Huile de coco - une mauvaise alternative à l’huile de palme

Pile de noix de coco mûres et brunes sur une plantation de cocotiers L’huile de coco est extraite de l’albumen de la noix de coco (© matteso/shutterstock.com)

L’huile de coco connaît un véritable essor. En plus d’être vantée pour ses propriétés nutritionnelles et cosmétiques, cette huile exotique est également proposée comme une alternative à l’huile de palme.

La bonne nouvelle, d’abord : nous n’avons pas besoin d’huiles végétales venues des tropiques. Il pousse suffisamment de plantes oléagineuses endémiques en Europe comme l’olive, le colza et le tournesol. Acheter des aliments locaux permet non seulement d’éviter des méthodes de culture douteuses mais aussi des milliers de kilomètres de transport à travers le monde.

Comme les palmiers à huile, les cocotiers poussent dans les tropiques humides. Pour s’épanouir, ils ont besoin de températures élevées et de précipitations toute l’année. Les régions dans lesquelles règnent ces conditions sont naturellement recouvertes de forêts tropicales.

Les plus vastes surfaces cultivées de cocotiers se trouvent en Indonésie, dans les Philippines, en Inde, en Tanzanie, au Sri Lanka, au Brésil et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il s’agit donc de pays dans lesquels les forêts tropicales sont déboisées, la corruption répandue et les droits humains bafoués. Mais de petits États insulaires comme Vanuatu, les Fidji et les îles Salomon produisent également de grosses quantités de noix de coco. Dans ces pays, la noix de coco est un facteur économique important.

La culture de cocotiers exige des terres et sa production en grandes quantités requiert des surfaces de taille équivalente. Un seul cocotier fournit chaque année entre 10 et 20 kg de coprah (albumen séché de la noix de coco duquel est extraite l’huile de coco). Un seul hectare de cocotiers permet la production de 0,7 tonne d’huile de coco, tandis qu’un hectare de palmiers à huile produit 3 tonnes d’huile de palme. Mais les cocotiers fournissent de nombreux autres produits en dehors de l’huile végétale (voir ci-après).

Selon les chiffres de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les surfaces cultivées de cocotiers représentent actuellement 12 millions d’hectares (presque autant que la Grèce). La récolte s’élève à près de 55 millions de tonnes de noix de coco par an. La production de coprah se situe quant à elle autour de 5 millions de tonnes et la production d’huile de coco à 3,5 millions de tonnes par an (à titre de comparaison : 65 millions de tonnes d’huile de palme en 2016).

Jusqu’ici, la culture de la noix de coco a été dominée par les petits agriculteurs et une grande partie de la récolte était consommée localement, sans être incluse dans des statistiques commerciales. Le prix de la noix de coco et des produits à base de noix de coco dépend du marché mondial, déterminé par les groupes de la grande distribution et leurs clients. Les agriculteurs en font les frais  et ne peuvent échapper à la pauvreté avec la culture des cocotiers. Dans les plantations de cocotiers appartenant à ces sociétés, le travail est accompli par des ouvriers journaliers dans des conditions souvent inhumaines.

Ces dernières années, le développement des plantations de cocotiers a été éclipsé par le boom mondial de l’huile de palme. Un grand nombre de ces plantations remontent de plus à l’époque coloniale et sont considérées comme dépassées. Depuis 1961, la surface cultivée a plus que doublé, passant de 5,2 à 12 millions d’hectares (graphique 1). La demande en graisse de coco étant en forte croissance, ce négoce est toujours plus attractif pour les entreprises de plantations.

En soi, l’huile de coco et les cocotiers ne sont ni bons ni mauvais. Le problème réside dans l’énorme demande en huiles et graisses végétales peu coûteuses sur le marché mondial. Les vastes quantités requises par l’industrie sont produites à un coût minime sur d’énormes monocultures industrielles et dans des conditions de travail abusives.

Alors que de plus en plus d’entreprises abandonnent d’huile de palme pour l’huile de coco, les problèmes qui s’ensuivent ressemblent de très près à ceux causés par l’industrie de l’huile de palme : accaparement des terres, déboisements au profit de nouvelles plantations et destruction de la biodiversité.

Les solutions : 

Des millions de tonnes de denrées alimentaires de base peuvent et devraient être cultivées chez nous et non pas sur d’autres continents aux coûts de production plus bas. Les forêts tropicales y sont déboisées, les habitants expulsés et exploités comme travailleurs journaliers.

Utilisez des huiles végétales européennes (de préférence pressées à froid) comme l’huile de carthame, de germe de maïs, d’olive, de colza, de tournesol etc. Dans la mesure du possible, cuisinez vous-même des ingrédients connus, frais et régionaux. Évitez tous les produits industriels transformés aux ingrédients bon marché et de qualité inférieure vendus dans les supermarchés.

Produits issus de la noix de coco

Les noix de coco fournissent des fibres (utilisées entre autres pour les matelas et comme matériau d’isolation), l’écorce de coco (qui sert p. ex. de charbon pour grillade et s’utilise dans l’artisanat),  l’albumen (coprah) et l’eau de coco (pressée et embouteillée).

L’albumen séché (coprah) est pressé pour obtenir de la graisse de coco (huile de coco) dont la teneur en matières grasses est de 65 à 70%. Pour ce faire, le coprah est chauffé dans des moulins à huile puis dégraissé à haute pression. Des solvants sont utilisés dans un deuxième temps pour obtenir encore davantage d’huile.

L’huile de coco vierge peut également être obtenue par un pressage purement mécanique sans chauffage. Les résidus de pressoir ont une teneur encore élevée en sucres, protéines et minéraux et constituent un fourrage précieux.

L’huile de coco est blanche et solide à température ambiante. À cet égard, elle s’apparente à l’huile de palme avec une teneur très élevée en acides gras saturés. Elle est utilisée en cuisson, au four ou en friture.

Lorsque la jeune inflorescence femelle est détachée du fruit, un jus abondant et sucré s’écoule. Celui-ci est recueilli dans des récipients et bu frais. La plupart du temps il est toutefois fermenté pour être transformé en vin ou distillé en eau-de-vie.

Il est également possible de produire du sucre de fleur de noix de coco par réduction. Ceci requiert toutefois une grande quantité d’énergie (généralement du bois de chauffage). Les articles et les commerçants qui vantent les mérites de ce sucre pour la santé usent de stratégies publicitaires. L’action curative supposée de la consommation de sucre de coco et de palme n’a pas été démontrée.

Informations supplémentaires

Article du New York Times  Ripe for the Plucking, but Fewer Dare to Try
Article du Huffington Post Did an Abused Monkey Pick Your Coconut?
Article du World Atlas  The World Leaders In Coconut Production
Article de Biorama  Weshalb Kokosöl keine gute Alternative zu Palmöl ist

Mise à jour : avril 2017

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