysans et aux populations autochtones des terres accaparées pour les plantations de palmiers à huile

- Suspension de tous les permis de déboisement et de conversion (Environmental Clear Certificates) délivrés par le Département de l'environnement et des ressources naturelles pour des projets de plantations de palmier à huile

- Enlèvement de tous les palmiers à huile plantés dans des forêts défrichées illégalement et reboisement des zones avec des espèces endémiques

Je demande enfin au gouvernement de favoriser la sécurité alimentaire et le développement écologiquement soutenable des populations locales ainsi que d'abandonner les programmes concernant les agrocarburants et l'huile de palme.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, Monsieur le gouverneur, en ma vigilance citoyenne.

L'huile de palme en 5 minutes

Situation actuelle : la forêt tropicale dans les véhicules et les assiettes

Avec 66 millions de tonnes par an, l’huile de palme est l’huile végétale la plus produite de la planète. Un prix particulièrement bas sur le marché mondial et des propriétés convenant particulièrement au processus de transformation industrielle des aliments ont fait que l’huile de palme est présente aujourd’hui dans un produit sur deux dans les supermarchés : pizzas surgelées, biscuits, margarine, crème pour le corps, savon, maquillage, bougies, lessive…

Ce que presque personne ne sait : près de la moitié des importations d’huile de palme dans l’union européenne est consommée sous la forme de biocarburants. La loi de 2009 sur l’incorporation obligatoire d’agrocarburants dans l’essence et le diesel est ainsi une cause majeure de déforestation tropicale.

À ce jour, les plantations d’huile de palme s’étendent sur 27 millions d’hectares à travers le monde, soit un territoire grand comme la Nouvelle-Zélande d’où ont été chassés habitants et animaux pour faire place à un « désert vert ».

Les conséquences : la mort dans le sachet de soupe en poudre

Les palmiers à huile trouvent des conditions optimales de croissance dans les chaudes et humides régions tropicales près de l’Équateur. En Asie du Sud-Est, en Amérique du Sud et en Afrique, d’immenses zones
de forêts tropicales sont défrichées et brûlées, jour après jour, pour faire de la place aux plantations. Ce faisant, de grandes quantités de gaz à effet de serre sont émises dans l’atmosphère. L’Indonésie, premier producteur d’huile de palme de la planète, a ainsi émis plus de gaz à effet de serre que les États-Unis d’Amérique au cours de l’année 2015. Les émissions de CO2 et de méthane rendent les biocarburants à base d’huile de palme trois fois plus nocif pour le climat que les carburants à base de pétrole.

Mais le climat n’est pas le seul touché : avec les arbres disparaissent des espèces rares comme l’orang-outan, l’éléphant pygmée de Bornéo ou le tigre de Sumatra. Paysans et populations autochtones, qui depuis des générations vivent dans la forêt et la préservent, sont souvent brutalement expulsés de leur terres. A ce jour, 700 conflits fonciers en rapport avec l’industrie de l’huile de palme ont été recensés en Indonésie. Et les plantations gérées de « manière durable » ou « bio » ne sont pas exemptes de violations des droits humains de la population.

Nous, consommateurs, en entendons peu parler. Pourtant, notre absorption quotidienne d’huile de palme est nocive pour notre propre santé : l’ huile de palme industrielle raffinée est riche en contaminant génotoxiques et cancérigènes comme l’a alerté l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) au cours de l’été 2016.

La solution : changer radicalement nos modes d’alimentation et de déplacement

Il ne reste plus que 70 000 orangs-outans dans les forêts d’Asie du Sud-Est. La politique européenne de soutien aux biocarburants pousse les grands singes toujours plus au bord de l’extinction : chaque nouvelle plantation de palmier à huile détruit une partie de son habitat naturel. Nous devons faire pression sur les politiques pour aider nos plus proches parents. Mais il existe des pratiques quotidiennes pouvant déjà apporter beaucoup.

Ces conseils simples vous aideront à savoir où l’huile de palme se cache et comment l’éviter :

  1. cuisiner soi-même : biscuits poire - amande - noix de coco ? Pizza pomme de terre romarin ? Transformer soi-même des aliments frais permet d’éviter tous les plats préparés contenant de l’huile de palme de l’industrie agroalimentaire. Les huiles végétales européenne telles que l’huile d’olive, de tournesol ou de colza s’adaptent à quasiment toutes les recettes.
  2. lire les étiquettes : la présence d’huile de palme doit être indiquée sur les emballages alimentaires depuis décembre 2014. Mais pas pour les cosmétiques mais et les produits ménagers où elle se cache sous la forme de termes techniques. Il est très facile de trouver des alternatives sans huile de palme sur internet.
  3. le client est roi : « Quels produits sans huile de palme proposez-vous ? Pourquoi n’utilisez pas des huiles locales ? » Poser de telles questions aux fabricants peut leur faire craindre pour la réputation de leurs produits. La pression publique et la prise de conscience accrue du problème a déjà incité plusieurs producteurs à renoncer à huile de palme.
  4. Signer des pétitions et interpeler les politiques : les pétitions en ligne permettent de faire pression sur les politiques responsables des importations d’huile de palme. Avez-vous déjà signé toutes les pétitions de Sauvons la forêt ?
  5. Se faire entendre : les manifestations et autres actions collectives permettent d’atteindre le public et les médias. Ainsi s’accroît la pression sur les décideurs politiques.
  6. Renoncer à la voiture : il est très facile de réaliser la plupart de nos trajets à pied, à vélo ou avec les transports en commun.
  7. Savoir et faire savoir : les milieux économiques et politiques veulent nous faire croire que les biocarburants sont bons pour le climat ou qu’il est possible de produire de l’huile de palme de manière durable. Sauvonslaforet.org informe sur les conséquences de la culture industrielle de l’huile de palme.

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