Les autochtones sont les meilleurs gardes de la forêt

Une femme indigène dans la forêt tropicale 826 peuples indigènes vivent en Amérique du Sud et dans les Caraïbes, dont 305 au Brésil (© FAO/ Rosana Martín G. - CC BY-NC-SA 2.0)

14 avr. 2021

Les peuples autochtones protègent particulièrement bien les forêts tropicales où ils vivent et assument des responsabilités. La sauvegarde et le renforcement de leurs droits sont donc un élément central de la préservation des forêts, de la biodiversité et de la lutte contre la catastrophe climatique. C’est la conclusion explicite d’un nouveau rapport des Nations Unies.

Les communautés indigènes doivent bénéficier de la plus haute priorité dans la conservation des forêts, selon les auteurs de l’étude. La gestion des forêt est bien pire lorsque elle est effectuée par les gouvernements, entreprises ou particuliers. Et la déforestation progresse bien plus rapidement.

En Amazonie, par exemple, 45 % des forêts intactes sont situées dans des territoires indigènes. Environ 4,9 % des forêts y ont disparu entre 2000 et 2016. En dehors de ces zones, le chiffre bondit à 11,2 %. Si les peuples autochtones devaient traiter leurs forêts de manière aussi destructrice, l’Amazonie pourrait alors bientôt atteindre un point de basculement pour le climat local, avec pour conséquence irréversible la dégradation de la forêt tropicale en savane.

« Pour les peuples indigènes, la forêt est un espace spirituel. Elle fournit nourriture et médicaments. C’est un lieu où l’on construit des relations, non seulement entre les gens, mais également avec la rivière, l’eau et les différentes espèces », souligne Myrna Cunningham Kain, présidente du Fonds pour le développement des peuples autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes (FILAC).

Les valeurs culturelles et les savoirs traditionnels font, en particulier, partie des raisons pour lesquelles les indigènes protègent mieux la forêt tropicale. Leur mode de vie et leur économie sont plus respectueux de l’environnement, ce sont les faits qui en attestent et non une « vision naïve ou romantique », écrivent les auteurs. Les cultures, les traditions et les langues doivent donc être ravivées et promues. Les femmes et le dialogue intergénérationnel ont un rôle particulier à jouer à cet égard.

Un autre facteur clé est celui la sécurisation foncière des terres autochtones, assurée par les autorités et qui protègent les indigènes contre les invasions de bûcherons et d’agriculteurs et également contre l’accaparement de leurs terres. Mais la reconnaissance des droits fonciers tarde souvent à venir : sur les 404 millions d’hectares (Mha) de terres, comprenant 330 Mha de forêts dont 173 Mha intacts, où vivent les peuples indigènes en Amérique du Sud et dans les Caraïbes, seuls 269 Mha ont été officiellement reconnus comme des territoires autochtones par les pouvoirs publics.

Les autres facteurs pour la protection des forêts sont le financement, la gestion communautaire, le droit de codécision, l’autogestion et des organisations indigènes fortes dès le niveau local.

Le rapport de l’ONU intervient à un moment où de nombreux peuples indigènes luttent pour leur survie, notamment en raison de la pandémie de Covid et de la politique menée au Brésil par le président Jair Bolsonaro. Là-bas, la destruction des forêts dans les territoires autochtones a bondit de 150 % entre 2016 et 2018. Mais la pression sur les territoires autochtones augmente également dans d’autres pays.

Les experts ont évalué plus de 300 études des 20 dernières années pour le rapport de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) et du FILAC Forest Governance by Indigenous and Tribal Peoples.

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