Ne sacrifiez pas les forêts du Congo à l’industrie pétrolière

Bonobo assis sur la branche d’un arbre en République Démocratique du Congo Le Bonobo est une espèce endémique de la République démocratique du Congo (© shutterstock.com)

Alerte en RDC : à la fin du mois de juillet, le président Tshisekedi et son gouvernement pourraient sacrifier de vastes zones forestières pour le pétrole. Ce serait une catastrophe pour la population, la biodiversité et le climat mondial. Avec nos partenaires en Afrique, nous voulons empêcher ce projet.

Mises à jour Appel

À M. Félix Tshisekedi, Président de la République démocratique du Congo

“Arrêtez l’exploitation de nouveaux gisements pétroliers en République Démocratique du Congo.”

Afficher la lettre de pétition

La forêt tropicale du bassin du Congo est un foyer pour des millions de personnes, pour une flore et une faune exceptionnelles, dont les trois espèces de grands singes (chimpanzés, bonobos et gorilles). Elle est indispensable à la préservation de la biodiversité et à la lutte contre la crise climatique.

Le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) a pourtant débuté la vente aux enchères de 16 blocs pétroliers fin juillet 2022, dont neuf dans l’écosystème ultrasensible de la Cuvette centrale. Trois de ces blocs sont situés dans une zone de tourbières qui constitue une véritable bombe à carbone.

Les tourbières de la Cuvette centrale sont le plus grand complexe de tourbières tropicales. Elles stockent environ 30 gigatonnes de CO₂, soit l’équivalent d’un an d’émissions mondiales de carbone. En raison de son inaccessibilité, on sait encore peu de choses sur la riche biodiversité de ses écosystèmes irremplaçables. 

Plus de la moitié des tourbières sont situées en RDC, qui abrite 60% de la deuxième plus grande forêt tropicale du monde, ce qui en fait un acteur clé dans la lutte contre le changement climatique.

La science est claire : les gouvernements doivent réduire de moitié les émissions de CO₂ d’ici la fin de la décennie et arrêter maintenant le développement de tout nouveau projet de combustible fossile (pétrole, charbon et gaz). 

Lors de la COP26 à Glasgow, le président Tshisekedi a présenté la RDC comme un pays "solutions" dans la lutte contre la crise climatique, grâce notamment à ses forêts luxuriantes, son potentiel en énergies renouvelables et ses matières premières. Le projet du gouvernement congolais sape les efforts mondiaux de lutte contre la crise climatique et menace l’objectif de l’Accord de Paris de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C. Les plans menacent également les moyens de subsistance d’une multitude de communautés locales, pour la plupart indigènes.

Au sein d’une coalition d’organisations d’Afrique et du monde entier, nous voulons empêcher ces nouveaux projets pétroliers. Merci de signer notre pétition commune.

Lettre

À M. Félix Tshisekedi, Président de la République démocratique du Congo

Monsieur le Président,

nous vous demandons d’annuler la vente aux enchères de 16 blocs pétroliers que vous programmez. Il s’agit d’empêcher une catastrophe climatique et de protéger les droits des populations vulnérables qui vivent dans les zones ciblées pour l’exploration pétrolière.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre profond respect.

Climat et forêt tropicale en 5 minutes

Situation actuelle : climat et forêt tropicale sont liés

 

Les forêts tropicales sont des écosystèmes complexes où la faune et la flore sont étroitement liées. Elles jouent un rôle exceptionnel pour le climat local et mondial. Les plantes absorbent le dioxyde de carbone (CO2) de l’air. Avec ce CO2,  de l’eau et de la lumière du soleil, elles peuvent synthétiser de la matière organique. Le carbone est retenu dans les tiges, les feuilles et les racines et l’oxygène est libéré dans l’atmosphère. L’ensemble du processus est appelé photosynthèse.

Selon des estimations, les forêts tropicales stockent 250 milliards de tonnes de CO2, en particulier les tourbières. Cela représente environ 90 fois les émissions annuelles de gaz à effet de serre d’origine humaine. 40 % de l’oxygène présent dans l’atmosphère provient des forêts tropicales. Si l’image de la forêt tropicale comme "poumon de la planète" n’est pas tout à fait exacte, elle offre une bonne métaphore.

Les forêts tropicales produisent elles-mêmes une grande partie des précipitations, tout au long de l’année. Un aspect important de ce phénomène est l’évapotranspiration, c’est-à-dire l’humidité que les plantes libèrent par leurs feuilles. Bien qu’il fasse chaud et humide dans les forêts, les nuages renvoient une grande partie de la lumière solaire dans l’espace et refroidissent ainsi l’atmosphère. Sans cet effet, il ferait encore plus chaud sous les tropiques.

En tant que réservoirs de carbone et faiseuses de pluie, les forêts tropicales intactes jouent un rôle clé dans la lutte contre le dérèglement climatique.

Les conséquences :  catastrophe climatique et déforestation s’exacerbent mutuellement

 

Les forêts tropicales sont de moins en moins aptes à remplir leur tâche de régulation du climat. Au contraire, la déforestation, due par exemple à l’établissement de plantations, de pâturages ou de projets miniers, provoque l’émission de grandes quantités de gaz à effet de serre. La destruction des tourbières a un effet particulièrement dévastateur. En 1997, les feux de forêt en Indonésie ont représenté un tiers des émissions mondiales totales.

Selon une étude publiée dans la revue scientifique Nature, les forêts tropicales pourraient émettre davantage de carbone qu’elles n’en capturent à partir de 2035, simplement en raison des effets néfastes du dérèglement climatique, qui ralentissent la croissance des arbres.

L’écosystème de la forêt tropicale étant imbriqué de multiples façons, l’ensemble du réseau peut souffrir s’il est endommagé en un seul point. C’est le cas du cycle de l’eau, déjà perturbé par l’augmentation des températures et des sécheresses, qui pourrait s’effondrer. Avec le changement du climat local, les vertes et luxuriantes forêts tropicales risquent de se transformer en savanes.

La menace portée par les 18 points de bascule du système climatique est particulièrement grande. Ces points de non-retour entraîneraient des réactions en chaine, comme la disparition de la forêt la forêt tropicale sous sa forme actuelle si le dérèglement climatique atteint un certain niveau en Amazonie.

Une chose est certaine : l’homme est responsable de la catastrophe climatique. 98% des climatologues et des scientifiques s’accordent sur l’origine humaine du dérèglement climatique. Le climat étant un système extrêmement complexe, les chercheurs découvrent constamment de nouvelles connexions, interprètent les données différemment, révisent les prévisions. C’est tout à fait normal en science. Cependant, les conclusions des climatologues sont de plus en plus alarmantes.

La solution : préserver la forêt tropicale pour protéger le climat

 

Si l’on souhaite protéger le climat, il faut agir à la préservation des forêts tropicales. Ces dernières sont indispensables en tant que puits de carbone et leur destruction aggraverait la catastrophe climatique. Protéger le climat, c’est protéger la forêt tropicale. Et vice versa.

Pour agir à la protection du climat, nous devons :

  • conserver les forêts tropicales et réparer les dégâts. Bien plus que des puits de carbone, elles sont des écosystèmes diversifiés et des habitats pour des millions de personnes.
  • préserver la biodiversité. Catastrophe climatique et extinction des espèces sont deux crises existentielles à aborder d’un même front.
  • renforcer les droits des peuples autochtones vivant dans les zones forestières sous les tropiques. Les indigènes sont souvent les meilleurs gardiens de la forêt tropicale.
  • changer fondamentalement notre manière de vivre et de faire des affaires ; réduire notre consommation d’énergie, de nourriture et de matières premières au lieu de simplement l’entretenir au niveau actuel avec des "produits verts" ; sortir du charbon, du pétrole et du gaz naturel.
  • réformer les mauvaises politiques climatiques, c’est-à-dire mettre fin à l’utilisation malavisée des biocarburants, notamment ceux à base d’huile de palme, de soja ou de canne à sucre, et cesser de brûler des arbres dans les centrales électriques.
  • mettre fin aux "commerce d’indulgences" que sont les programmes de compensation. Ces systèmes permettent aux entreprises de payer pour des mesures de protection de l’environnement en échange de l’autorisation de continuer à émettre des gaz à effet de serre, en d’autres termes d’acheter le droit de polluer. 
  • rejeter les technologies de transition prétendument plus respectueuses du climat, comme le remplacement du charbon par le gaz naturel.

La pandémie de Covid a montré que nous pouvons mettre en œuvre un changement rapide et profond face à une crise existentielle. Il est temps d’abandonner les "plans de relance économique" et autres vieilles recettes. Nous pouvons et devons transformer l’économie et la société d’une manière écologiquement durable.

Mises à jour

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Babyboom chez les bonobos

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La bonne nouvelle est arrivée par radio depuis le cœur de la forêt tropicale du Congo. Quatre femelles ont déjà eu des petits cette année à proximité de la station de recherche LuiKotale, et trois autres sont enceintes. Les primatologues de l’organisation Bonobo Alive font des hypothèses surprenantes pour expliquer ce babyboom.

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Mise à jour · 21 nov. 2022

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106 650 signatures remises en RDC · 2 août 2022

Non au pétrole issu de la forêt tropicale !

Des défenseurs de l’environnement ont remis notre pétition le 25 juillet 2022 à Kinshasa. La crise est encore pire que prévue : quelques jours plus tôt, le gouvernement congolais avait annoncé son intention de mettre aux enchères non pas 16, mais 30 blocs pétroliers et gaziers dans la deuxième plus grande forêt tropicale de la planète.

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Footnotes

16 blocs pétroliersLe gouvernement de Kinshasa a publié des informations détaillées sur les gisements de pétrole et de gaz concernés. Les entreprises peuvent postuler jusqu’au 1er février 2023 (jusqu’au 10 octobre 2022 pour les champs gaziers du lac Kivu). L’attribution des concessions aura lieu le 30 juin 2023.

Source :
https://www.drcbidround2022.com/schedule
https://www.drcbidround2022.com/basins#h.7ezmynqe0mbf


neuf dans l’écosystème ultrasensiblePeu avant le début de la vente aux enchères, le gouvernement congolais a augmenté le nombre de blocs proposés : 27 champs pétroliers et 3 champs gaziers sont désormais proposés, au lieu des 16 initialement prévus.


plus grand complexe de tourbières tropicales

Les tourbières de la Cuvette Centrale ont une superficie de 145 500 km², soit plus grande que celle de l’Angleterre.


deuxième plus grande forêt tropicale du monde

La forêt tropicale du bassin du Congo est la deuxième plus grande forêt tropicale continue de la planète après l’Amazonie. La RDC en abrite 60%, le reste étant réparti entre le Congo-Brazzaville, la Centrafrique, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Cameroun.


présenté

La contradiction est particulièrement flagrante. D’un côté, la RDC se présente comme un pays "solution" et accueille les travaux préparatoires de la COP 27 (qui aura lieu en Égypte). De l’autre, le pays africain pousse pour exploiter de nouveaux gisements pétroliers dans les tourbières. 


limiter

La responsabilité pour cette catastrophe annoncée n’est pas portée uniquement par le gouvernement de la RDC : elle est partagée avec les compagnies pétrolières impliquées, les banques, les assurances et les consommateurs de pétrole. Au-delà de l’extraction du pétrole en elle-même, les routes, les ponts et autres habitations de travailleurs qu’elle nécessite entraîneraient également la destruction de la forêt tropicale.


pétition commune

Elle est initiée par différentes organisations congolaises, africaines et internationales telles que Greenpeace Africa, 350.org-Gruppen ou Rainforest Foundation UK, mais également  Sauvons la forêt et ses partenaires Réseau CREF à Goma et RIAO-RDC à Kinshasa.


Cette pétition est également disponible en :

115 795 signatures

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